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DUMAS & TEL
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DUMAS
Plateforme de "Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance"
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Derniers mémoires recensés

L’objet de ce travail de recherches est de s’interroger sur l’influence de la religion protestante sur le développement des idées entre le XVIe et le XVIIIe siècle en Europe du Nord en étudiant notamment les relations entre le mouvement des Lumières et le christianisme. Dans un premier temps, ce travail s’intéressera à l’histoire du protestantisme, et essayera de montrer l’existence d’un lien entre la manière de penser des protestants et le rationalisme. Le catholicisme et la position de l’Église catholique vis-à-vis de l’effervescence intellectuelle et du progrès scientifique aura également une grande place dans cette étude. Bien que le progrès scientifique et culturel devînt de plus en plus gênant pour l’Église, il sera rappelé que certains catholiques jouèrent bel et bien un rôle dans le développement des idées de l’époque. Enfin, l’objectif sera de comprendre dans quelles mesures l’héritage des conflits religieux et les théories du XVIIIe siècle sur la religion et sur la tolérance religieuse menèrent à la déchristianisation puis à la laïcisation des pays européens.

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Le mémoire considère un groupe de travail oeuvrant collectivement à la fabrication d'une pirogue : au-delà de l'activité technique et de la chaîne opératoire, il présente l'organisation du groupe (par encastrement du psychologique dans le social et le physique) ainsi qu'une vision d'ensemble des modes de production scientifiques. Le terrain a été réalisé en Guyane française, dans l'ethnie Djuka.

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Après avoir été effrayé à l’idée de voyager par plaisir en raison de la connotation guerrière de cette dernière mais également d’une peur des reliefs naturels, une nouvelle perception renverse à la fin du XVIe siècle cette pensée. La conception utilitaire du voyage prend l'ascendant au cours du siècle suivant, avec la possibilité d'apprendre et de se forger une culture personnelle jugée essentielle aux nobles de cette époque. Cette conception évolue à nouveau grâce à l'influence des Lumières et de nombreuses découvertes scientifiques ou philosophiques du XVIIIe siècle. La pratique voyageuse est maintenant comprise comme un moyen de connaître la terre, de partager les savoirs pour une plus grande égalité. Dans ce contexte, les scientifiques sont devenues des acteurs centraux, notamment en se rendant directement sur les lieux à expertiser. Ainsi, en plus d'une large publication d'imprimés de relation de voyage fait par des nobles en mission diplomatique ou dans la réalisation de leurs Grands Tours, se développent en parallèle des mémoires scientifiques tirés de leurs voyages. Dans la même période, un nouvel acteur dans le chaînon de l'imprimerie vient bouleverser l'ordre établi au siècle précédent, les périodiques. C'est avec ce nouveau support que les savants-voyageurs ont diffusé non seulement des extraits de leurs mémoires mais également des lettres, des synthèses et des questionnements portants sur les avancées scientifiques. Dans ce microcosme où vivent savants et acteurs de l'impression, de nombreux d’échanges et interactions s’étiolent, tels que des demandes d'instructions spécifiques ou d'aide particulière pour récupérer divers échantillons provenant d'une région lointaine. Cet ensemble se représente également à travers le carnet, un outil essentiel à la sauvegarde des pensées du voyageur qui le suit en toutes circonstances au cours de ses trajets. C'est avec cette source que ce mémoire se propose de retracer la méthodologie d'un savant-voyageur au tournant du XVIIIe siècle en la personne du chevalier Déodat de Dolomieu. Au travers de ses carnets se dévoile les traces de sa pensée savante et des évolutions de cette dernière au cours de ses pérégrinations, permettant la reconstruction d'une méthodologie propre à ce dernier. De même, elle permet la sauvegarde des humeurs de son propriétaire au cours de ses trajets mettant en lumière sa perception de la pratique voyageuse. Enfin, ce même objet se révèle être l'outil le plus essentiel à la propre compréhension de sa conception aux yeux de son propriétaire, ainsi que de pouvoir distinguer si cela est réellement nécessaire les propriétés entre une relation de voyages pour son plaisir et celui d'une relation savante faite pour autrui.

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Notre projet de mémoire, ci-dessous développé, est le suivant : comment étudier la notion d'émergence dans le cadre de la métaphysique anglo-saxonne contemporaine ? Pour répondre à cette question, notre réflexion partira du système ontologique particulier, à savoir le "carré ontologique", d'inspiration aristotélicienne et repris par un auteur contemporain, E.J. Lowe. Dans ce système, les catégories ontologique d'"objet", de "phénomène", de "propriété" et de "condition" sont analysées comme étant fondamentales, irréductibles et suffisantes pour décrire tout le contenu de la réalité. Nous nous sommes limités cette année à la présentation de ce système, espérant par la suite pouvoir le développer dans le sens d'un physicalisme non réductif. Notre thèse finale sera alors la suivante : il est possible que de nouvelles conditions émergent.

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Nous proposons à travers ce travail de regarder la pensée philosophique comme étant essentiellement liée au phénomène d'ἀνάμνησις, c'est-à-dire au ressouvenir ou à l'anamnèse. Nous cherchons à repenser le propre du philosopher. Dans cette optique, philosopher signifie "se ressouvenir". Pourtant, l'anamnèse n'a pas affaire à la mémoire et aux souvenirs. Elle est expérience, à travers laquelle adviennent une vérité et un savoir. Notre point de départ se trouve dans une évidence de la pensée philosophique : la pensée a une histoire et s'enracine dans une tradition. Tout ce qu'on met devant la pensée, tout ce que la pensée prend comme tâche a un lien avec ce qui a été pensé auparavant ou fait référence à ce qui a été, qu'on l'admette ou non. Nous identifions, cachée sous la forme de cette évidence, une tendance de la pensée philosophique qui n'a pas été mise en question ou explicitée. Ainsi, philosopher c'est dans un certain sens se retourner vers le passé afin de le reprendre sous un jour nouveau. Ce point de départ trouve sa confirmation philosophique à travers une analyse "historique" : l'anamnèse chez Platon et Gadamer. C'est à travers cette façon de mettre à l'œuvre ce que l'évidence nous a dévoilé qu'on découvre que l'anamnèse décrit la recherche et la découverte de type philosophique. Pour Platon, l'άνάμνησις représente moins une actualisation d'un savoir tout fait, inné et latent, qu'une manière de reprendre quelque chose de "su" sous un jour nouveau. C'est donc ce mouvement "rétrospectif" qui rend possible le savoir et la vérité pour la pensée philosophique. Selon Gadamer, l'άνάμνησις platonicienne s'apparente à une re-connaissance. Ces deux analyses dévoilent une certaine "structure" que possède l'anamnèse, un certain mode d'être : elle se définit par le "re-". Il s'agit d'un re-vivre, re-connaître, re-conquérir, re-voir "à distance" la réalité. Ceci renvoie à l'idée de "voir" les choses "dans une autre lumière", ou faire une nouvelle expérience des choses qui apporterait un surcroit de connaissance. Le "re-" de l'anamnèse désigne le fait de re-faire une "expérience". L'anamnèse représente une expérience du philosopher. Philosopher et parvenir à un savoir signifie, dans ce sens, faire l'expérience de l'expérience.

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Le débat sur la nature de la relation entre écologie et écologisme repose principalement sur des présupposés épistémologiques quant au statut de l'écologie et quant à la façon dont elle doit prendre en compte les activités humaines. L'écologie peut être considérée comme une partie de la biologie, comme une science naturelle interdisciplinaire, ou comme une science interdisciplinaire qui fait le pont entre sciences de la nature et sciences de l'homme. La prise en compte de la spécificité culturelle de l'homme dans son rapport aux écosystèmes et à la biosphère dépend donc du statut que l'on donne à l'écologie.

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Cette étude tente de répondre à la question "qu'est-ce que le jazz ?" en partant des spécificités musicologiques propres à cette musique pour rejoindre la pensée sociale et culturelle du jazz. Plus qu'un simple travail de définition, il s'agit d'analyser le jazz pour en extraire ses valeurs, d'interpréter les phénomènes musicaux jazzistiques en les plaçant toujours déjà dans un contexte historique et social déterminé. Penser le jazz, c'est établir son unité esthétique. Pourtant, on n'épuise pas le phénomène jazzistique à parler de swing et de sonorité : penser le jazz c'est aussi comprendre les origines musicales d'une telle musique et donc utiliser une méthode généalogique permettant de comprendre pourquoi, un jour, des hommes ont joué de la musique de telle manière. Le discours musicologique s'ouvre à la philosophie sociale et aux sciences historiques. Penser le jazz, c'est alors comprendre qu'il est une musique populaire, issu de la rencontre brutale des musique occidentale et africaine dans le contexte de la ségrégation raciale. Si certains discours sur la musique font de l'abstraction leur crédo, un discours sur le jazz semble devoir nécessairement prendre en compte les contextes socio-historiques dans lesquelles on joue du jazz. Le jazz se joue, se danse, s'incarne dans des gestes, des attitudes et des corps, et ce faisant, véhicule une pensée musicale que l'on ne peut pas comprendre si l'on s'en tient à une analyse musicologique. Penser le jazz comme pensée, ériger le jazz en porte d'entrée privilégiée d'une culture américaine naissante, comprendre l'encrage de la musique de jazz dans la Weltanschauung américaine sont les enjeux de cette étude qui donne en outre des pistes tant méthodologiques que généalogiques pour entreprendre une analyse des musiques populaires postérieures au jazz.

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S'interroger sur le clonage, c'est s'interroger sur ce qu'il produit, à savoir le clone, le double, dont il s'agira pour nous d'appréhender le sens et de voir en quoi cet être recréé, reproduit par clonage présente une figure complexe, en quoi il représente un être particulier, au statut quelque peu singulier. Il importe donc de définir ce que signifie, ontologiquement et symboliquement, l'action même de cloner et de définir ainsi ce que signifie l'existence d'un clone. En effet, la question du clonage ne peut être séparée de la question même du clone puisque sans clone, il n'y aurait pas lieu de parler de clonage. Par ailleurs, il nous faut définir ce qu'est scientifiquement le clonage. Nous montrerons alors que les définitions mènent parfois à des quiproquos et des illusions qui n'ont pas lieu d'être une fois le terme clairement défini.

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Les derniers écrits (1946-51) de Wittgenstein s'occupent principalement de philosophie de la psychologie et s'attaquent à certaines théories classiques de l'esprit, que les commentateurs qualifient de mythologies. Notre travail consiste à évaluer la possibilité de la présence de ces mythologies de l'esprit à l'intérieur des théories construites par les sciences psychologiques ainsi que les implications sur la psychologie que cette présence est susceptible d'avoir. En nous appuyant sur certains des points centraux de la critique wittgensteinienne (l'usage ordinaire, la distinction conceptuel / empirique, etc.), nous montrons qu'il est envisageable de dégager des thèses, d'inspiration wittgensteinienne, délimitant les prétentions de la psychologie. L'œuvre de Wittgenstein fournirait donc un outil, dans une mesure que nous nous efforçons d'apprécier, pour une mise en débat de la scientificité de la psychologie, en particulier des neurosciences cognitives.

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Serveur de "Thèses en Ligne"
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Dernières thèses ou HDR recensées

A Taïwan, les céramiques cordées imprimées sont attestées pendant tout le Néolithique ancien et moyen, de 6000 BP à 4000 BP, soulevant la question de l’uniformité des récipients céramiques imprimés aux mêmes époques dans les différentes régions de Taïwan. Cette uniformité serait le résultat de migrations ou d’interactions entre les communautés. La région du sud-est de Taïwan n’avait été jusqu’à présent que peu étudiée et peu intégrée aux débats sur les communautés constituant le Néolithique moyen. Dans cette thèse, nous abordons la question des communautés du Néolithique moyen dans le sud-est de Taïwan et de leurs interactions. L’ambition est de caractériser le Néolithique Moyen de cette région à partir des traditions potières et de leur évolution. Pour ce but, nous avons mené une étude technologique des assemblages céramiques des sites de la Baie de Dulan, Chaolaiqiao et Fushan. Le site de Chaolaiqiao a fait l’objet de fouilles afin d’obtenir des données chronologiques détaillées. Les assemblages céramiques ont été étudiés selon l’approche technologique. Une étude comparative a été menée ensuite sur les assemblages du site de Fushan dont l’occupation est légèrement postérieure à celle de Chaolaiqiao. Les résultats obtenus révèlent une même tradition partagée entre les deux sites. Elle se caractérise par l’ébauchage par modelage et le préformage par battage imprimé, ainsi que par une gamme de récipients répartis entre céramiques imprimées et non-imprimées. Le partage d’une même tradition entre les deux sites témoigne d’une même population. Par ailleurs, les proportions de céramiques imprimées et les types de récipients permettent de définir trois étapes successives au cours du Néolithique moyen, sachant que Chaolaiqiao et Fushan correspondent à des périodes d’occupation successives. L’évolution est continue, sans aucune rupture entre le début et la fin du Néolithique moyen. Une comparaison avec les assemblages céramiques de trois sites majeurs du sud-est de Taïwan, Peinan, Kenting et Donghebei, ont permis d’élargir nos hypothèses à l’ensemble de la région. L'analyse technologique des assemblages céramique montre que les mêmes traditions potières étaient pratiquées par les différentes communautés du Néolithique moyen du Sud-Est de Taïwan. Cette pratique commune signale une même manière de faire transmise au sein des groupes, et donc une même population. Par ailleurs, l’évolution continue observée dans la baie de Dulan est attestée sur les autres sites. Les différentes dates d’occupation des sites et leur durée suggèrent une expansion de la population d’origine en petits groupes dans l’ensemble du sud-est de Taïwan avec Kenting au sud, et Donghepei au nord. Des liens forts lient ainsi l’ensemble des sites du Néolithique moyen du sud-est de Taïwan dont on peut dire désormais qu’ils appartiennent au même ensemble culturel.

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Les recherches basées sur les origines évoluant, des avancées significatives ont été faites pour notre compréhension de la métallurgie ancienne du cuivre sud-est asiatique, ceci en partie grâce à de nouvelles fouilles de sites de production de métal, mais également par l’application de méthodologies de provenance à des assemblages couvrant au moins deux millénaires. Le Complexe de Vilabouly (env. 1000 av. J.-C – 700 ap. J.-C) au Laos central (Province de Savannakhet) est seulement le troisième site de production primaire connu en Asie du Sud-Est et a révélé des sites majeurs d’extraction minière et de production (Puen Baolo et Thong Na Nguak) avec des artefacts en lien avec la production du cuivre (fragments de minerais, de scories et de creusets) ainsi que des objets à base de cuivre (lingots, tambours, haches etc.). Les analyses des différents types de matériaux (MO, MEB-EDS, Spectroscopie Raman, pXRF, DRX, isotopes du plomb) ont permis de proposer une reconstitution de la chaîne opératoire de production du cuivre à Vilabouly, ses implications plus large pour la métallurgie du cuivre sud-est asiatique et sa contribution aux études de la préhistoire tardive en général. Les résultats semblent montrer l’utilisation de creusets pour la réduction au cours d’un procédé en une étape, employant une charge avec un mélange de minerais (principalement malachite et chalcocite) variable et dépendant des minéralisations exploitées, menant à l’obtention de scories homogènes dénotant une maîtrise du procédé. Une production primaire et secondaire de cuivre est donc attestée avec la plupart des signatures isotopiques du plomb concordantes avec celle de Vilabouly, avec des objets composés de cuivre, de bronze et de bronze au plomb. La cohérence de la signature géochimique correspond à l’intensité de l’exploitation du site, mais également à l’approvisionnement de métal à base de cuivre régionale en partie faite par Vilabouly avec des sites consommateurs de métal en Thaïlande, au Myanmar ou au Cambodge actuels.

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Ce travail s’engage dans la reconstitution d’une intelligibilité globale nouvelle pour la logique qui est née avec Frege afin de restituer l’une des conditions décisives pour la philosophie contemporaine, à savoir celle qui concerne son rapport aux pratiques et aux savoirs formels. Son hypothèse initiale affirme que le projet premier et constant de Frege a été celui d’une logique du contenu. Pourtant, il ne s’agit pas de réinvestir l’œuvre de Frege d’une cohérence nouvelle dans le but de rétablir une unité stable. Car l’intelligibilité procurée par cette reconstitution permet de localiser dans les formulations de Frege de véritables lacunes qui ne semblent pas avoir été identifiées comme telles jusqu’ici. Que la logique de Frege soit efficace malgré ces lacunes, voilà ce qu’il faut expliquer. La réponse que nous donnons à ces questions est que l’efficacité de la logique de Frege en tant que logique du contenu provient d’un certain rapport à l’Arithmétique, à savoir celui par lequel c’est la logique qui est construite d’après les principes de l’Arithmétique, avant qu’elle ne soit capable de la construire à son tour. La question se pose alors de caractériser avec précision à ce niveau constitutif, non « fondationnel », la nature du rapport entre une logique du contenu comme forme spécifique de la logique dans le cadre de sa mathématisation, et l’Arithmétique comme domaine mathématique particulier. De l’analyse minutieuse de la constitution du système logique frégéen, une idée se dégage qui constitue la thèse centrale de notre travail : les différents systèmes de la logique mathématisée ou formelle ne reposent sur les mathématiques que par l’intermédiaire d’une dimension d’exercice, de réflexion et d’élaboration de signes, où les circulations et les emprunts entre ces deux savoirs formels contemporains que sont les mathématiques et la logique se construisent et se justifient. C’est donc cette thèse qu’il s’agit de démontrer, par une étude détaillée des processus d’émergence des deux plus grands projets de formalisation de la logique du XIXe siècle : celui de Frege et celui de Boole et des Booléens. Dans cet espace qui mène des pratiques mathématiques aux systématisations logiques à travers les fonctionnements des signes, deux régimes généraux se dessinent : celui d’ « Abstraction symbolique » qui mène de l’Algèbre abstraite à la Logique propositionnelle booléenne ; et celui de l’ « Expressionnisme », qui mène de l’Arithmétique au Calcul logique des prédicats, associée aux travaux de Frege. Mais plus profondément, par l’effet d’une lecture symptomale au plus près des dynamiques internes à ces processus, le présent travail décèle un lien transversal entre le contenu logique d’une part et l’Arithmétique comme ensemble des déterminations du nombre de l’autre. En suivant ce lien, qui s’avère le responsable de l’introduction de la catégorie de sens dans le cadre de la logique mathématisée, une théorie de l’expression formelle se dessine, définissant les conditions pour le développement d’une logique du sens.

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Ce travail de thèse propose une analyse épistémologique des études publiées dans le domaine de la neurocriminologie, vaste programme de recherche mené dans l’objectif de redéfinir le problème de la criminalité en termes neurobiologiques, et qui vise à isoler les spécificités cérébrales des individus représentant une menace pour la société. L’objectif principal est d’évaluer la légitimité scientifique des ambitions annoncées par les neurocriminologues, c’est-à-dire de déterminer si leurs résultats garantissent une explication pertinente pour apprécier la dangerosité d’un individu. Il s’agit à la fois de s’interroger sur la possibilité empirique d’une explication neurobiologique du comportement criminel, et de déterminer si l’on peut donner un sens à l’ambition de fonder l’évaluation du risque de récidive sur des critères neurobiologiques.Le premier niveau d’analyse propose une reconstruction historique de la neurocriminologie, depuis les premières études électroencéphalographiques (EEG) démontrant un lien entre la présence d’anomalies cérébrales et la manifestation d’un comportement antisocial. À partir d’une analyse conceptuelle et méthodologique de la littérature publiée depuis le début des années 1940, nous montrons que ce programme de recherche est entièrement structuré autour d’une logique neuro-interventionniste qui vise à promouvoir une stratégie de pathologisation et de médicalisation du criminel. Le principal obstacle épistémologique réside dans le fait que cette logique contraint la construction du modèle explicatif au prix d’une série de pétitions de principe : les finalités poursuivies par les neurocriminologues introduisent un biais systématique dans la construction des modèles expérimentaux et dans l’interprétation des données recueillies chez les criminels. Tout au long du développement de la neurocriminologie, on voit s’opérer la construction anthropologique d’un criminel d’autant plus dangereux que son cerveau est "monstrueux". Ce modèle explicatif vise à fixer les termes d’une dangerosité accessible à une intervention neuroscientifique, en réduisant la figure de l’individu dangereux à un "cerveau à corriger" : un cerveau "défectueux" mais surtout rectifiable, qui encourage l’idée selon laquelle il serait possible de traiter le problème de la criminalité en corrigeant le cerveau des criminels.Le second niveau d’analyse propose de resituer le projet neurocriminologique dans l’histoire de la phrénologie et de l’anthropologie criminelle du XIXe siècle. Si la neurocriminologie s’efforce de défendre le caractère inédit de ses recherches et de dissimuler les stigmates de son long héritage, l’analyse conceptuelle et méthodologique de la littérature montre qu’elle est condamnée à réactualiser des présupposés hérités de l’organologie de Franz-Joseph Gall et de la criminologie positive de Cesare Lombroso. Les thèses de Gall et Lombroso imprègnent toutes les étapes de la construction des études : des stratégies de recherche privilégiées par les neurocriminologues jusqu’aux concepts mobilisés dans l’interprétation des données, en passant par les présupposés qui sous-tendent chacun des choix méthodologiques opérés. Cette analyse permet en particulier de déconstruire le double discours de la neurocriminologie, laquelle se défend de négliger l’influence des facteurs socio-environnementaux dans le développement de la criminalité, tout en cherchant à confirmer un modèle préformationniste admis au préalable. L’interprétation des données recueillies chez les criminels vise à montrer que leur dangerosité s’exprime au travers d’une potentialité préexistante, d’un état cérébral porteur d’une anomalie particulière, et qui détermine toutes les conditions d’émergence du comportement criminel. Il en résulte une démarche parfaitement circulaire, condamnée à produire des biais de confirmation en vue de promouvoir les finalités poursuivies par les chercheurs, sans fournir aucune explication des phénomènes psychologiques étudiés.

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Formé auprès de Gaston Bonnier (1853-1922) à Paris à la fin des années 1880, Henri Devaux (1862-1956) s’impose comme l’un des botanistes prometteurs de sa génération en travaillant sur les échanges gazeux chez les plantes aquatiques. De 1906 à 1932, il occupe la chaire de physiologie végétale de la Faculté des sciences de Bordeaux. Bien que ce ne soit pas son domaine de prédilection, il s’intéresse progressivement à la physico-chimie des lames (ou couches) minces et devient l’une des figures de l’école française qui émerge dans les années 1910 autour de ces questions. Tout au long du premier tiers du XXe siècle, ses travaux sur les effets de surface vont faire autorité, y compris outre-Atlantique, et lui ouvrir les portes de l’Académie des sciences. Les lames minces sont aussi un moyen pour lui de comprendre la structure et le fonctionnement des membranes cellulaires et in fine ceux du vivant à l’échelle moléculaire. En nous appuyant sur près de 10 000 pages de notes de laboratoire inédites, nous avons reconstruit l’essentiel de son cheminement intellectuel dans ce domaine.Ancré dans la foi réformée, Devaux cherche par ailleurs à montrer dans des écrits de vulgarisation que les savoirs scientifiques et la Bible concordent. Il y défend notamment une vision créationniste et fixiste du monde. Devaux lie régulièrement science et religion dans ses carnets de laboratoire et affirme même sa foi dans un article du Journal de physique.

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Le néomalthusianisme est un courant de pensée qui réunit des pédagogues, des médecins, des anthropologues et des militants féministes et anarchistes. Sa réflexion et son action ont une dimension politique, économique et scientifique. Son projet est une transformation profonde des sociétés humaines par la limitation des naissances afin d'aboutir à une meilleure organisation sociale, capable de répondre à l'aspiration légitime des êtres humains au bonheur. Les moyens pour atteindre cet objectif sont la généralisation de la prophylaxie anticonceptionnelle qui comprend les techniques contraceptives et l'avortement. Le mouvement néomalthusien a été particulièrement actif en France, des années 1890 à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Il a également soulevé de nombreuses oppositions et a été activement combattu, notamment après la Première Guerre mondiale. S'intéressant au nombre des naissances, le néomalthusianisme souligne l'incompatibilité entre l'augmentation exponentielle de ce dernier et la possibilité pour les membres composant une collectivité de disposer du nécessaire afin d'atteindre le bonheur.De ce fait, le néomalthusianisme français est inséparable de l'eugénisme, thème central dans l'histoire de ce mouvement, de son émergence à ses derniers développements dans les années 1930. Le présent travail a pour objectif de tracer un portrait synthétique inédit du néomalthusianisme français en privilégiant son rapport aux sciences biomédicales et à la culture scientifique. [...]

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La chimie des résines est née en France à Bordeaux au début du XXe siècle. Son émergence est inextricablement liée à la création de l’Institut du Pin. Cet établissement est une entité complexe dont les origines remontent à 1900, moment où Maurice Vèzes, professeur de chimie, établit à Bordeaux le Laboratoire de chimie appliquée à l’industrie des résines afin d’aider l’industrie locale à résoudre une crise sociale et économique. La place des produits résineux sur le marché est menacée à l’époque par l’émergence de l’industrie pétrolière. Sous la direction des grandes figures de la chimie française Georges Dupont et Georges Brus, l’Institut du Pin contribue à la valorisation de la résine de pin. Non seulement il développe de nouveaux débouchés, mais il s’implique dans la normalisation de dérivés résineux en France et à l’international. Les travaux de l’Institut suscitent aussi l’intérêt outre-Atlantique. L’industrie américaine des résines profite amplement de l’expertise française et essaie d’établir ses propres institutions scientifiques à l’image de celles en France. L’Institut du Pin devient le véritable centre mondial de la chimie des résines et remplit ce rôle jusqu’au déclin de l’industrie régionale à la fin des années 1960.

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En 1638, paraît en Angleterre un ouvrage de John Wilkins (1614 - 1672), traitant de la pluralité des Mondes et plus précisément de la découverte d’un nouveau Monde : la Lune. Grâce à une argumentation dialectique, l’auteur tente de montrer la similarité entre la Terre et notre satellite. Il s’appuie pour cela sur le modèle copernicien et sur les observations astronomiques de Galilée. De cette similarité, en résulte, selon lui, l’idée que la Lune est peut-être habitée comme la Terre, par des êtres qu’il nomme Sélénites. Il ajoute qu’il serait possible de s’y rendre, et de commercer avec les habitants. L’objectif de cette thèse est d’étudier la place des sciences du vivant dans les théories sur la pluralité des Mondes, principalement dans l’œuvre de John Wilkins, et les différentes implications littéraires, théologiques et philosophiques qui en découlent.

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F. Bordes marque de son empreinte la construction de la préhistoire dans la seconde moitié du XXe siècle. Une analyse thématique de son oeuvre en trois parties permet de mettre en lumière ses principaux aspects.Une première partie, intitulée « Une approche normative », est consacrée à la démarche de F. Bordes qui est caractérisée par un renouvellement méthodologique. Une seconde partie, au titre de « Les industries lithiques comme fil d’Ariane », est consacrée aux interprétations de F. Bordes concernant l’évolution des cultures préhistoriques et à ses recherches pour reconstituer la vie quotidienne matérielle au Paléolithique. Une troisième partie, « La construction d’une école de pensée », aborde la place particulière de F. Bordes au sein de la communauté des préhistoriens. Enfin, F. Bordes est également Francis Carsac, un auteur de science-fiction, dont l’étude des récits permet de donner un éclairage complémentaire sur ses préoccupations. En conclusion de cette thèse, un regard est porté ce qu’il reste de sa contribution scientifique.

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L’objet de ce travail est d’étudier les évolutions des mathématiques dans l’État de Saxe entre 1765 et 1851. En analysant les transformations sociales et institutionnelles de la discipline, nous montrons que cette période, loin d'être une période creuse pour les mathématiques allemandes, est riche en réflexions sur leur rôle et leurs méthodes. Une attention particulière est portée aux réformes des institutions scientifiques et techniques dans lesquelles les mathématiques sont pratiquées, notamment les universités de Leipzig et Wittenberg, l’Académie des mines de Freiberg et l’École polytechnique de Dresde. Les archives des établissements, ainsi que l'étude biographique des mathématiciens, permettent d'analyser les politiques scientifiques engagées et leur influence sur le développement des sciences mathématiques en Saxe.

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