Habilitation à diriger des recherches. Pour une romanistique moderne : la microtypologie. - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Hdr Année : 2015

Habilitation à diriger des recherches. Pour une romanistique moderne : la microtypologie.

Résumé

Ce mémoire est composé de six chapitres, regroupés en trois sections distinctes. Je pars de considérations méthodologiques et théoriques dans la première section, « Prolégomènes méthodologiques ». Dans la deuxième, « Questionnements (et quelques débuts de réponse) », je décris mon parcours et l’essentiel des recherches que j’ai menées, seul et en collaboration, en exposant mon cheminement d’un intérêt pour l’histoire de la langue vers la romanistique et la typologie, avec un fil rouge : l’étude de l’espace et de sa place dans la langue. Je montre en fin de compte que mes recherches préfigurent le projet dont je présente l’ébauche dans la troisième et dernière section, « Suites ». Je conçois ce programme de recherches comme une façon de compenser certains biais actuels de la linguistique, en combinant l’étude de deux types de variation (diachronique et diatopique) pour former une approche nouvelle, que je propose d’appeler « microtypologie ». Dans le premier chapitre, « Questions de méthode : le corpus comme outil de base », j’expose les points essentiels de mon approche méthodologique, à savoir en premier lieu l’importance à mes yeux des données linguistiques, impliquant le recours aux corpus ; ensuite l’utilisation attentive et prudente des statistiques ; enfin le caractère indispensable de la réplicabilité et de la réplication, difficiles cependant à mettre en œuvre dans certains domaines. Dans le deuxième chapitre, « Eclairages », je décris mon cadre théorique, qui s’inscrit à la croisée de plusieurs sous-disciplines : diachronie, linguistique contrastive, linguistique romane, typologie et linguistique cognitive. Il est en effet fondamental, à mon avis, d’étudier chaque phénomène non seulement dans une langue à un moment donné mais aussi en diachronie, dans des langues proches et dans d’autres langues, à divers degrés de détail, avec autant que possible un contrôle expérimental, parce que chacun des pans de cette approche éclaire les autres, et que ce ne sont que les quatre réunis qui, de mon point de vue, permettent une vision suffisamment globale du phénomène pour espérer en avoir une vision réaliste sur le plan cognitif. Dans le troisième chapitre, « Le localisme », je présente brièvement le localisme, puis j’illustre cette thématique avec un choix de résultats issus de mes recherches, qui visent à vérifier le bien-fondé de cette théorie et à identifier ses limites. J’expose à cet effet les résultats d’un certain nombre d’études diachroniques sur corpus, distinguant trois types de cas, les preuves (existence d’attestations spatiales antérieures aux emplois non spatiaux), les illustrations potentielles (compatibles avec l’hypothèse localiste) et les contre-exemples (incompatibles avec l’hypothèse localiste). Dans le quatrième chapitre, « L’espace dans la langue », je décris une série de travaux visant à comprendre comment différentes langues permettent de conceptualiser l’espace. Ces recherches ont été conduites dans le cadre d’une série de projets financés par différents organismes (Fédération TUL du CNRS, Max Planck de Nimègue, Labex TransferS). Elles combinent expérimentation, élicitation et corpus, et portent sur des langues romanes, germaniques et slaves, ainsi que sur le thaï et le hongrois. Elles se répartissent sur quatre axes : études sur les relations spatiales statiques, sur le déplacement, sur le mouvement fictif et enfin sur l’asymétrie source / but. Dans le cinquième chapitre, « La grammaticalisation », j’expose les fondamentaux de la grammaticalisation. Après un rapide panorama des études actuelles et antérieures, je m’attarde davantage sur quelques points moins consensuels, pour lesquels j’expose les résultats de mes recherches. Je montre ainsi qu’il est assez délicat de faire la distinction entre grammaticalisation et lexicalisation d’une part, grammaticalisation et intersubjectification d’autre part. Je propose en conclusion une réflexion sur la vitesse des changements. Enfin, dans le sixième et dernier chapitre, « Projet de recherche », je décris mon programme de recherches pour les années à venir. Il ne se limite pas à une thématique, ni à une méthode : mon projet est de mettre une approche méthodologique renouvelée, que j’appelle la microtypologie, au service d’une ligne de recherche précise, la question du rapport entre impact cognitif des catégories linguistiques et degré de grammaticalisation. Le nom de microtypologie doit suggérer à la fois une vocation typologique et la volonté d’attention portée aux détails de chaque langue. Il ne s’agit pas de rendre compte de l’ensemble de la diversité linguistique, tâche dont l’énormité me paraît rédhibitoire, mais de fournir un pont entre typologues chargés d’identifier les systèmes et phénomènes existant dans des langues très variées d’une part, et linguistes spécialisés dans l’étude d’une langue d’autre part. Cet entre-deux est nécessairement incommode, parce qu’il exclut aussi bien la prétention universaliste des typologues que celle de connaissance parfaite de la langue à laquelle peuvent prétendre les spécialistes ; mais il me semble salutaire.
Fichier principal
Vignette du fichier
HDR_Synthèse_Fagard.pdf (3.03 Mo) Télécharger le fichier
HDR_Publications_Fagard.pdf (9.36 Mo) Télécharger le fichier

Dates et versions

tel-01241740 , version 1 (15-12-2015)

Identifiants

  • HAL Id : tel-01241740 , version 1

Citer

Benjamin Fagard. Habilitation à diriger des recherches. Pour une romanistique moderne : la microtypologie. : Mémoire de synthèse et Volume de publications.. Linguistique. Université François-Rabelais de Tours, 2015. ⟨tel-01241740⟩
366 Consultations
2361 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More