Entre idéal de paix et raison d'État : élaborations scolastiques de la notion de guerre juste (XII e -XV e siècles)
Résumé
Dans la Toscane des années 1220, loin des universités et des docteurs d'âge mûr, quatre jeunes gens confrontent leurs opinions sur la guerre. Contenu dans l'Oculus pastoralis 2 , célèbre recueil d'éloquence politique communément considéré comme l'une des pièces maîtresses de la letteratura podestarile, ce débat de pure apparence met au point, en quatre temps, un discours étoffé de justification de la guerre, qui noue en outre des liens imprévus entre la guerre et la science. Le premier orateur exprime un désir de guerre qu'il justifie par le souci de donner aux jeunes gens l'occupation virile jugée la plus digne d'éloges, qui établit les réputations et donne accès aux charges publiques. Le second, qui ne recherche pas la guerre, admet toutefois que le désir de guerre de son camarade soit étayé de « justes raisons », « car nul ne doit juger qu'il est interdit de façon générale de servir par les armes à la guerre, surtout quand la nécessité l'exige » ; une délibération préalable s'impose toutefois, car si la nécessité excuse, qui ne connaît pas de loi, la volonté, associée au désir de nuire, à la cruauté, à la libido dominandi et à la soif de conquête, est jugée coupable et susceptible d'occasionner des punitions sévères, « car Dieu abomine les violences injustes ». Le jeune homme déclare finalement la science préférable aux armes et fait coïncider la paix et l'utilité commune que visait, dit-il, tout son discours. La supériorité de la science devient le motif central du troisième discours : les jeunes gens sont renvoyés à leurs plaisirs habituels ; c'est aux officiers communaux qu'il
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