Savoir technique et pouvoir politique au Proche-Orient,
Résumé
Dans les années 1950 et 1960, nombre de pays récemment libérés de la domination coloniale se donnent pour projet de construire un État moderne leur permettant de rejoindre le niveau des pays industriels. Ils développent une mystique de la science et de la technique qui se traduit par un investissement massif dans les formations techniques de haut niveau et entraîne quelques années plus tard une croissance parfois extrêmement rapide des effectifs d'ingénieurs dans les différents secteurs de l'économie, dans les services techniques des ministères et des administrations, et par ricochet, dans nombre d'instances élues. Le poids de ces ingénieurs dans les organes dirigeants de pays comme la Syrie, l'Egypte ou la Turquie devient bientôt remarquable et pose la question du rapport entre certains types de savoirs et certaines formes de pouvoir politique. Certes, les modalités de la formation de l'État moderne varient d'une expérience historique à une autre. Peut-on parler d'une spécificité régionale, ottomane, arabe ? Dans quelle mesure l'épisode colonial a-t-il marqué les modes de gouvernement ? Quels changements introduisent les luttes sociales et politiques qui accompagnent et suivent le moment des indépendances politiques et les nouveaux régimes qui se mettent en place ? L'analyse de la place des nouvelles catégories socio-professionnelles associées au service de l'État, parmi lesquels les ingénieurs occupent une position éminente, permet de mettre en évidence cette place grandissante après les indépendances et nous nous interrogerons sur les représentations qui sont liées à cette position et sur les relations ambiguës qu'ils entretiennent avec le pouvoir.
Origine :
Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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