Le geste et la parole : mime et pantomime dans l'Empire romain
Résumé
L'article tente de déterminer, à partir de textes et d'inscriptions, des critères pertinents permettant de différencier les deux grands « genres » dramatiques d'époque impériale, mime et pantomime : on s'appuiera sur les caractéristiques gestuelles et non plus textuelles de ces spectacles où le mode de représentation se chargeait des valeurs autrefois (c'est-à-dire dans les genres classiques) portées par le texte. On s'attardera tout particulièrement, pour la pantomime, sur un texte de Plutarque (Propos de table 9, 15) qui se présente comme un exercice de transposition des notions de mimesis et de deixis du domaine littéraire au domaine de la gestuelle dansée (transposition sans doute d'une opposition aristotélicienne entre logos et lexis). A l'issue de ces recherches, il apparaît que la distinction commode et fréquemment appliquée par les textes au mime et à la pantomime, respectivement présentés comme des prolongements abâtardis de la comédie et de la tragédie, se révèle beaucoup moins pertinente que la distinction entre, d'une part, le réalisme gestuel du mime qui offre une copie confondante et surabondante du réel, et , d'autre part, la rhétorique gestuelle de la pantomime, langue codée, minimaliste et efficace, fondée sur l'illusion et suscitant l'imaginaire du spectateur. On retrouve, dans l'antiquité, un parallèle à ces distinctions dans la réflexion théorique sur les arts figurés, peinture et sculpture en particulier.
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