Vestiges humains des niveaux de l'Aurignacien ancien du site de Brassempouy (Landes).
Résumé
Le gisement de Brassempouy est localisé au sud du département des Landes (France), à deux kilomètres du village de Brassempouy et à quarante kilomètres au sud de Mont-de-Marsan, en Chalosse. Il comprend plusieurs cavités (grotte du Pape, grotte des Hyènes, galerie Dubalen, galerie du Mégacéros) qui appartiennent à un réseau karstique complexe creusé dans une formation calcaire éocène à quelques mètres sous le sol naturel. Les vestiges humains étudiés dans cet article ont été découverts de 1981 à 1996 par H. Delporte dans des niveaux de la grotte des Hyènes, de la galerie Dubalen et de la grotte du Pape attribués à l'Aurignacien ancien. Ces niveaux se placent dans l'intervalle 34 000 ans BP-30 000 ans BP. L'échantillon de vestiges humains comprend 13 dents, un fragment de mandibule, un fragment de crâne et deux phalanges distales de la main représentant des adultes et des enfants. Ces vestiges sont intéressants à un double titre. D'une part, les vestiges humains en contexte aurignacien ancien sont rares et, d'autre part, quatre des dents d'adulte ont une racine perforée ou rainurée intentionnellement et le fragment de crâne présente des cassures effectuées vraisemblablement sur os frais. L'objectif majeur de cet article est de présenter les caractéristiques morphométriques des différents vestiges et de discuter leur position taxinomique. L'analyse de ces vestiges, en particulier celle des dents isolées, montre qu'ils s'intègrent dans la variabilité des hommes d'anatomie moderne du Paléolithique moyen du Proche-Orient et du Gravettien d'Europe ainsi que dans celle des rares Aurignaciens d'Europe et des Néandertaliens du Würm. Il est impossible de conclure sur leurs affinités taxinomiques. Ailleurs en Europe, les vestiges humains découverts en contexte aurignacien sont aussi très fragmentaires et peu diagnostiques. Les mieux conservés sont en effet souvent mal datés. Aussi l'anatomie des artisans de l'Aurignacien en Europe reste très mal connue de telle sorte qu'il est actuellement impossible d'affirmer que les technocomplexes aurignaciens anciens relèvent uniquement de populations d'anatomie moderne. Bien que l'analyse détaillée des modifications artificielles soit présentée dans un autre article, on peut d'ores et déjà noter qu'en l'absence de sépultures primaires aurignaciennes, les dents percées de Brassempouy constituent un des rares indices d'intervention anthropique sur le corps, susceptible de relever d'un geste funéraire.
Origine :
Accord explicite pour ce dépôt
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