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Communication dans un congrès Année : 2013

Criados, parientes, amigos y allegados : le vice-roi de la Nouvelle-Espagne et ses proches au XVII e siècle

Pierre Ragon

Résumé

Depuis les années soixante du XX e siècle au moins, la question de l'amitié au sein des élites des sociétés modernes a attiré l'attention des historiens, notamment celle des spécialistes des XVI e et XVII e siècles. Les historiographies française, italienne et plus encore peut-être anglo-saxonne sont aujourd'hui riches, en la matière de contributions majeures. Roland Mousnier, en France, est sans doute l'un des premiers qui se soit intéressé à ce type de relation. Il l'a abordé à travers le prisme de la « fidélité » qui caractérise les relations entre patrons et clients, une notion qu'il concevait comme un trait culturel majeur des sociétés d'Ancien Régime et la clé de l'intelligence des relations sociales jusqu'au coeur du XIX e siècle au moins 1. C'est pour explorer ce champ, alors nouveau, qu'il lança, en 1975, une vaste « enquête internationale sur les fidélités 2. » I. – Les lectures de l'amitié Linterprétation que Roland Mousnier et ses élèves donnèrent de la fidélité reposait sur une lecture littérale et par trop simpliste des relations d'amitié. Si la correspondance qu'échangeaient les membres de l'aristocratie s'ouvrait largement au vocabulaire de l'amitié voire à celui de la relation amoureuse, les forts sentiments qui s'y exprimaient ne pouvaient être compris en-dehors des relations sociales qu'ils engageaient et dont ils étaient tributaires. On a depuis appris à distinguer deux sortes d'amitiés : une amitié sociale qui structure les relations interpersonnelles au sein de l'élite et une amitié privée dont l'émergence relève de l'histoire de la personne. Initialement, la première, surtout, a retenu l'attention des historiens et c'est sur elle aussi que nous nous arrêterons ici. La seconde a ouvert d'autres pistes et permis de montrer comment, depuis le XVI e siècle et l'affirmation de la République des lettres au moins, une notion distincte d' « amitié » se constitue progressivement à partir du for privé 3. Cette première précision a permis de relativiser le lien trop étroit qu'on établissait entre fidélité et amitié. Si de fortes connexions existent entre les deux notions, il est des amitiés, sous la forme de complicités intellectuelles, morales, religieuses ou partisanes, en dehors des relations de clientèle. En sens inverse, l'amitié qui découle des échanges entre obligés engagés dans des relations de clientèle, si elle mobilise toujours le langage de l'effusion, montre aussi parfois ses limites quand elle bute sur le conflit d'intérêt, l'abandon voire la trahison. Il appartint à Sharon Kettering de faire en la matière la proposition la plus forte, depuis lors toujours restée au centre du débat sur l'analyse des relations interpersonnelles au sein des élites modernes. Travaillant sur la noblesse du Sud-Est au XVII e siècle, cette auteure a mis en évidence l'existence de liens d'interdépendance très puissants alimentés par tout un système de dons et d'échanges de service entre ses membres qui aboutissent à l'émergence de systèmes de solidarité pyramidaux dont le roi occupe toujours le sommet.

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Citer

Pierre Ragon. Criados, parientes, amigos y allegados : le vice-roi de la Nouvelle-Espagne et ses proches au XVII e siècle. Amitiés. Le cas des mondes américains, Diego Jarak, Oct 2012, La Rochelle, France. pp.13-34. ⟨halshs-01384450⟩
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Dernière date de mise à jour le 31/03/2024
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