Réseau vertical d'entreprises, efficacité productive et principes de justice : une analyse comparative des réseaux japonais et nord-américains au sein du secteur automobile
Résumé
Dans cet article, on propose de s'intéresser à l'une des nouvelles formes organisationnelles apparues au cours des trois dernières décennies : le réseau vertical d'entreprises. Si les nombreux travaux qui lui ont été consacrés ces dernières années permettent de mieux cerner théoriquement cette forme organisationnelle singulière, il nous semble cependant qu'ils omettent de rendre compte d'un fait stylisé qui nous semble particulièrement remarquable : l'articulation renouvelée du rapport efficacité productive/justice organisationnelle au sein de ces organisations distribuées. L'idée que l'on défend est que l'émergence d'un "capitalisme de l'innovation intensive" transforme profondément les logiques de l'agir au sein de la sphère industrielle et que les basculements occasionnés (passage d'un agir "orienté vers le succès" à un agir "orienté vers l'intercompréhension" (Habermas, 1987)) impliquent que les normes de gouvernance encadrant les pratiques de coordination à l'intérieur d'organisations réticulaires soient reconsidérées. On avance en particulier que ces dernières doivent désormais être soutenues -au sein de certains réseaux verticaux d'entreprises que l'on nomme "architectures réticulaires intégrées"- par des principes de justice (et notamment de justice distributive) afin d'être source d'efficacité productive. Pour illustrer cette thèse, on s'appuie sur une analyse comparative des réseaux japonais et nord-américains au sein du secteur de l'automobile.
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