Les Ançars de la République : la bay‘a au prisme de la laïcité malienne

Gilles Holder (1) , Sow Moussa

1 IMAF - Institut des Mondes Africains

Ce texte s’intéresse à l’Association malienne pour le soutien de l’islam (AMSI), plus connue sous le nom de Ançar Dine, fondée par le leader religieux Chérif Ousmane Madani Haïdara en 1991. L’un des aspects remarquables de ce mouvement islamique est son mode de recrutement formel, en l’occurrence le serment d’allégeance coranique appelé bay‘a, par lequel le fidèle s’engage, non seulement vis-à-vis de son guide spirituel, mais aussi de Ançar Dine. Or pour les élites maliennes, cette bay‘a témoignerait d’un « fanatisme sectaire » qui menacerait la laïcité en mettant en concurrence serment islamique et engagement patriotique du citoyen. Nous verrons qu’au-delà de la méfiance classique des élites face à un mouvement populaire, la bay‘a n’est en réalité nullement incompatible avec la laïcité. Elle n’interfère pas à l’égard de la mission de service publique du fidèle fonctionnaire, pas plus qu’elle n’oblige le citoyen à choisir entre sa citoyenneté malienne et son identité musulmane. Pour Ançar Dine, le politique et le religieux doivent demeurer séparés et, ce faisant, pose ici un contrat social qui permet à ce mouvement islamique populaire d’exercer de façon autonome sa réforme morale et religieuse.

Mots clés: Mali; Ançar Dine; Serment prophétique; Laïcité; Citoyenneté

Domaines: Anthropologie sociale et ethnologie

Gilles Holder, Sow Moussa. Les Ançars de la République : la bay‘a au prisme de la laïcité malienne . G. Holder et M. Sow L’Afrique des laïcités. État, religion et pouvoirs au sud du Sahara, Éditions Tombouctou/IRD Éditions, pp.277-290, 2013. ⟨halshs-01511041⟩