Genre et enseignement de l'histoire. Etude de cas d'un Gymasium de la ville de Hambourg
Résumé
À partir d’une étude de cas dans un Gymnasium de Hambourg, cet article traite de la mise en pratique contemporaine dans le cadre scolaire allemand d’une théorie didactique dite de la « pédagogie du bouleversement affectif », relative à la période du nazisme. Des données d’observation ethnographique et des entretiens semi-directifs ont été exploités. Une appropriation genrée par les élèves d’un cadre d’entendement pédagogique basé sur l’émotion aboutit à une projection des filles vers les victimes et une fascination par les bourreaux des garçons. Les pratiques de notation des professeurs punissent ces appropriations masculines gênantes et orientent les garçons vers de nouveaux objets, les victimes. Malgré une valorisation temporaire de l’affectivité à travers la pédagogie du bouleversement affectif, cette contribution montre l’existence d’un cadre stable de stéréotypes sexués relatifs aux capacités d’apprentissage de l’histoire, attribuant « l’émotionalité » aux filles et « la rationalité » aux garçons. En revanche, des marges de manœuvre sont à la disposition des acteurs masculins d’un milieu social favorisé : dévalorisés par le processus de notation, ils acquièrent les qualités valorisées temporairement et dites « féminines » qui permettent de combler l’avantage perdu.
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