Dialogue parabolique et fabrique du texte chez Valère Novarina
Abstract
Le dialogue chez Novarina a cette particularité de se fabriquer à partir de contraintes et d’exercices combinatoires, c’est un vrac organisé aux ramifications complexes, une construction verbale continue où se forment sans cesse des suites et des séries, où thèmes et personnages circulent d’un texte à l’autre et où une petite formule peut soudain proliférer. Carnavalesque, dialogique, polyphonique : le dialogue, chez Novarina, se développe par tout un jeu de références et d’autocitations et s’étire au gré de nouvelles variations jusqu’à constituer de grands ensembles, comme le dialogue en « trois temps » formé par "L’Opérette imaginaire" (1998), "L’Origine rouge" (2000) et "La Scène" (2003). Les trois textes sont distincts mais se répondent intimement : la dernière pièce, avec son titre mystérieusement polysémique, est en effet à la fois le contrepoint et le prolongement de "L’Opérette imaginaire" et de "L’Origine rouge" — leur réécriture et leur « célébration » — mais en « négatif », en « vue inversée », comme le dit Novarina. Pour observer les multiples variations ainsi que les enjeux dramaturgiques qui parcourent ce triptyque et cette grande cosmogonie théâtrale, il faut d’abord revenir sur le geste même d’assemblage du texte, qui conditionne directement le « partage des voix » dans le dialogue, c’est-à-dire aussi bien la répartition de la parole que son pouvoir à dire le monde toujours autrement, jusqu’à organiser une véritable liturgie théâtrale.
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