La division genrée de l'expérience amoureuse
Résumé
A partir de mon terrain de thèse, je montre comment l'entrée dans la vie amoureuse est à même de troubler les associations naturalisées sentiments=féminité et sexualité=masculinité.
Sentiments et sexualité sont perçus par les jeunes enquêté-e-s comme des pièges : les sentiments seraient trompeurs, la sexualité corruptrice. Parce que ce sont les deux dimensions qui nourrissent le plus la spécificité de la relation amoureuse, elles sont à même de perturber les images pré-établies qu'ils et elles se sont construites au cours de leurs socialisations précédentes. Vient le moment des exercices pratiques qui ne coïncident pas toujours avec la leçon ap-prise auparavant : la leçon disait que les sentiments étaient de l'ordre du féminin tandis que la sexualité était plutôt de l'ordre du masculin. Et qu'il était normal, et même souhaitable, qu'il en fût ainsi. Or l'expérience vient troubler ce bel ordre en brouillant les pôles masculin et fé-minin, faisant naître dans le cœur des garçons des émotions qui les débordent et dans le corps des filles une sexualité explicite.
Au travers des propos recueillis, je montre ainsi que les rapports sociaux entre filles et gar-çons sont traversés par une double tension. Tout d'abord entre les représentations du féminin et du masculin intériorisées au cours de l'enfance et de l'adolescence, et l'expérience amoureuse en tant que telle. Ensuite, entre les deux dimensions de l'ordre du genre auxquels filles et garçons sont assujetti-e-s de façon différenciée : la séparation/hiérarchisation du féminin et du masculin et l'obligation de faire coïncider son sexe avec son genre, c'est-à-dire pour les filles de se construire en tant que filles, et pour les garçons de se construire en tant que garçons.
Sentiments et sexualité sont perçus par les jeunes enquêté-e-s comme des pièges : les sentiments seraient trompeurs, la sexualité corruptrice. Parce que ce sont les deux dimensions qui nourrissent le plus la spécificité de la relation amoureuse, elles sont à même de perturber les images pré-établies qu'ils et elles se sont construites au cours de leurs socialisations précédentes. Vient le moment des exercices pratiques qui ne coïncident pas toujours avec la leçon ap-prise auparavant : la leçon disait que les sentiments étaient de l'ordre du féminin tandis que la sexualité était plutôt de l'ordre du masculin. Et qu'il était normal, et même souhaitable, qu'il en fût ainsi. Or l'expérience vient troubler ce bel ordre en brouillant les pôles masculin et fé-minin, faisant naître dans le cœur des garçons des émotions qui les débordent et dans le corps des filles une sexualité explicite.
Au travers des propos recueillis, je montre ainsi que les rapports sociaux entre filles et gar-çons sont traversés par une double tension. Tout d'abord entre les représentations du féminin et du masculin intériorisées au cours de l'enfance et de l'adolescence, et l'expérience amoureuse en tant que telle. Ensuite, entre les deux dimensions de l'ordre du genre auxquels filles et garçons sont assujetti-e-s de façon différenciée : la séparation/hiérarchisation du féminin et du masculin et l'obligation de faire coïncider son sexe avec son genre, c'est-à-dire pour les filles de se construire en tant que filles, et pour les garçons de se construire en tant que garçons.
Domaines
Sociologie
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