Esthétique propre. La mise en administration des graffitis à Paris de 1977 à 2017 - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2017

Aesthetics Order. Graffiti administration in Paris. 1977-2017

Esthétique propre. La mise en administration des graffitis à Paris de 1977 à 2017

Résumé

In this PhD, the “graffiti” refers negatively to every practice of wall/mural inscription, which contributes to degrade the “aesthetic order of a city produced by the public authorities. This expression encompasses both the notion of order, that is the political power which is troubled by any graffiti and the aesthetic dimension of this power, something that overtakes the only public expression regulation and is part of the broader government of public spaces. With such a definition, graffiti refers not only to a message, a deviance, a degradation, a cultural practice or even an art, but it also becomes an operating concept for a political science study. This definition as an « aesthetic disorder » leads us to examine the public policies measures which contribute to produce an aesthetic order proper to the city. This reflection also allows to question categorisations, public problems and their effects on common sense constructions, graffiti representations and on the physical, material, aesthetic aspect of the city. As a socio-historical study on public policies, this PhD traces the history of the graffitis’ “administrativisation” in Paris, the production of an aesthetic order in this city from 1977 to 2017. The local council of Paris regulates those paintings as stains, through cleaning policies, with erasure measures, but it also regulates graffitis as cultural objects, through many cultural measures, carried by different sectors of the administration (urban planning, cultural and touristic policies). Tracing the genesis of those measures in the public local administration, we try to understand how the coherence between several administration areas is built, and we show how the graffiti becomes a public problem in this context. Degradation, visual pollution, source of insecurity, popular culture or urban art: from 1977 to 2017, the public problem of “graffiti” has been built around several definitions by local actors. Based on archives, interviews, observations and photographs, this work attempts to outline the diversity of the public local actors’ roles, the problem redefinition’s conditions and its successive agenda settings. In this socio-history of the graffiti’s “administrativisation”, our hypothesis is the following: the graffiti seizure by local authorities is revealing their ambition to monopolise a legitim definition of “the beautiful” public space, a legitim city image. The aim of this PhD is then to identify this legitimacy construction, its historical, social and political conditions of appearance. The demonstration is built on two parts, tracing chronologically the history of two aspects of the graffiti public problem. First, we clarify how local public authorities try to standardize (to norm) the aesthetic of public spaces through cleaning policies that tag the graffiti as a deviance, a source of disorder. Secondly, this analyse will focus on how different public cultural measures progressively promote some forms of graffitis and lead to a normalisation of the urban aesthetic. Finally, we show how urban actors organise the control of urban aesthetic, and which are the social and political issues hold into the production of a certain aesthetic order.
Dans cette thèse, le graffiti désigne, négativement, toute pratique d’inscription murale qui contribue à altérer l’« ordre esthétique » d’une ville, produit par les pouvoirs publics. Cette expression permet de désigner d’un côté l’ordre, c’est-à-dire le pouvoir politique, que l’inscription d’un graffiti sur un mur vient troubler. De l’autre la dimension esthétique de ce pouvoir, c’est-à-dire quelque chose qui dépasse la simple régulation de l’expression politique et s’inscrit, plus largement, dans le gouvernement des espaces publics. Ainsi défini, le graffiti n’est pas seulement analysé comme un message, une déviance, un dommage aux biens, une pratique culturelle ou un art, mais il devient un concept opératoire pour la science politique. Cette définition en termes de « désordre esthétique » permet d’interroger les dispositifs d’action publique qui contribuent à produire l’ordre esthétique propre à la ville. Elle permet aussi de questionner les catégorisations, les problèmes véhiculés par ces dispositifs ainsi que leurs effets sur la construction du sens commun, sur les représentations associées au graffiti, et surtout sur l’aspect physique, matériel, et donc esthétique de la ville. Inscrite dans la perspective d’une socio-histoire de l’action publique, cette thèse retrace l’histoire de la « mise en administration » du graffiti à Paris, la production d’un « ordre esthétique » dans cette ville de 1977 à 2017. À Paris, la municipalité administre ces peintures comme des « souillures » à travers des dispositifs d’effacement portés par les politiques de propreté, mais aussi comme des objets culturels à travers des dispositifs d’encadrement culturel, portés par différents domaines d’action publique (aménagement, culture, tourisme). En retraçant la genèse des dispositifs de répression et de promotion des graffitis au sein de l’administration parisienne, cette thèse propose de comprendre la manière dont s’articulent plusieurs domaines d’action publique et d’analyser la construction municipale d’un problème du graffiti. Dommage aux biens, nuisance visuelle, facteur du sentiment d’insécurité, culture populaire ou art urbain symbole de la vitalité artistique de Paris, le graffiti est un problème public qui, de 1977 à 2017, connaît plusieurs redéfinitions dans lesquelles les acteurs publics municipaux jouent des rôles variables. S’appuyant sur des archives, des entretiens semi-directifs, des observations et des photographies, ce travail s’attache à rendre compte de la variété de ces rôles, des conditions de la redéfinition du problème et ses mises à l’agenda successives. Au cœur de cette socio-histoire de la « mise en administration » du graffiti, une hypothèse : la saisie du graffiti par les acteurs municipaux est révélatrice de l’ambition municipale de monopoliser la définition légitime du « bel » espace public, de l’image de la Ville, au propre comme au figuré. L’enjeu de la thèse est alors de mettre en lumière les conditions historiques, sociales et politiques de la construction de cette légitimité. La démonstration s’organise en deux parties qui retracent chronologiquement la genèse des deux facettes du problème public qui se construit autour du graffiti. Dans la première partie, on montre la manière dont les pouvoirs publics norment l’esthétique des espaces urbains à travers les politiques de propreté qui font du graffiti le résultat d’un acte déviant, une source de désordre. La seconde partie analyse la manière dont différentes actions culturelles promeuvent progressivement certaines formes de graffitis et opèrent ainsi une normalisation de l’esthétique urbaine. Il s’agit finalement de montrer quels comment les acteurs urbains organisent le contrôle de l’esthétique urbaine, quels sont les enjeux sociaux et politiques contenus dans la production d’un certain « ordre esthétique ».
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Citer

Julie Vaslin. Esthétique propre. La mise en administration des graffitis à Paris de 1977 à 2017. Science politique. Université Lyon 2 Lumière; Sciencespo Lyon, 2017. Français. ⟨NNT : 2017LYSE2096⟩. ⟨tel-01824193⟩
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