Cournot. Statistique et raison des choses
Résumé
"Trop philosophique pour les statisticiens, trop statistique pour les philosophes, l'oeuvre de Cournot, dans la partie relative à la statistique, devait fatalement passer inaperçue. Et il en résulte, dans l'histoire de la statistique en France, au XIXe siècle, une lacune qui pour être fort explicable n'en est pas moins très regrettable ". Ce diagnostic de Fernand Faure ne vaut pas seulement pour l'histoire de la statistique, mais aussi pour sa philosophie. Cournot, en effet, ne s'en tient pas à présenter les instruments conceptuels et méthodes que la théorie met à la disposition du mathématicien, ni non plus à les mettre en oeuvre sur tel ou tel domaine. Dans son Exposition de la théorie des chances et des probabilités, il accompagne cette présentation d'une réflexion épistémologique interrogeant le statut de la théorie et la signification de ses résultats, réflexion indissociable de l'exposition mathématique elle-même. Plus précisément, il s'agit, pour lui, de promouvoir la statistique comme science apte à produire des connaissances, donc à accroître notre connaissance du réel. Comment une telle représentation est-elle possible ? Autrement dit, comment, selon Cournot, la statistique peut-elle remplir sa fonction de connaissance ? Telle est la question que nous entendons traiter ici. Cela signifie qu'il ne s'agit pas pour nous de brosser un tableau complet de la contribution de Cournot à la statistique. Cette analyse ne prétend donc nullement à l'exhaustivité ; elle vise à mettre en lumière l'orientation de pensée de Cournot, afin de mieux comprendre la façon dont il pense la relation de la statistique au réel, et mieux appréhender par là ce qu'on a parfois interprété de sa part comme une défiance à l'égard de son pouvoir.
Loading...