« Les deux corps de Jules Romains. Écrire la guerre quand on ne l'a pas faite »
Résumé
“Les deux corps de Jules Romains: écrire la guerre quand on ne l’a pas faite” [Jules Romains’ Two Bodies: Writing about War Without Having Been at War”], Carnets [Notebooks], No. 5: “Imaginaires de guerre et autres conflits” [“Images of War and Other Conflicts”], 2015
Jules Romains did not go to the front, but he made an unremitting effort to fight against war. He wrote numerous essays and a long poem entitled Europe, where he enjoins European peoples to say no to the war. He also recounted the Battle of Verdun in Men of Good Will. He evokes the life behind the lines, but also in the trenches, and he succeeds in bearing witness to the war experience. He consulted public and private archives, and his literary empathy permits him to live intensely the life of an enlisted man as well as the life of a general. However, he does not want to glorify a war he did not make. That is why he splits himself into two characters. He has two fictional brothers: the first one stays in Paris, the second one goes to Verdun. This dissociation between the ordinary individual and the poet who is able to crystallize the universal psyche allows Romains to write both the hymn to the soldiers’ courage and the elegy which deplores the war’s atrocity.
Jules Romains n’a pas été au front, mais il n’a cessé d’agir et d’écrire contre la guerre. Outre ses nombreux essais en faveur de la paix et son long poème Europe, qui met les foules en demeure de refuser la guerre, il a raconté Verdun dans Les Hommes de bonne volonté. Il peint l’arrière, mais surtout les tranchées, et donne ainsi un véritable témoignage. C’est qu’il a consulté les archives publiques et intimes, et que son empathie de romancier lui permet de vivre avec intensité la vie des soldats ordinaires comme celle des généraux. Il ne veut pas cependant être de ces héros de l’arrière qui glorifient une guerre dont ils n’ont pas souffert. Il se dédouble donc : il a deux frères fictionnels, dont l’un reste à Paris, et dont l’autre part à Verdun. Cette dissociation entre l’individu et le poète en qui la psyché universelle se cristallise permet à Romains de faire résonner simultanément le chant qui célèbre le courage des soldats et le contre-chant qui déplore la misère de la guerre.
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