Une tolérance chrétienne dans l'historiographie portugaise de la Reconquête (XII-XIIIe siècles) ?
Résumé
L'auteur focalise son analyse sur le discours tenu par les auteurs des textes narratifs et idéologiques à propos des musulmans (et éventuellement de l'Islam) tant que ceux-ci constituent des ennemis, laissant de côté le phénomène mudéjar postérieur à la fin de la conquête, de même que les chrétiens arabisés (= mozarabes). Ainsi il analyse cette littérature sous deux aspects : d'une part la guerre, activité sociale quasiment organisée en Espagne médiévale, n'est une manifestation d'intolérance que dans la mesure où elle est motivée par la foi ; d'autre part, le regard posé sur l'ennemi, en tant qu'étranger cette fois, dépend de la capacité à accepter des déviances par rapport à une norme et varie donc en fonction de la culture morale. Ainsi, le degré d'intolérance dans les discours s'explique par la mesure dans laquelle le propos des auteurs reflète les structures d'organisation socio-politiques et les impératifs culturels en vigueur au moment de la production des discours. Si l'originalité de la reconquête portugaise n'est pas totale dans ce domaine, elle présente néanmoins une spécificité digne d'être notée par rapport aux autres royaumes ibériques, notamment à partir du milieu du XIIe siècle et encore plus à la fin de la conquête territoriale (dans les années 1250).
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