, On peut donc dire, à l'inverse de l'Afrique subsaharienne et différemment des Amériques dites latines, que l'Asie a connu de véritables nationalismes (expression politique massive de nations existantes). Ce fut, certes, pour le meilleur comme pour le pire, puisque de véritables Étatsnation développèrent leur propre subcolonialisme local, comme la nation javanaise dans l'archipel indonésien, Quant à l'Asie, on a bien là une situation par excellence qui montre l'inanité des théories sur la « création récente » des nations, fruit des « Lumières » ou autres eurocentrismes

, Contre la mondialisation, l'inter-nationalisme

. L'ethnicité-en-elle-même-n'est-pas-Émancipatrice.-l'identité-n' and . Tout, Mais son oppression est facteur de réactions sociales, de désir citoyen de prise en charge de son destin par une communauté subjective. Cela veut dire que l'orientation politique de l'expression identitaire dépendra largement des courants qui sauront en prendre la direction. Cela veut dire qu'il est donc possible de développer des mouvements d'émancipation (y compris d'émancipation sociale) sur la base de l'ethnicité. Dans certaines situations, non seulement la conscience identitaire est, avant la conscience de classe, le premier vecteur de la mobilisation sociale, mais surtout, la première peut inclure la seconde et en être une forme d'expression. Elle est un enjeu majeur pour la démocratie, parce qu'elle peut engendrer un mouvement social de défenses de pratiques sociales, en d'autres termes un mouvement de défense d'une société, ce qui peut ouvrir de larges potentialités au mouvement ouvrier lui-même. C'est donc aux partisans de la République sociale d'intervenir pour que l'identité s'épanouisse et il est dramatique que ce terrain de lutte soit souvent déserté au nom d'une vision classiste étriquée. Mais cette République sociale n'est pas synonyme de nation, elle n'en est que l'organisation politique, et peut être le cadre d'une nation de nations, d'un emboîtement d'identités (l'identité britannique ne fédère pas simplement, mais inclut, les identités anglaise, galloise et écossaise), On a là un véritable exemple de scissiparité, un « dédoublement » du Portugal, une indépendance sans décolonisation : on pouvait être portugais au Portugal, ou portugais au Brésil. « Brésilien », au XVIII et début XIX e , désignait une espèce de régionalisme portugais

, Lors du présent carnaval, celui de l'an 2000 qui correspond justement au cinquième centenaire de la « Découverte » du Brésil par Alvares Cabral en 1500, une bonne partie des écoles de samba ont défilé avec des scènes anticoloniales dans lesquelles des « Brésiliens » tapaient sur des Portugais. Mais les quelques écoles de samba formées par des Brésiliens de fraîche ascendance portugaise ou des émigrés portugais ont mis en scène la? fraternisation des Portugais avec les Indiens. Il s'agit en réalité du même mythe : ni les Portugais, ni les Brésiliens, ne sont des colonisateurs ! Cela explique largement la force au sein du sentiment national brésilien de mythes tels que « la nation de la fusion des trois races » (blanche, indienne, noire), Le nationalisme brésilien contemporain, dans ses efforts de légitimation, n'a jamais réussi à « digérer » le fait qu'il n'était pas issu d'un anticolonialisme, mais d'un colonialisme autocentré

, Qu'est-ce qui primera ? La question n'a de sens que sur le plan analytique, car dans la conscience des gens, des grévistes, les deux consciences ne seront jamais séparées. Plus que jamais, la question du capitalisme rejoindra la question de l'oppression nationale. Contrairement à ce que pensent bien des marxistes 17 , nous sommes toujours à l'époque des révolutions nationales et c'est le monde entier qui continue à produire des nations, à se « nationaliser » 18 . La nation ressurgira au XXI e siècle comme une grande question porteuse de subversion. Voilà pourquoi il faut la défendre, non seulement comme espace de la démocratie politique mais aussi comme espace du besoin social d'identité. Mais la nation, ce n'est pas en soi la République et ce n'est pas seulement la France et le modèle qu'elle porte, comme certains ont tendance à le croire 19 . Ce sont d'ailleurs souvent ceux-là même qui crient très fort contre « Bruxelles » et sa manie uniformisante attentatoire de la souveraineté nationale, qui ne voient rien à redire à l'uniformisation quand elle est parisienne et attentatoire à la souveraineté des nations incorporées non démocratiquement. Mais cela est facilement explicable : quand le MDC chevénementiste ou le PCF défendent la « souveraineté nationale », il ne s'agit en réalité pas de la défense de l'identité, mais simplement de l'indépendance politique de l'État français. Pourtant, en ce monde néolibéral et anglo-uniformisé, il faut défendre la nation France ! Mais il faut la défendre exactement pour les mêmes raisons qui font défendre aussi la nation basque, la nation corse et toutes les autres. Et dans le débat linguistique, c'est exactement pour les mêmes raisons qu'il faut défendre la langue française, Mais la mondialisation -à savoir la dictature mondiale du capital financier -, n'est-ce pas la fin des nations ? Je prétends le contraire. Des identités chaque fois plus vastes peuvent apparaître, mais cela ne signifie pas la disparition des identités de taille plus modeste, 2000.

, Michel Cahen Institut d'études politiques de Bordeaux

, ? dont de grands historiens. Je pense notamment à E. J. HOBSBAWM, Nations and nationalism since 1780. Programme, Myth, Reality, 1991.

.. M. Cf and . Cahen, La nationalisation du monde?, op. cit

Y. ?-ce-que-ne-semble-pas-avoir-compris-le-géographe and . Lacoste-dans-;-et-lo-lugarn, ISBN : 2-213-59613-1. Voir à ce sujet ma critique, « Vive la nation ! Oui, mais laquelle? ? Réflexions, notamment africanistes, Tribuna per l'Occitânia Liura, vol.339, 1920.

, Combien de Français savent que le nombre de francophones est largement inférieur au nombre des lusophones (langue portugaise), pour ne point parler de l'espagnol, de l'anglais et du? mandarin ? !