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Article dans une revue Perspective - la revue de l'INHA : actualités de la recherche en histoire de l'art Année : 2019

Art history and potlatch: cross-cutting comparaisonsbetween France and Canada

Histoire de l'art et potlatch : regards croisés entre la France et le Canada

Sonny Assu
  • Fonction : Auteur
Rémi Labrusse
Charlotte Townsend-Gault
  • Fonction : Auteur

Résumé

The present debate aims to question the relationship between art history and the potlatch in a new light. It is indeed agreed, in the field of art history, to see in this ceremonial institution used by the First Nations of the northwest coast of America above all an activity of sumptuary exchange and ostentatious destruction of wealth. It is Georges Bataille, in his 1933 text "La notion de dépense" (The notion of expenditure), taken up and developed in 1949 in La part maudite (The accursed part),1 who develops this spectacular conception of the potlatch. He also insists on the eminently critical dimension of the potlatch for the utilitarian ideology of industrial societies, which are affected by phenomena of sumptuary losses, but which refuse to confront this "cursed part" of themselves. This Bataillian conception of the potlatch has been abundantly taken up by artists and theorists of modern and contemporary art, among whom Miró, Yves Klein, Guy Debord or Thomas Hirschhorn. While revisiting this fascination of the Western art world with the potlatch, this discussion also aims to take into consideration an element that is too often forgotten in this history: the point of view of the indigenous people. It is important to remember that while European anthropologists, art historians and artists were making much of the potlatch as a key principle of modern creation, it was strictly forbidden in Canada - any violation being punished by the confiscation of ceremonial objects and the imprisonment of the organizers. It is this denial and dispossession of First Nations cultures by the colonial power that we also wanted to recall. It also seemed necessary to us, in order to conduct such a debate, to place ourselves at the crossroads of art history and anthropology, but also to call upon French and Canadian specialists in the relationship between art and potlatch. We have also deemed it essential to invite Sonny Assu, a contemporary Ligwilda'xw (Kwakwaka-'wakw) artist who evokes in his practice the colonial repression that banned the potlatch for 67 years (1884-1951), but who also endeavors to underline its persistence among the First Nations of the Northwest Coast of America.
Le présent débat vise à interroger les relations entre l'histoire de l'art et le potlatch sous un nouveau jour. Il est en effet convenu, dans le champ de l'histoire de l'art, de voir dans cette institution cérémonielle en usage chez les Premières Nations de la côte nord-ouest de l'Amérique avant tout une activité d'échanges somptuaires et de destruction ostentatoire de la richesse. C'est Georges Bataille, dans son texte de 1933 « La notion de dépense », repris et développé dans en 1949 dans La part maudite 1 , qui s'emploie à développer cette conception spectaculaire du potlatch. Il insiste également sur la dimension éminemment critique du potlatch pour l'idéologie utilitariste des sociétés industrielles, qui sont travaillées par des phénomènes de pertes somptuaires, mais qui refusent de se confronter à cette « part maudite » d'elles-mêmes. Cette conception bataillienne du potlatch a été abondamment reprise par les artistes et les théoriciens de l'art moderne et contemporain, parmi lesquels Miró, Yves Klein, Guy Debord ou Thomas Hirschhorn. Tout en revenant sur cette fascination du monde de l'art occidental pour le potlatch, le présent débat vise aussi à prendre en considération un élément trop souvent oublié de cette histoire : le point de vue des Autochtones. Il est en effet important de rappeler qu'au moment où les anthropologues, les historiens de l'art et les artistes européens faisaient grand cas du potlatch et y voyaient un principe clef de la création moderne, celui-ci faisait l'objet au Canada d'une stricte interdiction − toute infraction étant punie par la confiscation des objets cérémoniels et l'emprisonnement des organisateurs. C'est ce déni et cette dépossession des cultures des Premières Nations par le pouvoir colonial que nous avons voulu aussi rappeler. Aussi nous a-t -il semblé nécessaire, pour mener un tel débat, de se situer au croisement de l'histoire de l'art et de l'anthropologie, mais également de faire appel à des spécialistes français et canadiens des relations entre art et potlatch. Nous avons par ailleurs jugé essentiel d'inviter Sonny Assu, artiste contemporain Ligwilda'xw (Kwakwaka-'wakw) qui évoque dans sa pratique la répression coloniale qui frappa d'interdit le potlatch pendant 67 ans (1884-1951), mais qui s'emploie également à souligner sa persistance chez les Premières Nations de la côte nord-ouest de l'Amérique.
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Dates et versions

halshs-03484019, version 1 (16-12-2021)

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Citer

Sonny Assu, Rémi Labrusse, Marie Mauzé, Charlotte Townsend-Gault. Histoire de l'art et potlatch : regards croisés entre la France et le Canada. Perspective - la revue de l'INHA : actualités de la recherche en histoire de l'art, 2019, 2, pp.37-56. ⟨10.4000/perspective.11061⟩. ⟨halshs-03484019⟩
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Dernière date de mise à jour le 21/04/2024
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