The archives of the State and the real life of refugees : when paperwork is intensely significant
Archive administrative et vies infimes : des intensités de papier
Résumé
This paper is built on the evidence of thousands of identity certificates stored in the basement of a French public building. Collectively, this material documents the daily work of Armenian representatives on behalf of their fellow exiles in France and exemplifies the procedures developing during the “first age” of contemporary Asylum law. The analysis focuses on the methodological ways to turn anonymous paperwork into meaningful historical material. Through archiving, atomized individual figures draw the outline of a coherent object of inquiry, hoisted from oblivion by the historian. Face, ancestry, name, place of origin: the various components of identify fall into place. Then the attention can shift towards the meaningful lacunae and the marginal comments witnessing the violence, the human ties torn apart, the milestones of migration and exile. As such, this humble documentation stands out as a rich object of inquiry to study the Armenian genocide from the point of view of the survivors’ ordinary struggles.
Des milliers de certificats d’identité constituent l’objet de cet article. Tirés de cartons poussiéreux entreposés dans les sous-sols d’une administration publique, ils ont été dressés dans l’entre-deux-guerres, au premier âge de l’asile moderne, par des agents arméniens en charge de représenter officiellement leurs compatriotes réfugiés en France. La réflexion porte sur le déplacement de sens qui s’opère autour de ces « papiers » ordinaires, devenus archive. L’étranger identifié hier dans un registre juridique est, à présent, entraperçu comme un sujet tiré de l’oubli. Un visage est donné, une filiation restituée, un nom rendu. Insensiblement, l’attention se déplace vers les blancs, les pointillés, les commentaires griffonnés dans les marges. Ces notations mènent à l’humain violenté, aux liens brisés ou reconstruits, aux trajectoires de la migration. Elles font de cette banale documentation un objet singulier pour étudier le génocide des Arméniens ottomans depuis la vie de ceux qui y ont survécu.