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Communication dans un congrès Année : 2023

Illustrer le sacre de la reine : l’exemple de Jeanne de Bourbon

Résumé

Charles V et son épouse Jeanne de Bourbon ont été sacrés le 19 mai 1364 à la cathédrale de Reims. L’évènement a déjà été étudié par ceux qui se sont intéressés à la mise en scène du pouvoir politique dans le royaume de France à la fin du Moyen Âge. Si ce sacre s’inscrit dans une tradition héritée des rois bibliques et perpétuée depuis l’époque carolingienne il marque néanmoins une étape importante dans l’histoire du rituel. En effet, l’étude des ordines de couronnement des souverains français montre que l’ordo rédigé sous le règne de Charles V comporte un certain nombre de modifications dans le déroulement de la cérémonie. Les travaux de Richard Jackson et ceux plus récents de Patrick Demouy ont montré que ce texte comportait des additions, liturgiques et textuelles, qui modifient certaines parties du rituel et en font une sorte de synthèse dans l’histoire du sacre. Les éléments les plus novateurs sont une plus grande insistance sur l’origine divine de la monarchie française ainsi qu’une évocation explicite du triomphe de Charles V sur ses ennemis. Pour autant, les innovations qui nous intéressent le plus dans le cadre de cet article sont celles concernant la partie du rituel dédiée à la reine. Dans l’histoire du royaume de France, cette dernière n’a que rarement été sacrée au cours de la même cérémonie que son époux. Le sacre de la reine s’inscrit le plus souvent dans le cadre des noces et lorsque le roi accède au trône après son mariage, le sacre réginal ne peut intervenir qu’au cours d’une cérémonie indépendante. Les textes les plus anciens que nous conservons sur ce rite sont l’ordo d’Hincmar, rédigé pour le mariage de Judith, la fille de Charles le Chauve, avec le roi Aethelwulf en 856 et l’ordo de 900, dit d’Erdmann, réalisé pour les rois francs d’Occident. La tradition de la cérémonie du sacre de la reine remonte donc elle aussi à l’époque carolingienne et se poursuit tout au long du Moyen Âge. Bien que subissant certaines modifications au cours des siècles, le rite réginal est plus simple et plus tôt stabilisé que celui du roi. L’ordo de 1250, l’ordo de Reims ou le dernier ordo capétien citent tous le sacre de la reine à la suite de celui du roi, ce qui laisse penser qu’avec le XIIIe siècle s’opère une certaine fixité du rituel. L’ordo de Charles V évoque lui aussi la cérémonie dédiée à la reine et reprend en grande partie les éléments présents dans les ordines antérieurs, s’inscrivant ainsi dans la tradition textuelle du rituel. Cet ordo est cependant le premier à développer autant cette partie de la cérémonie et, comme l’a noté Carra Ferguson O’Meara, de nombreux éléments témoignent d’un désir d’innovation. Les ajouts les plus importants concernent la fécondité de la reine et son rôle dans la naissance d’un futur héritier au trône. La rédaction du nouvel ordo engagée sous Charles V semble vouloir accorder à la reine une place particulière dans le rituel afin d’affirmer son statut privilégié auprès du roi et au sein de la monarchie. Il s’agit du point central du présent article, dans lequel nous tenterons de comprendre en quoi les choix effectués dans les manuscrits réalisés sous Charles V témoignent d’un discours très élaboré sur Jeanne de Bourbon et sa place au sein du royaume de France.
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  • HAL Id : halshs-02959130 , version 1

Citer

Pamela Nourrigeon. Illustrer le sacre de la reine : l’exemple de Jeanne de Bourbon. Sacres et couronnements dans l'Occident chrétien : Rites, état et société, du Moyen Âge à nos jours, Nov 2019, Nancy, France. pp.89-102. ⟨halshs-02959130⟩
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Dernière date de mise à jour le 07/04/2024
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