Les violences de guerre dans les "Mémoires" de Commynes : contribution à une histoire de la violence pré-moderne
Résumé
La spécificité des considérations sur la violence de guerre chez Commynes (par rapport notamment à celles qui ont cours chez les historiens et chroniqueurs italiens) résiderait donc non pas dans la conscience d’une rupture entre deux types de guerre (l’une ancienne et l’autre moderne) mais dans la conviction de la légitimité d’une campagne, même si elle est aussi analysée pragmatiquement (avec la lucidité froide de l’ambassadeur de métier capable d’évaluer les forces en présence et de soupeser ce qui est utile et ce qui ne l’est pas). La campagne de Charles VIII apparaît en même temps comme une illustration du désordre de la pensée ou des lacunes du conseil, et comme un signe de l’intervention de Dieu, une campagne radicalement anti-tyrannique où, du même coup, la violence de guerre est occultée et trouve le plus souvent une forme de justification, providentielle ou juridique selon les cas, la question des cruautés possibles devenant le lieu du basculement et de la fragile ligne d’équilibre entre l’acceptable et l’illégitime, selon les cas – à l’image de ce que fera Gentili. Bref une campagne très savonarolienne aurait-on envie de dire.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)