Wine and gastronomy. To make experience and existence on good terms

Vin et gastronomie. Faire vivre expérience et existence en bons termes

Jean-Jacques Boutaud (1)

1 CIMEOS - Communications, Médiations, Organisations, Savoirs

Even before summoning up, more or less, what has been said and written about consumer experience and experiential experience since one of Holbrook and Hirschman's (1982) seminal articles, it is easy to imagine why these concepts exert such a power of attraction. The value being above all differential, it is necessary to get out of the everyday life, out of its continuum. By dint of habits, or even routines, this everyday life loses substance. We must therefore revitalize it, give it matter and meaning with peaks of sensations, emotions, sudden revelations, related to oneself and the world. This is both the operative and symbolic function of the experience, which can be condensed into a few modal operations: surprising, revealing, making people live and see differently. Of course, it is up to us to go a little further on the phenomenological character of this experience. To understand how it manifests itself and gives itself the chance to take, as a reenchanted parenthesis or acme point, a break with the mechanics of daily or ordinary life. In this respect, the gastronomic universe, a permanent theater of invention between wine and food, sensations and discourse, emotions and sharing, offers a field of experiences that is without doubt unequalled or unrivalled, all cultures combined. This is due to the magic of the power of incorporation, of flavor in value, of food in signs with a strong symbolic charge, as soon as it is a question of drinking or eating, of sharing a meal or of projecting oneself into a food imaginary.

Avant même de convoquer, peu ou prou, ce qui a pu être dit et écrit sur l'expérience de consommation et l'expérientiel, depuis l'un des articles fondateurs d'Holbrook et Hirschman (1982), il est facile d'imaginer pourquoi ces concepts exercent un tel pouvoir d'attraction. La valeur étant avant tout différentielle, il faut bien sortir du quotidien, de son continuum. À force d'habitudes, voire de routines, ce quotidien perd en substance. Il faut donc le revitaliser, lui donner matière et sens avec des pics de sensations, d'émotions, de révélations soudaines, rapportées à soi et au monde. C'est la fonction à la fois opératoire et symbolique de l'expérience, possible à condenser en quelques opérations modales : surprendre, révéler, faire vivre et voir autrement. Bien sûr, il nous appartient d'aller un peu plus loin sur le caractère phénoménologique de cette expérience. Comprendre comment elle se manifeste et se donne des chances de prendre, comme parenthèse réenchantée ou point d'acmé, rompant avec la mécanique du quotidien ou de la vie ordinaire. À cet égard, l'univers gastronomique, théâtre d'invention permanente entre vins et mets, sensations et discours, émotions et partage, offre un terrain d'expériences sans doute inégalé ou inégalable, toutes cultures confondues. Cela tient à la magie du pouvoir d'incorporation, de saveur en valeur, d'aliments en signes à forte charge symbolique, dès qu'il est question de boire ou manger, de partager un repas ou de se projeter dans un imaginaire alimentaire.

Domaines: Sciences de l'information et de la communication; Sciences de l'information et de la communication

Jean-Jacques Boutaud. Vin et gastronomie. Faire vivre expérience et existence en bons termes. Benoît Verdier; Anne Parizot. Du sens à l’expérience. Gastronomie et œnologie au prisme de leurs terminologies, Éditions et Presses universitaires de Reims, pp.7-12, 2018, 978-2-37496-067-8. ⟨halshs-03126454⟩