La souffrance environnementale en procès ? Les phoques décapités au tribunal de Quimper
Résumé
A partir de la seconde partie du XXe siècle, la médiatisation du sort des phoques dans le monde occidental a largement participé au renouveau du militantisme pro-animaux, en articulant le souci de la souffrance animale à des enjeux de préservation de l’espèce. Ce groupe d’espèce est, depuis, l’objet de protections fortes à visée conservatoire en France, comme pour d’autres mammifères marins. Mais la coexistence sur les mêmes territoires entre exploitants de la mer et ces grands prédateurs est aussi, depuis longtemps, source de conflits. Depuis 2018, plusieurs cas de « maltraitance » envers des phoques sur les littoraux français (Bretagne, Nord) ont été relatés dans la presse. En 2019, à Concarneau des cadavres de phoques sont retrouvés sans tête. Un procès singulier a alors lieu en octobre 2020 à Quimper. Une dizaine d’ONG et associations, provenant d’une part du militantisme pour la cause animale et d’autre part de la protection de la biodiversité, se sont constituées en partie civile. En revenant sur la médiatisation de cette affaire et à partir de nos observations de l’audience, nous proposons de montrer comment ont convergé deux registres de protection animale (souffrance des individus et préservation de l’espèce) et l’influence engendrée sur le statut des animaux lors de cette judiciarisation.
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