Renouveler les élites : les commissions de recrutement des étudiants par la voie « conventions éducation prioritaire » de Sciences Po et la transformation des modes de sélection dans l’enseignement supérieur
Résumé
En 2001, Sciences Po créa une procédure d’admission spécifique relevant d’une discrimination positive indirecte. Elle ciblait en effet des jeunes issus de l’immigration et des milieux populaires par le biais de conventions avec un ensemble de lycées choisis en fonction de la composition sociale de leur public. Les lycéens étaient alors sélectionnés suivant leur « potentiel », leur motivation et leur persévérance.Ce dispositif, intitulé « Conventions éducation prioritaire », a comporté dès l’origine trois étapes : la participation à des « ateliers Sciences Po » dans les lycées notamment pour préparer un dossier de presse au sujet choisi dans l’actualité par le candidat ; la soutenance de ce dossier de presse devant un « jury d’admissibilité » au sein des lycées ; pour les élèves déclarés « admissibles », un entretienoral devant un jury d’admission dont nous explorons en détail le fonctionnement dans cette communication.Aux frontières du monde de l’enseignement supérieur et du monde professionnel – public et privé – par la composition de leurs commissions, ces jurys constituent un objet idéal pour observer les transformations de modes de sélection qui visent à renouveler les élites scolaires promises à devenir des élites professionnelles, économiques ou politiques.
Origine : Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte