, On se demande alors comment se concilient les visions séparées, différentes, de chaque oeil : Charles Wheatstone en 1833 avait ainsi observé l'écart dans l'angle formé par l'axe de chaque oeil formant l'image du même point 35 . On voit ainsi que la stabilité du monde, à partir d'un point d'observation placé comme dans la chambre noire selon un point de vue divin, est alors largement mise en péril : l'ancrage temporel variable des actes de perception du même objet par un sujet est ainsi un élément qui devient déterminant dans la période. Cet aspect est rendu sensible par les toiles de Turner puis les saisies différentes selon l'heure du jour et les saisons dans les douze Gare Saint-Lazare ou les trente Cathédrale de Rouen qui forment de célèbres séries de Monet. Ces analyses me semblent essentielles parce qu'elles permettent de saisir l'arrière-plan de nombreux éléments de doxa qui s'attachent à Zola, Auparavant le monde extérieur était considéré comme stable et observé selon un modèle optique qui est celui de la chambre noire : où le point de vision avait été assimilé par Descartes à point de vue divin permettant de saisir l'arrangement rationnel et ordonné du réel

D. Fait, Qui interpréterait le naturalisme comme une doctrine d'une soumission absolue à l'objet, de reproduction impersonnelle des choses, commettrait "un contre-sens absolu, tant sur l'oeuvre romanesque de Zola que sur ses thèses esthétiques 36 ». Si la croyance en une copie objective du réel ou la narration à la troisième personne devenue un point de vue d'omniscience divine sont des aberrations récurrentes, on doit se souvenir qu'elles ne tiennent pas si l'on se rapporte simplement à Zola luimême : l'oeuvre d'art est définie par lui, de façon récurrente comme un « coin de nature vu à travers un tempérament ». Comme l'indiquait Joseph Jurt dans ce travail consacré à « Zola entre le champ littéraire et le champ artistique. Genèse d'une esthétique » : Puisque les tempéraments varient beaucoup d'un individu à l'autre, leurs visions de la réalité diffèrent aussi, Henri Mitterand pointe une erreur récurrente que l'on peut ici aussi rapporter aux analyses épistémologiques de Crary. Joseph Jurt le rappelait dans un article : «

, est tout à fait explicite sur ce point : « la création dans une oeuvre, [se fait] à travers un homme, à travers un tempérament, une personnalité 37 ». Zola propose donc une saisie partielle, subjective, ancrée dans un moment particulier, une heure, une saison, où une logique de la sensation pourra apparaître. La déformation du réel ou sa saisie partielle et subjective relève donc de ce que l'on peut analyser grâce à la catégorie de la « posture » d'un auteur, telle qu'elle est définie par Jérôme Meizoz 38 . On sait que la réflexion précise de Zola sur ce qu'est le travail d'observation différencié de l'expérimentation

L. Crary, Art de l'observateur. Vision et modernité au xix e siècle, Jacqueline Chambon, vol.35, p.170, 1994.

H. Mitterand and Z. Journaliste, Armand Colin, p.48, 1962.

E. Zola and . Lettre-À-valabrègue, , vol.18, p.380

J. Meizoz and P. Littéraires, A terme, ce trajet peut donc permettre de saisir de qui fait, dans ce XIX e siècle qui est l' « âge de l'enquête », la spécificité de l'enquête zolienne. L'écriture du roman comme la genèse de l'oeuvre vont engager l'écrivain : selon cet art et ces techniques de l, 2007.

D. Fait, Cependant on sait aussi que la logique héréditaire se dissout avec l'ultime enfant qui paraît dans le dernier volume, au terme de la série : Le docteur Pascal. De plus, la présence du mythe dans la création zolienne, relève de choix : celui qui fait par exemple d'un puits de mine un « Voreux » et convoque ainsi dans l'onomastique un ogre dévorant. La fosse Thiers devient dans Germinal : « une construction massive, de corps rapprochés, accroupie, tapie comme une bête ». Le mythe est convoqué, dans des résonances éminemment subjectives si l'on pense à la crainte récurrente de l'enfouissement présente chez l'homme Zola. Ce cauchemar familier, celui de l'homme enterré vivant lui est venu pour la première fois en 1858, pendant une crise de fièvre 42, l'ethos -ou la posture -de l'instance auctoriale est aisément perceptible dans les romans si l'on mentionne un simple point : la récurrence de la critique portée à Napoléon III et au second Empire, qui marque une position politique et idéologique récurrente dans Les Rougon-Macquart

, Zola relate dans ses notes : « « Il faut se traîner à quatre pattes dans une forte chaleur. » Comme l'indique très précisément Henri Mitterand

E. Zola and L. Roman-expérimental, , p.63, 1971.

. Ibid,

H. Mitterand and . Zola-À-anzin, les mineurs de Germinal, pp.37-51, 2002.

. Dans-le and . Zola,

H. Mitterand and . Zola-À-anzin,