Les modificateurs argumentatifs et leur fonction dans des fables de La Fontaine - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2001

The argumentative modificators and their function in fairy tales frome “Les fables” of La Fontaine

Les modificateurs argumentatifs et leur fonction dans des fables de La Fontaine

Essam Abdel Fattah
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 863029

Résumé

The thesis aims at studying the argumentative modificators and their function in language. The theory of argumentation in language (ADL) which was founded and institutionalised in the seventies by Oswald Ducrot and Jean Claude Anscombre profoundly treated the argumentative modificators because of their important role in discourse.
According to this theory, the fundamental function of language doesn't consist in describing reality, but in argumentation. The mdificators are defined as lexical words which can either strengthen or weaken the argumentative potentialities of language's predicats ; they highlight the diverse orientations and the argumentative strategies of discourses. In fact, the argumentative modificators have been highly developed in line to development of the theory itself. There are actually two versions of the theory of argumentation in language: the first on is the topique version where the meaning of words consist of a package of topoï. The usage of the modificators with the nouns for example may realise or derealise their applicability in the discourse.
The second version of the theory replaces the topoï by semantic blocs which accordingly consist in different semantic constructions created by the discourse.
The study is based on the analysis of a lot of different selection of fairy tales abstracted from “Les fables” of La Fontaine.
Cette thèse se propose d'étudier la fonction des modificateurs argumentatifs dans le discours tels qu'ils ont été développés au sein de la théorie de l'argumentation dans la langue (l'ADL) dans ses deux versions : topique et non topique. Le corpus d'application est composé de multiples extraits des fables de La Fontaine et de quelques autres fables complètes.
La théorie de l'ADL repose sur deux thèses principales :

1) Les énoncés ne sont pas aptes à communiquer des états de faits, mais des actions, c'est-à-dire des actes de langage (ordre, promesse, assertion...etc.).

2) Le sens de tout énoncé consiste à véhiculer une image de sa propre énonciation (la sui-référence). Pour comprendre un énoncé, il faut donc comprendre tous les renseignements qu'il donne sur son énonciation : les raisons de son énonciation, le type d'acte qu'il accomplit et les instances de discours qui y sont impliqués.

Selon l'ADL, la structure de la langue est dotée de propriétés argumentatives qui permettent à l'énonciation de réaliser sa fonction : communiquer et faire agir. Cela dit, l'étude de l'énonciation impose de distinguer la signification de la phrase et le sens de son énoncé. La première se réduit à un ensemble d'instructions abstraites auxquelles il faudrait se conformer pour calculer, interpréter ou construire le sens de l'énoncé. Dans cette perspective, la relation entre énoncés est de nature argumentative et non inférentielle. Tout énoncé sert d'argument pour un autre présenté comme étant sa conclusion. De plus, l'énonciation en tant qu'une activité à l'origine de la production de l'énoncé, met en place tout un ensemble d'instances de discours à fonctions différentes. C'est la signification de la phrase qui impose de les repérer dans toute énonciation.
Ainsi l'ADL défend deux thèses étroitement liées : la polyphonie et l'argumentation intégrée dans la langue.
Notre étude est donc composée de trois parties.
La première, axée sur les fondements méthodologiques de l'ADL, explique avec des exemples (extraits tirés du corpus) sa méthode de simulation consistant à observer les phénomènes linguistiques, notamment l'attribution du sens à un énoncé, à partir des hypothèses qui les intègrent dans les concepts de la théorie destinée à en rendre compte. Dans cette partie, la théorie polyphonique est donnée comme un exemple appliqué de cette méthode.

Dans la deuxième partie, il s'agit d'y exposer le développement de l'ADL depuis sa première phase informativiste où elle était accolée aux faits jusqu'à sa dernière phase où elle s'en est complètement débarrassée pour devenir un argumentativisme radical visant à construire une sémantique purement discursive. Dans cette dernière phase, l'ADL fonde l'argumentation sur l'existence des principes généraux (topoï) qui font partie de la signification des mots et, par suite, garantissent le passage d'un énoncé-argument à un énoncé-conclusion. Etant de nature graduelle, les topoï sont susceptibles d'être plus ou moins appliqués grâce aux modificateurs.
Pour radicaliser danvantage ses décisions théoriques, l'ADL abandonne la théorie des topoï et y substitue la théorie des blocs sémantiques où le caractère argumentatif du discours n'est plus lié aux topoï, mais à l'interdépendance entre les segments de l'enchaînement argumentatif. Cette interdépendance prend la forme d'un bloc sémantique liant un segment à un autre.

Dans la troisième et dernière partie, centrée sur les modificateurs, il s'agit d'analyser leur fonction argumentative dans le discours. Ce sont des mots lexicaux (adjectifs ou adverbes) qui, appliqués aux prédicats de la langue, sont susceptibles d'accroître (pour les modificateurs réalisants ou surréalisants) ou d'atténuer (pour les modificateurs déréalisants) l'applicabilité des topoï constitutifs de leur sens.
L'étude des modificateurs, appliquée à quelques fables entières ou à des extraits étendus de certaines d'entre elles, cherche donc à mettre en lumière le comportement argumentatif des adjectifs, des adverbes, de la négation, du ne...que évaluatif et non évaluatif et des expressions temporelles et spatiales, et leurs effets déréalisants et réalisants par rapport à l'orientation argumentative du discours littéraire. L'étude a aussi traité le problème des modificateurs dans la sémantique des blocs sémantiques où ils ont été redéfinis et élargis de manière à permettre à l'ADL de remédier à certaines lacunes dans la théorie des topoï et à élaborer la notion d'internalisateurs (normatifs et transgressifs) qui ont eux aussi des fonctions argumentatives semblables à celles des modificateurs.
En conclusion, l'application de la théorie des modificateurs au corpus à montré que les stratégies argumentatives reposent essentiellement sur un jeu de déréalisation et de réalisation dans le discours et que les phénomènes rhétoriques servent presque tous, du point de vue linguistique, de modificateurs complexes par rapport aux prédicats auxquels ils ont appliqués. Elle a également révélé les problèmes que rencontre la théorie des topoï dans la mesure où elle n'a pu se départir complètement de l'interprétation référentielle des valeurs argumentatives des prédicats. Pour remédier à ces lacunes théoriques, l'ADL a substitué à la théorie des topoï, celle des blocs sémantiques. Or pour maintenir la notion de gradualité, notion capitale dans la théorie de l'ADL, la théorie des blocs sémantiques devrait la redéfinir de manière à la rendre plus compatible avec ses nouveaux concepts.
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Dates et versions

tel-00413502 , version 1 (20-09-2009)

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  • HAL Id : tel-00413502 , version 1

Citer

Essam Abdel Fattah. Les modificateurs argumentatifs et leur fonction dans des fables de La Fontaine. Sciences de l'Homme et Société. Université du Caire, 2001. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-00413502⟩

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