Kiboutz et villes de développement en Israël. Les utopies sionistes, des idéaux piégés par une histoire tourmentée
Résumé
Cet article retrace d'abord le parcours de l'utopie kibboutzique à travers ses 100 ans d'histoire avant d'examiner ensuite une autre utopie issue du sionisme, la "ville de développement". Simultanément mouvement révolutionnaire et réseau de communautés rurales, alternative urbanistique se distinguant à la fois de la ville et du village et avant-garde de la construction nationale sioniste, le kibboutz est apparu plus tard comme une composante des élites nanties de la société israélienne. Il s'est situé alors aux antipodes des couches sociales défavorisées des "villes de développement" alors qu'il les avoisine géographiquement. L'utopie kibboutzique, prise en étau entre idéologie sociale et nationale, entre égalitarisme et productivisme, s'est heurtée aux contingences politiques et aux évolutions contradictoires de la société israélienne. Plongé dans une crise sans précédent au cours des années 1990, le kibboutz est depuis en plein processus de mutations protéiformes. Contrairement au kibboutz né de la volonté des pionniers, la "ville de développpement" est le produit d'une planification étatique coercitive vouée à un échec social quasi inéluctable. Fondées à partir des années 1950, ces villes, sans horizon économique et social véritable, ont fonctionné comme un espace de "stockage" d'immigrants, en majorité d'origine orientale. L'évolution d'Israël depuis creuse encore davantage l'écart entre centre et périphérie au détriment de ces localités.
Origine :
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