Rwanda – Lettre de Jean-Pierre Chrétien
Résumé
Il est des objets d’étude et des analyses scientifiques qui jouxtent de si près les enjeux politiques conjoncturels construits par des professionnels de la politique qu’ils ne cessent d’en être affectés. Ils deviennent à leur tour des ressources politiques susceptibles à tout moment d’être instrumentalisés et manipulés hors de toute considération scientifique et académique. L’écriture de l’histoire du génocide au Rwanda en fait partie, et tout particulièrement en France en raison de l’implication du pays dans cette Histoire. Elle est de fait, depuis quelques semaines au centre d’une nouvelle polémique.
Cette polémique dépasse largement les querelles de personnes. Elle soulève deux questions fondamentales : d’une part celle du respect intransigeant de la méthode scientifique en sciences sociales, du rapport aux faits et à leur interprétation intégrant les procédures de vérification et de signalement des erreurs ; et d’autre part celle du rapport de cette démarche avec le politique et de son immunisation éventuelle contre lui. Le laboratoire LAM, comme d’autres institutions de recherche travaillant sur les sociétés africaines, a décidé de publier ici la lettre que Jean-Pierre Chrétien a écrite à la Société Française d’Histoire des Outre-Mers (SFHOM) avec laquelle le lie un long compagnonnage. « Historien reconnu pour les travaux qu’il mène depuis 50 ans sur l’Afrique des grands Lacs, il rappelle que l’écriture de l’histoire …est une affaire sérieuse qui ne saurait se laisser enfermer dans les débats d’opinions et les (més)usages politiques de l’Histoire », écrivent les membres du conseil scientifique du GIS Afrique.
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