La fabrique de l’anthropologie. Terreaux, terrains, théories, écritures - HAL Accéder directement au contenu
Article dans une revue Annuaire de l’EHESS : Comptes rendus des cours et conférences Année : 2011

La fabrique de l’anthropologie. Terreaux, terrains, théories, écritures

Résumé

Nous avons procédé à la réouverture de dossiers constitutifs de l’anthropologie (parenté, structures sociales et politiques, expressions religieuses, etc.) en questionnant ses thèmes favoris, ses modes de raisonnement et d’écriture. Une attention particulière a été portée à la relation entre ce que les gens savent et ce que l’anthropologue prétend savoir d’eux. Cette tension entre l’émic et l’étic, entre réflexivités indigènes et savantes mérite d’être examinée avec soin tant ses implications théoriques et aussi politiques sont importantes. How do you think they think, questionne à juste titre Maurice Bloch. Relisant les textes anthropologiques à la lumière de cette interrogation, nous avons été amenés à jeter un regard critique sur les modélisations relatives à la prohibition de l’inceste, à l’invocation du « segmentale » au système des castes, aux théories du don, etc, qui toutes recadrent les pratiques à la lumière d’une structuration sous-jacente qui les commanderait et les expliquerait. En creusant l’opposition entre structure et interaction, entre répétition et événement, entre prégnance de normes inconscientes et agency, les savoirs établis par l’anthropologie nous ont semblé souvent à la fois fragiles et redondants. Ainsi, la rupture entre le vécu et le réel, au principe de l’anthropologie structurale et modélisatrice peut-elle apparaître comme une carence de réflexion sur les rapports entre pratiques sociales et historicité. La mise en lumière de cette aporie nous a conduit à mettre en miroir les œuvres de Louis Dumont et de Pierre Bourdieu, de Claude Lévi-Strauss et de Jean Bazin, de Bakhtine et Propp. Mais les propositions qui visent à surmonter ce problème, celles de James Clifford, de Georges Marcus et de Clifford Geertz prêtent aussi le flanc à la critique dans la mesure où elles nous renvoient à l’anthropologie en tant que variante de la littérature. Quoi qu’il en soit, le retour au terrain s’impose et avec lui une ressaisie de cette pratique d’enquête, de ses avantages et aussi de ses limites, ce que nous avons tenté constamment de faire en passant les textes anthropologiques au filtre de nos propres expériences ethnographiques.
Une part importante du séminaire a été ainsi consacrée à la présentation du matériel de terrain recueilli respectivement auprès des Touaregs (Casajus) et des Kanaks (Bensa). Nous nous sommes concentrés sur les expressions orales formalisées, leur genèse, leur transcription et leur interprétation à la lumière du passé colonial de ces sociétés et de leurs rapports à l’écriture.
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Dates et versions

halshs-02616346, version 1 (24-05-2020)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-02616346 , version 1

Citer

Dominique Casajus, Alban Bensa. La fabrique de l’anthropologie. Terreaux, terrains, théories, écritures. Annuaire de l’EHESS : Comptes rendus des cours et conférences, 2011, Annuaire de l'EHESS. ⟨halshs-02616346⟩
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Dernière date de mise à jour le 21/04/2024
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