Genèse et fonction du zéro
Résumé
Le concept de zéro est advenu dans la linguistique structurale en rupture avec ses usages en grammaire comparée. Le comparatisme avait déjà relevé l’« absence de marque » dans les paradigmes flexionnels ou noté l’effacement diachronique d’un segment (amuïssement) : il s’agissait, dans l’un et l’autre cas, de pointer l’inexistence ou la disparition d’un élément. A l’inverse, le structuralisme, rompant avec une approche substantialiste, a fait advenir le zéro comme le produit d’une relation, une case vide dans un système d’oppositions. Bien que, chez Saussure, le statut du zéro soit établi avant tout à partir de considérations morphologiques et diachroniques (cf. Mémoire), son usage dans les phonologies actuelles permet d’opérer un retour épistémologique sur les théories linguistiques contemporaines, sur ce qui les caractérise et les différencie. Tour à tour conçu comme une entité ou un artefact, comme une notation ou un opérateur, comme un élément neutre ou le résultat d’une transformation, le zéro dessine en filigrane, dans les méthodologies, les conditions de validation d’un programme d’algébrisation que Saussure fixait comme horizon à la discipline.
Domaines
Linguistique
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