Quel sujet de la colère ?
Résumé
Cette communication tente de poser quelques jalons théoriques visant à préciser le statut politique de la colère et questionner son traitement par le pouvoir managérial. Ma réflexion prend forme autour de l'interrogation suivante : En quoi et à quelle condition la colère peut-elle être politique ? Ce faisant, en creux, une autre question affleure tout au long de la démonstration : quel sujet pour quelle société ? J'identifie la colère comme étant en premier lieu relative à la difficulté d'être sujet. Le devenir du sujet se joue dans un assujettissement ambivalent au pouvoir normatif qui met en tension le viable socialement et le vivable pour soi. Cela fonde simultanément la possibilité et la difficulté d'être reconnaissable comme tel. Le sujet éprouverait ainsi une colère latente inhérente à cette tension entre le viable et le vivable. La problématique politique de la colère vient se loger dans cette tension, au travers l'action qu'elle suscite et la coexistence possible du désir d'altérité et du désir de norme qui en résulte. La colère acquière un statut politique lorsqu'elle contribue à l'édification d'un monde commun qui conjugue démocratie et émancipation, en soutenant une conflictualité susceptible de transformer les formes de socialité admises dans une société donnée. La socialité prend forme à partir d'institutions telles les organisations productives qui agissent comme instances de socialisation en déployant un pouvoir managérial composé de dispositifs de gestion qui concernent également les émotions. Il apparaît que ce pouvoir aux traits hégémoniques affirmés, fait problème politique à travers une normativité ciblant la colère d'une manière qui cherche à effacer le sujet chez l'individu dans un but productif supposé servir les objectifs de l'organisation.
Domaines
Sociologie
Origine :
Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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