Quand la rivière court plus vite que le cœur des hommes : un modèle pour les forêts alluviales - HAL Accéder directement au contenu
Chapitre d'ouvrage Année : 2011

Quand la rivière court plus vite que le cœur des hommes : un modèle pour les forêts alluviales

Résumé

Afin de rendre compte de la demande sociale en faveur du maintien de l'entretien des cours d'eau, un modèle de l'évolution des paysages de rivière a été élaboré. Trois périodes historiques peuvent être distinguées. La situation actuelle consiste en une phase d'instabilité transitionnelle entre d'une part un état - révolu depuis une cinquantaine d'années - dont la stabilité était artificiellement garantie par les riverains en charge de l'entretien des berges et du lit des cours d'eau et d'autre part un état - encore à venir - dont la stabilité pourrait être assurée par la végétation et le bois mort dans les cours d'eau drainant des secteurs enregistrant une forte déprise rurale. Pour mieux relever les tensions à l'œuvre entre les différentes échelles spatio-temporelles, ce chapitre réalise une double confrontation : celle des modifications environnementales aux attentes du public et celle des exigences légales aux usages locaux. En premier lieu, l'évaluation des paysages riverains actuels souligne que les mutations environnementales et celles des valeurs paysagères ne s'effectuent pas au même rythme. L'état actuel des marges des cours d'eau procède tout à la fois de leur aménagement et de la négligence de leur entretien, de l'évolution des conditions climatiques et hydrologiques, de la reconquête végétale, de la maturité des unités végétales et du vieillissement des forêts alluviales. Mais le paysage fluvial et les pratiques de la rivière changent plus vite que les critères de perception et d'évaluation. La demande sociale en matière d'entretien des cours d'eau ne saurait se satisfaire des changements avérés des écosystèmes d'eau courante. Plusieurs enquêtes de perception paysagère ont été réalisées à l'aide de photographies prises au sol. Elles ont été conduites sur des paysages fluviaux, orientées vers l'évaluation des politiques d'aménagement et réalisées dans le cadre des paradigmes psychophysique et cognitif. Les résultats montrent que les rivières attractives sont accessibles, propres et entretenues. Or ce paysage idéal procède de pratiques traditionnelles qui sont aujourd'hui révolues. En outre, la comparaison du contenu normatif de la loi aux recueils des usages locaux à caractère agricole révèle des interférences entre les échelles nationale et locale. Le dispositif législatif, progressivement élaboré depuis 1789, attribue la charge de l'entretien des cours d'eau non domaniaux aux propriétaires riverains. Cette charge fut légitimée par le principe d'équité naturelle et les tâches qu'elle implique furent précisées par la jurisprudence. La lente élaboration du Code rural souligne combien la généralité et l'uniformité inhérente à la loi se trouvèrent en butte aux spécificités territoriales. Dans le même sens, la rédaction des usages locaux à caractère agricole furent l'occasion de rappeler l'existence d'une différenciation géographique des pratiques d'entretien des rivières, qui découle non seulement des particularités environnementales mais aussi de l'affirmation de petits pouvoirs locaux au moyen de menues adaptations avec la loi.

Domaines

Géographie
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Dates et versions

halshs-00862484, version 1 (16-09-2013)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00862484 , version 1

Citer

Yves-François Le Lay, Hervé Piégay, Anne Rivière-Honegger. Quand la rivière court plus vite que le cœur des hommes : un modèle pour les forêts alluviales. Corvol A. Forêt et paysage. Xe-XXIe siècle, L'Harmattan, pp.55-75, 2011. ⟨halshs-00862484⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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