Un aspect du pluralité médicale en Chine populaire: les pratiques de qigong. Dimension thérapeutique, dimension sociale - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Thèse Année : 1995

Therapeutic Plurality in PR China: Qigong Practices. Health and Social Aspects

Un aspect du pluralité médicale en Chine populaire: les pratiques de qigong. Dimension thérapeutique, dimension sociale

Evelyne Micollier
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 845217

Résumé

As a whole, qigong, "practices of qi", breathing practices, corporeal and self-cultivation practices, is a (therapeutic and religious) body of knowledge and practices including elements of biomedical and biological sciences. Located at the core of therapeutic plurality, it reveals lay, traditional and modern knowledge and practices referring to key elements of Chinese thought and culture. The first part of the dissertation is about plurality in China from both historical and anthropological perspectives. The second part focuses on qigong practices, paradigmatic example of plural practice. Qigong is taken as a social phenomenon part of late 1980-1990s religious revival in China. The research is based on concepts and methods of social anthropology (ethnography), anthropology of health and China studies (history and sources). Fieldstudy was conducted in China for 13 months in rural context (Hainan Province in 1990) and in urban context (Guangzhou, 1991-1992), in multi-ethnic, pluri-linguistics and (Han) Southern Chinese sub-ethnic contexts. Collected in Canton, data on qigong consist of (participant) observations, oral sources from interviews, conversations and life stories (biographical method), diverse contemporary and historical written sources, audio and videotape records. Qigong forms and narratives are numerous and reveal multi-layered meanings. They are rooted in religious, medical, and martial arts practices and knowledge. Qigong demonstrates as well the importance of science in its development from the 1980s. Legitimation is sought in the scientific body of knowledge and practice. Such an heterogenous and hybrid body refers to at least two learning theories and medical epistemologies, one rooted in the local/national epistemology (Chinese thought and medicine), the other, from Europe at origin, adapted to the Chinese context (science paradigm). Qigong in the late twentieth century China, informs about governance aspects in the Chinese world and about State-society actors' interactions. For one generation, it was a privileged channel for voicing concerns and aspirations of persons, groups and diverse organizations in PR Chinese society. Qigong was an ideal observatory for studying social and cultural transformations in a period of accelerated economic reforms (initiated in the 1980s). Its multiple and innovative aspects transport us at the heart of religious and scientific practices. Early 1990s, I observed and analyzed medical forms revealing systematically religious components, ritual sequences, beliefs and ideas, and affiliations of practitioners. Institutionalized in the pre-constructed framework of traditional medicine in the healthcare system, system of "integrated" medical bodies resulting from post-1949 restructuring of the public health system, medical components were brought about and qigong was stripped of its religious aspects and meanings. The "official" obsession, unveiled as well among a number of qigong masters practicing within public sector's medical facilities, was to "scientifically" demonstrate qigong efficacy. Legitimation routes include experimental protocols as well as cultural and religious historical referents. Forms and contents of transmission reveal refined variations from ethnographic biographies: the building and development of the master-disciple relation are at the core of transmission, including a whole range of innovative components. Beyond permanences, new knowledge production processes are at work showing key epistemological shifts. Social organizations forms and networks gathering eclectic groups, civic and official actors can also be identified through qigong social phenomenon. Shortly, qigong as a social practice drawing on hybrid knowledge, highlights intertwinness at work between science and religion, modernity and tradition in times of China deep social change and globalization. (see Micollier, E. 1996 « Entre science et religion, modernité et tradition, le discours pluriel des pratiquants du qigong » dans J.Benoist éd. Soigner au pluriel. Essais sur le pluralisme médical, Paris, Karthala : 205-223)
Le qigong, « pratiques du qi, travail du souffle, exercices de l'énergie vitale », ou encore pratiques du corps et de cultivation de soi, est un ensemble de pratiques et de savoirs à dimension thérapeutique et religieuse, auquel s’ajoute des éléments de biomédecine et de biologie moderne. Il se situe au cœur de la pluralité thérapeutique révélant des savoirs et des pratiques populaires, traditionnelles et modernes qui renvoient à des éléments fondamentaux de la pensée et de la culture chinoises. La première partie de la thèse porte sur la pluralité thérapeutique en Chine dans une perspective historique et anthropologique ; la deuxième se focalise sur les pratiques de qigong, exemple paradigmatique de pratique plurielle. Le qigong est envisagé dans ses dimensions thérapeutiques et sociales : il est considéré comme un phénomène social et comme un mode d'expression privilégié du renouveau religieux. La recherche est fondée sur des concepts et des méthodes de l’anthropologie sociale (ethnologie, ethnographie), de l’anthropologie de la santé (étude du pluralisme médical) et du champ des études chinoises (histoire et sources). Elle fut conduite en Chine pendant 13 mois en milieu rural dans la province de Hainan en 1990 et en milieu urbain à Canton en 1991-1992, en contexte multi-ethnique, pluri-linguistique et sub-ethnique (Han). Recueillies à Canton, les données sur le qigong sont constituées de données de l’observation participante, de sources orales issues d'entretiens, de conversations et de la construction de récits de vie, et de sources écrites et audio-visuelles diverses (publications locales&nationales, presse, hagiographies, documents officiels/non-officiels. manuels de formation, sources historiques; documents audio, vidéos de pratiques, conférences, démonstrations techniques de maîtres, séances de soins, émissions radiophoniques, télévisées). Le qigong qui se décline en de nombreuses formes aux significations multiples s’enracine dans des pratiques religieuses, médicales et martiales. Il montre aussi l’importance de la science dans son développement contemporain à partir des années 1980. Les voies de légitimation sont recherchées dans le modèle « scientifique ». Cette configuration hétérogène et «hybridé» renvoie au moins à deux théories de la connaissance, l’une qui s’inscrit dans une continuité épistémologique locale&nationale, et l’autre, originaire d’Europe, adaptée au contexte chinois. Enfin, le qigong en Chine populaire éclaire des aspects de la gouvernance dans le monde chinois et des interactions entre acteurs de l’Etat et de la société civile. Pendant plus d’une génération, il fut un moyen d’expression privilégié pour des personnes, des groupes et des organisations de la société chinoise. Il constitue donc un observatoire idéal pour l’étude des transformations sociales et du réagencement du répertoire culturel aux « caractéristiques chinoises » en période de mise en œuvre accélérée de réformes économiques initiée dans les années 1980s. Ses multiples facettes nous plongent dans l’univers des pratiques religieuses et scientifiques. Au début des années 1990, j’ai observé et analysé sur le terrain en Chine des formes de qigong médical révélant toujours des ramifications religieuses au regard des pratiques, des idées et des affiliations des pratiquants. Institutionnalisés dans le cadre pré-construit de l’insertion de la médecine traditionnelle dans le système de santé publique, système de «médecines intégrées» résultant d’une restructuration du système de santé post-1949, les composantes médicales furent mises en avant au détriment des éléments religieux. L’obsession « officielle » qui se manifestait aussi chez certains maîtres exerçant dans l’institution médicale, était de démontrer « scientifiquement » l’efficacité du qigong. Les voies de légitimation du qigong passent donc par des protocoles de recherche expérimentaux mais aussi par un ensemble de référents historiques culturels et religieux. Les formes et les contenus de la transmission révèlent des variations fines à partir de biographies ethnographiques : la construction de la relation maître/disciple est encore au cœur de la transmission, avec sa palette de nuances créatives. Au-delà de certaines permanences, des processus nouveaux de production des savoirs caractérisés par une recomposition plurielle en matière de théories de la connaissance, voient le jour. Des formes d’organisation sociales et des réseaux tissés entre groupe de populations, entre acteurs civils et officiels, sont aussi révélés par le phénomène social qigong. Le qigong, pratique sociale et savoir hybride, éclaire des processus d’interactions à l’œuvre entre science et religion, modernité et tradition au temps de transformations sociales profondes en Chine et de la globalisation (cf. Micollier, E. 1996 « Entre science et religion, modernité et tradition, le discours pluriel des pratiquants du qigong » dans J.Benoist éd. Soigner au pluriel. Essais sur le pluralisme médical, Paris, Karthala : 205-223).
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Citer

Evelyne Micollier. Un aspect du pluralité médicale en Chine populaire: les pratiques de qigong. Dimension thérapeutique, dimension sociale . Anthropologie sociale et ethnologie. Aix-Marseille Université, 1995. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-01182166⟩
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