Penser l'hérédité au Moyen Âge: une introduction - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2008

Penser l'hérédité au Moyen Âge: une introduction

Résumé

This article introduces and synthesizes the results of a collective volume on the history of heredity in the Middle Ages. The role of heredity in the medieval West is frought with paradox. Medieval society was largely based on the hereditary – as is apparent from the patterns of transmission of political responsibilities, functions, trades, etc. – but this sociological rule was rarely evoked or theorized. A general theory of biological heredity did not exist either. The idea that the mixture of substances provided by the parents (seeds, menstrual blood) determines the appearance and sex of the child coexisted, without contradiction, with the conviction that environmental and behavioural factors also play an important part. In the life sciences, generation, and not heredity, was the central concept. Emphasis was placed on the individual, and there was little room for thought about the physical characteristics of ethnic groups or other varieties at the sub-specific level. Moreover, Christian discourse insisted on the unity of the human race and rejected the idea of damned peoples or lineages.
However, the Middle Ages also invented several concepts and terms that later played a crucial role in the development of physical anthropology and theories of heredity. The word race, the distinction between noble and non-noble animals (for hawks and dogs) and the idea of noble blood as the metaphorical expression of the Uebermensch status of the aristocracy, are all medieval creations. The same is true of the interpretation of the term consanguinity (originally forged by Roman law) in the sense of biological kinship, of the introduction of the legal vocabulary of hereditary transmission in the realm of pathology, and of the explicit distinction between hereditary and congenital illnesses. For the development of discourse about heredity, the 14th century, and especially its first quarter, are decisive, initiating a first age of heredity until the rise of current theories of biological heredity in the 19th century. On the other hand, for heredity, the classic divide of 1492 is of relatively little importance.
Cet article introduit un volume collectif sur l'histoire de l'hérédité au Moyen Âge et en synthétise les résultats. Le statut de l'hérédité dans l'Occident médiéval est paradoxal. La société médiévale est largement fondée sur l'héréditaire, quand il s'agit de transmettre les charges, les pouvoirs, les fonctions, les métiers, etc., mais cette règle sociologique est rarement évoquée ou théorisée. Il n'existe pas non plus, au Moyen Âge, de théorie générale de l'hérédité biologique. L'idée que le mélange des matières fournies par les parents (semences, sang menstruel) détermine l'apparence et le sexe de l'enfant cohabite, sans contradiction, avec la conviction que des facteurs environnementaux ou comportementaux jouent également un rôle important. Dans les sciences de la vie, la génération, et non l'hérédité est le concept central. L'accent est mis sur l'individu et il y a peu de place pour des réflexions sur les caractéristiques physiques de groupes ethniques ou d'autres variétés à l'intérieur de l'espèce humaine. Le discours chrétien, enfin, insiste sur l'unité du genre humain et récuse l'idée de peuples ou lignées maudits. Néanmoins, le Moyen Âge a également inventé plusieurs concepts et termes qui joueront un rôle crucial dans le développement de l'anthropologie physique et des théories héréditaires. Le mot race, la différenciation entre animaux nobles et non-nobles (pour les faucons et les chiens) et l'idée du sang noble comme l'expression métaphorique d'une notion nouvelle d'un groupe de « surhommes », sont des créations médiévales. Il en va de même de l'interprétation du concept de consanguinité issu du droit romain dans le sens de parenté biologique, de l'introduction du vocabulaire juridique de la transmission des biens dans le domaine de la pathologie et de la distinction explicite entre maladies héréditaires et congénitales. Le XIVe siècle, et plus précisément son premier quart, constitue une période fondatrice, initiant un premier âge de l'hérédité jusqu'au développement des théories actuelles de l'hérédité biologique au XIXe siècle. En revanche, la césure classique de 1492 n'a, pour l'hérédité, que peu d'importance.
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halshs-00339425 , version 1 (04-03-2009)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00339425 , version 1

Citer

Charles Miramon (de), Maaike van der Lugt. Penser l'hérédité au Moyen Âge: une introduction. Maaike van der Lugt ; Charles de Miramon. L'hérédité entre Moyen Âge et Époque moderne. Perspectives historiques., Sismel - Edizioni del Galluzzo, pp.3-37, 2008, Micrologus Library ; 27. ⟨halshs-00339425⟩
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