La qualification de l'ennemi chez Emer de Vattel
Résumé
La question de la qualification de l'ennemi est au cœur du droit moderne de la guerre. Sans doute, depuis l'Antiquité, a-t-on distingué l'ennemi privé (inimicus) de l'ennemi public (hostis), et ce dernier du brigand et du criminel. Ces distinctions sont reprises au XVIIe siècle par les théoriciens du droit des gens. Il s'agit alors de savoir, non seulement qui est son ennemi, mais à quel type d'ennemi on a affaire. C'est la nature de l'antagonisme, au regard des rapports préexistants, qui est en question1. Mais c'est assez tardivement que l'on a cherché à délimiter, en quelque sorte de l'intérieur, le concept d'ennemi à partir de l'analyse des conditions matérielles et formelles de l'état de belligérant. Le problème, dès lors, n'est plus tant de déterminer quel type de guerre on met en œuvre que de préciser contre qui on se bat. Faire la guerre, est-ce combattre une armée adverse, un peuple en armes, une population tout entière ? A-t-on les mêmes droits vis-à-vis des uns et des autres, et jusqu'où s'exercent-ils ? À quelles conditions s'appliquent ces limitations éventuelles ? Ces questions traduisent l'importance croissante prise par le ius in bello, le droit « dans » la guerre, à partir des XVIIe-XVIIIe siècles, par rapport au traditionnel ius ad bellum, le droit de faire la guerre. Alors que ce dernier mettait l'accent sur les causes de guerre, le premier s'emploie à spécifier la manière dont la guerre doit être conduite, selon un certain nombre de règles générales et en fonction du statut de ceux, combattants ou non combattants, qui se trouvent exposés à sa violence. (...)
http://asterion.revues.org/document82.html
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