Le temps de la grande piraterie japonaise : transformation des circulations maritimes en mer de Chine orientale, 1350-1419 - HAL Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2021

The age of Japanese piracy : transformation of maritime circulations in the East China sea, 1350-1419

Le temps de la grande piraterie japonaise : transformation des circulations maritimes en mer de Chine orientale, 1350-1419

Résumé

The year 1350 witnessed the sudden irruption of a piracy emanating from the Japanese archipelago into the East China Sea. These pirate fleets, often numbering up to several hundreds of ships and thousands of men, plundered the Korean and Chinese shores year after year and deeply affected the general pattern of maritime circulations in East Asia. While the East Asian maritime space had up until that point been largely dominated by the activity of Chinese sailors, to the point that the era stretching from the 9th to the mid-14th century has sometimes been christened the “age of Chinese merchants”, these Chinese sailors were soon overshadowed by their Japanese counterparts, among which pirates featured prominently as they became the primary actors of maritime circulations in the East China Sea during the second half of the 14th and early 15th centuries. This study aims at understanding how the period between 1350 and 1419, which we have termed the “age of Japanese piracy”, differed from the previous one from the point of view of maritime circulations — be it human, material or knowledge circulations — and the extent to which piracy played a key role in these changes. To do so, we shall deal with a wide range of issues such as the evolution of merchant networks and their entanglement with the economic circuits supplied by piracy, the types of ships and the sea routes employed by the pirate fleets during their campaigns, as well as the complex relations between the pirates and political powers, both in Japan and on the continent. We argue that two types of piracy actually coexisted during this period : the first one was an opportunistic piracy operating for the most part on a small scale and rarely further than the Korea strait ; the second was a specialized one gathering large groups of up to several thousand individuals and which activity extended over the entirety of the East China Sea, and sometimes even further. The period stretching from 1350 to 1419 is in fact characterized by the emergence of the latter type, while the former existed throughout most of the Middle Ages. Furthermore, we demonstrate that the number of these large fleets changed over time, from just one in the years 1350 to 1368 up to two or three during the years 1369 to 1419. Our study also sheds light on the fact that the ships employed by these large fleets underwent a significant evolution between the mid-14th and the early 15th centuries. Indeed, we suggest that these fleets first employed “hollowed-out-log-and-strakes” type ships, small crafts typical of Japanese shipbuilding up to the 14th century, but started incorporating Chinese junks in their midst after 1369. Then, by the end of the 14th century, they started employing a new type of large ship, probably developed to meet the needs of piracy and incorporating elements of continental shipbuilding techniques, most notably Korean ones. Lastly, this study analyzes the economic circuits sustained by piracy, and the manner in which cargo plundered on the continent — cereals and slaves for a large part, but also ceramics, statues, gongs, bells, sutras, paintings and so on — were sold first within Japan, and then also in Korean ports in the early 15th century. We thus show that piracy in the years 1350 to 1419 often surpassed matters of mere subsistence and was actually a factor of prosperity for the populations which partook in it.
L’année 1350 fut marquée par l’irruption soudaine en mer de Chine orientale de groupes pirates émanant de l’archipel japonais, dont les flottes bouleversèrent profondément le fonctionnement général des circulations maritimes en Asie orientale. Alors que l’espace maritime est-asiatique était jusqu’alors dominé par l’activité des marins chinois, au point que la période s’étendant du IXe au milieu du XIVe siècle a parfois été baptisée le « temps des marchands chinois », ces derniers furent bientôt supplantés par les marins japonais, et en particulier les pirates, qui devinrent dans la seconde moitié du XIVe siècle et début du XVe siècle les principaux acteurs des circulations matérielles en mer de Chine orientale. La présente étude vise à comprendre en quoi la période 1350-1419, que nous avons baptisée le « temps de la grande piraterie japonaise », se démarque de la précédente du point de vue du fonctionnement général des circulations en mer de Chine orientale — qu’il s’agisse tant des circulations humaines, matérielles ou encore des informations et des techniques — et dans quelle mesure la piraterie fut partie prenante de ces changements. Pour ce faire, elle traite de questionnements aussi variés que l’évolution des réseaux marchands et de leur articulation avec les circuits de revente du butin des pirates, les types de navires et les routes que les pirates employaient au cours de leurs campagnes de razzia, ainsi que les rapports entre les pouvoirs politiques et les pirates, tant au Japon que sur le continent. Nous arguons ainsi qu’il existait en réalité deux types de piraterie, et ce dès le milieu du XIVe siècle : la première était une piraterie de circonstance, d’ampleur réduite et n’opérant guère plus loin que dans le détroit de Corée ; la seconde était une piraterie spécialisée regroupant des effectifs qui se comptaient généralement en milliers d’hommes, et dont le rayon d’action s’étendait à l’ensemble des rivages de la mer de Chine orientale, et parfois même plus loin encore. C’est d’ailleurs l’émergence de cette seconde piraterie qui caractérise la période 1350-1419, la première existant de façon quasi continue durant la majeure partie du Moyen âge. Nous montrons également que le nombre de ces grandes flottes évolua avec le temps : d’une seule pour la majeure partie de la période 1350-1368, leur nombre s’éleva à deux et même parfois trois durant les années 1369-1419. Nos travaux mettent par ailleurs en évidence le fait que les navires employés par les pirates connurent eux aussi une évolution sensible entre le milieu du XIVe et le début du XVe siècle. D’abord principalement composées de « pirogues à bordés », des petits navires typiques de la construction navale japonaise du haut Moyen âge, les flottes en vinrent à partir des années 1370 à incorporer dans leurs rangs des jonques chinoises. Puis, à partir de la fin du XIVe siècle, elles employèrent un nouveau type de grand navire, vraisemblablement développé au Japon pour répondre aux besoins de l’activité pirate en mer de Chine orientale et fortement influencé par les techniques de construction navale du continent, coréennes en particulier. Enfin, cette étude s’attache à analyser les circuits économiques alimentés par la piraterie, et la manière dont les cargaisons rapportées du continent — céréales et esclaves tout d’abord, mais aussi céramiques, statues, gongs, cloches, soutras ou encore peintures — furent écoulées d’abord à l’intérieur du Japon, puis à partir du début du XVe siècle dans les ports coréens également. Nous montrons ce faisant que l’activité pirate des années 1350-1419 dépassait bien souvent le stade de la simple subsistance et fut en réalité un facteur de prospérité pour les populations qui s’y adonnaient
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Citer

Damien Peladan. Le temps de la grande piraterie japonaise : transformation des circulations maritimes en mer de Chine orientale, 1350-1419. Linguistique. Université Paris Cité, 2021. Français. ⟨NNT : 2021UNIP7098⟩. ⟨tel-03689756⟩
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Dernière date de mise à jour le 28/04/2024
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