The pragmatics of insult in politics: performativity in perspective

Pragmatique de l’insulte en politique : la performativité en perspective

Béatrice Fracchiolla (1, 2)

1 Crem - Centre de Recherche sur les Médiations
2 LEGS - Laboratoire d'Etudes de Genre et de Sexualité

This communication is located in the field of language sciences and more particularly of pragmatics and discourse analysis understood as a sociolinguistics of discourse. 1967 marks the date of the last known and recorded duel between the deputies Gaston Deferre and René Ribière. It is from this event that we will deal with the relationship between injury and insult and the notion of reparation in politics (Austin 1962, Searle 1969, Rosier 2006, Lagorgette & Larrivée 2004, Fracchiolla 2011, 2018, Fracchiolla & Rosier 2019), based on the theoretical framework of verbal violence as developed by Moïse, Schultz-Romain Fracchiolla and Auger (2008a and b, 2013). The object of our communication will be to explain to what extent (s) direct insult has become today, in politics, a form of pragmatic nonsense and can therefore only advance in a form masked (Romain & Fracchiolla 2015, Fracchiolla 2019b), in formulations of indirect types, by allusion or irony. To do this, we will rely on various examples, including the sentences that have become famous (not without reason) by Jacques Chirac who responds to an apostrophe launched “Asshole! ", With a" Nice to meet you, I'm Chirac! ", Or even that of a Nicolas Sarkozy uttering a" get out of the way, you idiot! ”(Boutet 2009); but also on examples taken in the debates between two presidential rounds (such as that of 2017, productive in assault and recognized verbal violence) to explain the modalities of pragmatic updating. Insult, in fact, does not come down to isolated words or expressions that deal with the other, but can also be constructed in euphemistic finesse and allusive circumlocutions (Laforest & Vincent 2006, Fracchiolla 2019b). We will thus show to what extent and for what reasons the insult, if it is still present in politics, has nevertheless changed in nature in its modalities of expression over time. This will lead us to put it into perspective in the balance of the political and electoral game, in terms of changes in societal values, and what is more broadly understood by disqualification in the political game. Because, if the political context is not strictly speaking a hierarchical context, the object of the confrontation in and by the debate remains however to make emerge a dominant and a dominated - so that one can emerge in a high position and , ultimately, win the election. Also, in this context, it is the social meaning of the insult that prevails, because it is public and intended to tip the electoral balance and therefore also the fate of a country.

Cette communication se situe dans le champ des sciences du langage et plus particulièrement de la pragmatique et de l’analyse de discours entendue comme une sociolinguistique des discours. 1967 marque la date du dernier duel connu et enregistré entre les députés Gaston Deferre et René Ribière. C’est à partir de cet événement que nous traiterons du rapport de l’injure à l’insulte et de la notion de réparation en politique (Austin 1962, Searle 1969, Rosier 2006, Lagorgette & Larrivée 2004, Fracchiolla 2011, 2018, Fracchiolla & Rosier 2019), à partir du cadre théorique de la violence verbale tel que développé par Moïse, Schultz-Romain Fracchiolla et Auger (2008a et b, 2013). L’objet de notre communication sera d’expliquer dans quelle(s) mesure(s) l’insulte directe est devenue aujourd’hui, en politique, une forme de non-sens pragmatique et ne peut par conséquent qu’avancer sous une forme masquée (Romain & Fracchiolla 2015, Fracchiolla 2019b), dans des formulations de types indirectes, par allusion ou ironie. Nous nous appuierons pour ce faire sur divers exemples, dont les phrases devenues célèbres (non sans raison) de Jacques Chirac qui répond à une apostrophe lancée « Connard ! », par un « Enchanté, moi c’est Chirac ! », ou encore celle d’un Nicolas Sarkozy proférant un « casse-toi pauvre con ! » (Boutet 2009) ; mais aussi sur des exemples pris dans les débats d’entre deux tours des présidentielles (comme celui de 2017, productif en agressions et violences verbales reconnues) pour en expliquer les modalités d’actualisation pragmatique. L’insulte en effet, ne se résume pas à des mots ou expressions isolées qui traitent l’autre de, mais peuvent également se construire en finesse euphémistique et circonlocutions allusives (Laforest & Vincent 2006, Fracchiolla 2019b). Nous montrerons ainsi dans quelle mesure et pour quelles raisons l’insulte, si elle est toujours présente en politique, a néanmoins changé de nature dans ses modalités d’expression au fil du temps. Cela nous amènera à la mettre en perspective dans la balance du jeu politique et électoral, en termes de changements des valeurs sociétales, et de ce que l’on entend plus largement par disqualification dans le jeu politique. Car, si le contexte politique n’est pas à proprement parler un contexte hiérarchique, l’objet de la confrontation dans et par le débat demeure cependant de faire émerger un dominant et un dominé – afin que l’un puisse émerger en position haute et, in fine, emporter l’élection. Aussi, dans ce contexte, c’est la signification sociale de l’insulte qui prime, car publique et destinée à faire pencher la balance électorale et donc aussi le destin d’un pays.

Mots clés: analyse de discours politique; insulte; interactions verbales; violence verbale; énonciation; pragmatique; performativité

Domaines: Linguistique; Sciences de l'Homme et Société

Béatrice Fracchiolla. Pragmatique de l’insulte en politique : la performativité en perspective. Journées d'étude Les usages politiques et sociaux de l'insulte, Sciences Po (Université de Lille); Centre d'études et de recherches administratives, politiques et sociales (Ceraps, Université de Lille), Oct 2020, Lille, France. ⟨halshs-03060244⟩