Compter ou conter la nature ? Production de données environnementales et enjeux de pouvoir - HAL Accéder directement au contenu
Chapitre d'ouvrage Année : 2018

Compter ou conter la nature ? Production de données environnementales et enjeux de pouvoir

Frédérique Blot
Rémi Bénos

Résumé

L'idée d'intégration de l'environnement dans les politiques de développement a été exprimée très clairement dans les années 1960-1970 au niveau international. L’ONU programme la première conférence sur l'environnement et le développement à Stockholm dès 1972, notamment suite à une réunion d'experts tenue à Founex en 1971 et aux conclusions du programme MAB. Cette inscription à l'agenda politique international a été justifiée par la présentation de mesures effectuées par les scientifiques et les experts dans un contexte de multiplication de problèmes environnementaux. Dès lors, l'intégration des "données" environnementales dans tout processus de production, dans toute pratique, devait être effectuée en fonction de connaissances considérées comme objectives. Mais comment sont produites les données ? Par qui et pour quels usages ? Le regard scientifique porte encore peu sur les conditions sociales de construction et d'utilisation des données environnementales. Ces savoirs, qui se veulent neutres ou objectifs mais qui sont orientés par des valeurs et des normes situées dans l’espace et dans le temps, sont utilisés par les acteurs qui les ont missionnés. Ainsi, les représentations scientifiques peuvent modifier ou renforcer les discours sur la gestion des ressources naturelles et servir de justification pratique pour l'action publique. Savoir « compter la nature » a des conséquences directes sur le pouvoir de la dompter, sans que nul n’ait à assumer les choix et les investissements nécessaires puisque justifié par des processus de "naturalisation". Pourtant, la qualification de l'état de composantes environnementales – construction de savoirs – ne va pas de soit. Au delà du fait que les problèmes environnementaux subsistent, la qualification de l'état de l'environnement et des normes qui pourraient en découler suscite des controverses et des conflits. Plus encore, il s'agit de processus qui résulteraient de rapports de pouvoir qui contribueraient à valider certains types de relations à l'environnement et à légitimer une organisation sociale en particulier inscrites dans le temps. Cette communication propose ainsi de mettre à jour les logiques de pouvoir qui président la production de données environnementales dans leur diversité et leur mobilisation dans l’action publique. Trois problématiques situées en France et en Espagne sont mises à contribution : la gestion de l'eau, la connectivité écologique (l’exemple des Trames Vertes et Bleues) et la patrimonialisation d’icônes paysagères (l’exemple des Grands Sites de France). L’approche constructiviste et les matériaux empiriques issus de ces trois études de cas permettent de mettre à jour la nature sociale de la connaissance, le rôle des acteurs de ces savoirs (producteurs, détenteurs et transmetteurs) et les implicites des discours associés au contenu de ces savoirs.
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Dates et versions

halshs-03133923, version 1 (07-02-2021)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-03133923 , version 1

Citer

Frédérique Blot, Ana G. Besteiro, Rémi Bénos. Compter ou conter la nature ? Production de données environnementales et enjeux de pouvoir. Laurent Coumel; Raphaël Morera; Alexis Vrignon. Pouvoirs et environnement. Entre confiance et défiance, XVe-XXIe siècle, Presses Universitaires de Rennes, http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=4568, 2018, Pouvoirs et environnement. Entre confiance et défiance, XVe-XXIe siècle, 978-2-7535-6507-4. ⟨halshs-03133923⟩
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Dernière date de mise à jour le 21/04/2024
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