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Chapitre d'ouvrage Année : 2010

JE comme AUTRE Mise en mots de l'altérité et de l'identité dans le langage de l'enfant

Résumé

The study of reversals may shed some light on the problems children encounter when they try to use the formal, linguistic marks to convey the distinction between the self and the non-self. In two longitudinal case-studies of French speaking boys age 1;08 to 3;03, we investigate how they use self-reference. We first focus on a particular use of “pronominal reversal” in Léonard's data: the child's use of the third person to designate himself. In a second longitudinal case-study, we investigate how Guillaume uses the form tu ('you') instead of the first person pronoun. They both speak of themselves with the others' voices in contexts in which they have either done a misfeat (third person) or an exploit (second person). In those two typically developing children, pronominal reversals seem to occur when they begin to assimilate and internalize the representations the parents formulate of their child's experiences.
Notre étude repose sur l'analyse d'un corpus longitudinal d'enfants âgé de 18 mois à 3 ans enregistrés en milieu naturel, qui utilisent sporadiquement la deuxième personne et/ou la troisième personne pour parler d'eux-mêmes. Contrairement à d'autres travaux sur le renversement pronominal, nos analyses ne s'appuient pas essentiellement sur la confusion sémantique que l'enfant éprouverait face à la nature réversible des pronoms (Charney 1980, Chiat 1982). Notre interprétation est liée au fait que ce phénomène n'est pas systématique et peu fréquent : l'enfant utilise à la même époque à la fois la première et la deuxième personne ou la troisième personne pour se désigner (sans oublier son prénom et le pronom objet en fonction sujet). Ce chevauchement des auto-désignations nous semble être la marque d'un emploi différencié de formes qui remplissent des fonctions variées dans le discours, et notamment permettent à l'enfant de référer aux différentes facettes de ce qui pour lui constitue son moi. Nous montrerons que les énoncés dans lesquels l'enfant se désigne par la deuxième personne pourraient constituer des "sur-extensions" d'énoncés que lui ont adressés les adultes (notamment sa mère) dans des situations où il a été jugé "extra-ordinaire" et que la troisième personne pourrait être une utilisation narrative d'énoncés échangés entre les autres pour parler de lui. L'enfant-énonciateur dirait tu pour je quand il commente de manière très positive ou négative sa propre agentivité, il utiliserait la troisième personne pour se raconter, créant ainsi une rupture entre énonciateur et personnage. Cette hypothèse met donc l'accent sur le rôle de l'autre dans la construction et la représentation verbalisée de l'identité chez l'enfant. Nous établirons également un parallèle avec la façon dont l'enfant désigne ceux à qui il parle ou ceux dont il parle – marquant ses représentations de l'autre mais aussi sa théorie de l'esprit. Nous pourrons ainsi étudier la construction de son identité/altérité énonciative et sa place dans la co-énonciation.
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Dates et versions

halshs-00528943, version 1 (23-10-2010)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00528943 , version 1

Citer

Aliyah Morgenstern. JE comme AUTRE Mise en mots de l'altérité et de l'identité dans le langage de l'enfant. LLionel Dufaye & Lucie Gournay. L'altérité dans les théories de l'énonciation, Ophrys, pp.115-135, 2010. ⟨halshs-00528943⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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