Marqueurs grammaticaux et marqueurs kinésiques : vers une reconnaissance de la gestualité co-grammaticale
Résumé
Parler est une manifestation du « comportement corporel quotidien » (Calbris 1989 : 49), une forme incarnée et socialisée de « conduite communicative » (communicative behavior, Birdwhistell 1970 : 15), une performance sémiologique culturellement ritualisée et individuellement réalisée (Goffman 1963), qui permet au sujet vocalisateur et gesticulateur de « jouer » et « rejouer » son expérience du monde (Jousse 1978 : 61). La grammaire, qui organise la parole, n'échappe pas à ce principe général : des mouvements corporels sont impliqués dans l'articulation physique, laryngo-buccale et posturo-gestuelle, des marquages. Ces mêmes mouvements participent également au fonctionnement « symbolique » des unités grammaticales (Langacker 1991 : 1) et à leur « schématisme » (Langacker 2008 : 21), à la production et à la régulation d'une « communication cohérente » (Givón 1993 : 2), que cognitivistes et fonctionnalistes associent respectivement à la sphère grammaticale. Mieux, ces mouvements révèlent la spectacularité de la grammaire orale, « l'action gestuelle » (Kendon 2004 : 10) étant partie intégrante de la construction des structures et des significations. Mais comment intégrer la gestualité à la sphère grammaticale et sous quel statut ? Les pages qui suivent formulent quelques réflexions et propositions.
Origine :
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