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Article dans une revue L'Année du Maghreb Année : 2006

Tunisie : consolidation autoritaire et processus électoraux

Résumé

L'année 2004 a bien commencé pour le président Ben Ali : l'équipe nationale de football a remporté la coupe d'Afrique des nations. Certes, la Tunisie n'est pas le seul État au monde à utiliser le sport à des fins politico-démagogiques, mais le pouvoir politique n'a pas lésiné cette fois-ci sur les moyens : il a procédé à « la naturalisation express du Brésilien Dos Santos », a offert un « salaire faramineux » à Roger Lemerre, le sélectionneur de l'équipe nationale et a proposé une « prime spéciale de plus de 36 000 euros par joueur », payée sur les fonds personnels du « locataire » du Palais de Carthage . Le chef de l'État se devait, dès le départ, en cette année électorale, de mettre tous les atouts de son côté pour préparer au mieux les échéances d'octobre censées consacrer sa réélection triomphale à un quatrième mandat présidentiel. C'est dans ce cadre qu'il faut placer l'opération de charme lancée auprès des États-Unis en ce début 2004. Le président Ben Ali, qui depuis le début des années 1990 se présente comme l'apôtre de la lutte contre le « terrorisme fondamentaliste », s'est justement rendu aux États-Unis en visite officielle du 15 au 18 février avec la ferme intention de « vendre » son bilan en cette matière. Ses déclarations à la presse internationale à ce sujet ont été sans ambiguïté : il se propose de faire bénéficier son homologue américain de son « expérience anti-terroriste ». Son objectif est également de légitimer sa politique répressive à l'égard des opposants en faisant valoir son approche « graduelle » des réformes démocratiques en Tunisie . Certes, l'administration américaine n'a pas réellement pris au sérieux l'argumentaire du chef de l'État tunisien sur les réformes démocratiques, mais elle demeure empêtrée dans les contradictions de sa politique internationale : Les États-Unis se sont fixé pour objectif de promouvoir la démocratie dans l'ensemble du monde arabe, mais dans le même temps ils s'appuient sur les États autoritaires clients de la région pour mener à bien leur campagne contre le « terrorisme international ». Le discours tenu par le président Bush à Ben Ali lors de leur entretien du 18 février a reflété cette contradiction : tout en louant les résultats de la Tunisie en matière économique, éducative, et de lutte contre le terrorisme, le président Bush a précisé à son interlocuteur que les États-Unis demeuraient « préoccupés quant aux réformes politiques » et à « la liberté de la presse » . Le président Ben Ali, comme la plupart des dirigeants arabes, essaie de tirer le plus grand profit possible des objectifs antinomiques de l'hyper puissance américaine. Les opérations de charme à destination de l'Occident s'accompagnent du développement des dispositifs sécuritaires qui permettront au président Ben Ali d'être plébiscité aux élections présidentielles et de débuter son nouveau mandat présidentiel le regard rivé sur... la prochaine échéance présidentielle de 2009.
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Citer

Eric Gobe, Vincent Geisser. Tunisie : consolidation autoritaire et processus électoraux. L'Année du Maghreb, 2006, Tome 1, p. 323-360. ⟨halshs-00138221⟩
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Dernière date de mise à jour le 06/04/2024
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