Le temps compté de l’Anthropocène - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue française d'éthique appliquée Année : 2020

Le temps compté de l’Anthropocène

Résumé

The Anthropocene could be an “end of time” for humanity. Everything is accelerating, everything is deteriorating, and the future is closing up before us. Should there be a leap forward, as a certain “prometheism” hopes, through the use of a technical mastery of the effects of our activities on the biosphere? We won’t get there in time. In powerlessness, isn’t it human not to look too far, and try to distract oneself while one can? But it is still playing into the hands of a highly destructive, debilitating consumer society. We can hope for better, much better. Certainly deprived of a certain future, future under the sign of always higher bidding and illimitation, we are requested to do deal with new constraints. But any constraint is not a loss. It can also make it possible to find a place within a world larger than us, within a nature still capable of sheltering us. Another future is possible, punctuated by the days and the nights, by the seasons, by the dead and the births, an opened future, unplanned, that can give us a feeling of eternity and make vain to us consumption, and truly intolerable the destruction of the time of those who still come into the world.
L’Anthropocène pourrait être une « fin des temps » pour l’humanité. Tout s’accélère, tout se dégrade, et l’avenir se referme devant nous. Faudrait-il un bond en avant, comme l’espère un certain prométhéisme, par le recours à une maîtrise technique des effets de nos activités sur la biosphère ? Nous n’y parviendrons pas à temps. Dans l’impuissance, n’est-il pas humain d’éviter de porter son regard trop loin, et d’essayer de se distraire tant qu’on le peut ? Mais c’est encore faire le jeu d’une société de consommation hautement destructrice, et débilitante. Nous pouvons espérer mieux, beaucoup mieux. Privés certes d’un certain avenir, avenir sous le signe de la surenchère et de l’illimitation, nous sommes invités à faire avec de nouvelles contraintes. Mais toute contrainte n’est pas une perte. Elle peut aussi permettre de trouver sa place au sein d’un monde plus grand que nous, au sein d’une nature encore susceptible de nous abriter. Un autre avenir est possible, rythmé par les jours et les nuits, par les saisons, par les morts et les naissances, un avenir aussi ouvert, non planifié, qui puisse nous donner un sentiment d’éternité et nous rendre vaine la consommation, et véritablement intolérable la destruction du temps de celles et ceux qui viennent encore au monde.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-03171720 , version 1 (17-03-2021)

Identifiants

Citer

Renaud Hétier. Le temps compté de l’Anthropocène. Revue française d'éthique appliquée, 2020, 10, pp.42-56. ⟨10.3917/rfeap.010.0042⟩. ⟨halshs-03171720⟩
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