Caciquismes, résistances, violences. Les pedranos et l'Etat mexicain dans le Chiapas postrévolutionnaire. - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2014

Caciquisme, resistance, violence. The pedranos and the Mexican State in the Postrevolutionary Chiapas.

Caciquismes, résistances, violences. Les pedranos et l'Etat mexicain dans le Chiapas postrévolutionnaire.

Résumé

Based on the study of a rich corpus composed of life stories, participant observation made between 2003 and 2010, archives and documents collected in my fieldworks, this thesis explores the relationships of power and multiple domination waving the political life of the municipality of San Pedro Chenalhó, located in the region of the Highlands of Chiapas, in México. The thesis is based on a theoretical framework inspired by Gramsci in which fit together some analyzes borrowed from the sociology of social movements, political anthropology of the State and NGOs, and micro-history. The study in three parts dates back since the 1940s and ends in 2010, to analyze the genesis and transformation of the relations of the pedranos to the Mexican State, by portraits of local political and religious leaders. The political and economic crisis in Chiapas in the early 1990s was expressed in Chenalhó by a double phenomenon of political empowerment and justice: the rebellion of pedranos against cultural caciques first led to the creation of Zapatista autonomous municipality in Polhó in 1996 (analyzed from everyday life and hinged to the “mise en scène” of the Zapatista organization) ; and, consequently, the formation of a vigilant group in the ejido of Los Chorros in 1997. The reactivation of former political, religious or family antagonisms led to a violence “in cascade” throughout 1997. Detailed analysis of the murders and of the Acteal massacre attests to a combination of an “art of war” of pedranos (rumors, accusation of witchcraft, privatization of community spaces, arming of civilians, military uniforms costumes) and a sacrificial ritual of the Mexican State to restore a profound threatened order. Then the Acteal case and its interpretative controversies (intercommunal conflict/low intensity war, slaughter/battle), and reconciliation mechanisms with mitigated results illustrate how re-appropriation of the past acts as drivers of new collective actions by political and religious actors who seize a posteriori such historical, moral and symbolic ruptures. This thesis is an attempt to understand some of the challenges of contemporary Mexico, including political violence as constitutive of a modern Mexican Centaur crossed by recurrent crisis.
Fondée sur l’étude d’un corpus riche composé de récits de vie, d’observations participantes réalisées entre 2003 et 2010, d’archives et de documents récoltés sur le terrain, cette thèse explore les rapports de pouvoir et les dominations multiples qui agitent la vie politique de la municipalité de San Pedro Chenalhó, située dans la région des hautes-terres du Chiapas, Mexique. Afin de rendre compte de plusieurs processus qui se croisent sur ce même territoire, la thèse prend appui sur un cadre théorique inspiré de Gramsci dans lequel s’encastrent des analyses empruntées à la sociologie des mouvements sociaux, l’anthropologie politique de l’État et des ONG, la médiation politique ainsi que la micro-histoire. L’étude en trois volets remonte aux années 1940 et s’achève en 2010, pour mener une topographie du pouvoir. Elle analyse la genèse et les transformations des rapports des pedranos à l’État mexicain et intègre les jeux d'échelle du local au global, par le biais de portraits de leaders politiques et religieux, locaux et régionaux. La crise politique et économique que connaît le Chiapas au tournant des années 1990 s’est exprimée à Chenalhó par un double phénomène d’autonomisation du politique et de la justice : la rébellion des pedranos contre des caciques culturels entraîna d’abord la création d’une municipalité autonome zapatiste à Polhó en 1996 (analysée depuis la vie quotidienne et articulée à la mise en scène de l’organisation zapatiste) et engendra ensuite la formation d’un groupe d’autodéfense dans l’ejido de Los Chorros en 1997. La réactivation d’anciens antagonismes politiques, religieux ou familiaux entraîna des violences en cascade tout au long de l’année 1997. L’analyse détaillée des assassinats et du massacre d’Acteal atteste d’une combinaison d’un « art de la guerre » des pedranos (rumeurs, accusations de sorcellerie, privatisation des espaces communautaires, armement de civils, déguisements en uniformes militaires) et d’un rituel sacrificiel de l’État mexicain visant à réinstaurer un ordre profondément menacé. Puis la thèse se concentre sur le massacre d'Acteal (22 décembre 1997) qui eut un retentissement international, déclencha une « affaire » en deux temps : d'abord en 1998 puis en 2007, autour de controverses interprétatives (conflit intercommunautaire/guerre de basse intensité, massacre/bataille). Il généra des mobilisations des victimes et entraîna l'arrivée au Chiapas de l'aide humanitaire et de nombreuses ONG. Enfin, les dispositifs de réconciliation « par le bas » mis en œuvre par la « société civile » illustrent la manière dont le passé est approprié par les pedranos et servent de moteurs à de nouvelles actions collectives par des acteurs politiques et religieux qui s’emparent a posteriori de telles ruptures historique, morale et symbolique. Cette thèse tente ainsi de saisir quelques-uns des enjeux du Mexique contemporain, notamment la violence politique constitutive d’un Centaure mexicain moderne traversé par des crises récurrentes.
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Citer

Sabrina Melenotte. Caciquismes, résistances, violences. Les pedranos et l'Etat mexicain dans le Chiapas postrévolutionnaire.. Anthropologie sociale et ethnologie. Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), 2014. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-01166862v2⟩
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