, Sur cette question, on verra l'ouvrage classique de M. Simon, Verus Israel. Étude sur les relations entre chrétiens et juifs dans l'Empire romain, pp.135-425, 1948.
Les Intellectuels chrétiens et les juifs, op. cit, p.573 ,
, Les disputes quodlibétiques, facultatives, publiques et propices aux débats d'actualité -les questions émanaient de l'assistance et non du maître qui les présidaient -, se tenaient dans le cadre de la faculté de théologie lors de deux sessions annuelles
Dahan dans « Juifs et judaïsme dans la littérature quodlibétique, Jews and Judaism in Medieval Christian Thought, vol.14, pp.12-17, 1958. ,
expulsion n'ayant pas été conservé, la datation se fonde sur des recoupements documentaires, et en particulier sur les chroniques qui relatent l'événement (cf. C. Balasse, 1306. L'Expulsion des juifs, p.62 ,
From Philip Augustus to the last Capetians, pp.202-206, 1989. ,
Unceasing Strife, Unending Fear, op. cit, p.13 ,
, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, 1903.
, , p.156
, Quodlibet XII, vol.9, p.117
, Histoire de l'Université d'Angers : XI e -XV e siècle, vol.2, pp.183-187, 1877.
, Cf. Liber Extra, pp.183-184
,
The Friars and the Jews, op. cit, pp.199-225 ,
, , vol.264, pp.87-88
, Utrum parvuli iudeorum et infidelium sint invitis parentibus baptizandi, pp.58-62
, Sur la singularité de la position de Duns Scot, on verra E. Marmursztejn et S. Piron, « Duns Scot et la politique, pp.26-39
, Utrum parvuli iudeorum et infidelium sint invitis parentibus baptizandi, vol.96, p.61
, Le canon invoqué était pourtant destiné à régler le problème posé par l'action intempestive de Sisebut, et interdisait explicitement de baptiser les juifs sous la contrainte, La référence au roi wisigoth intervient dans les dernières lignes de son texte : la désignation de, pp.61-62
, Duns Scot s'en fait luimême l'écho, en notant que les nouveaux baptisés ne seront véritablement chrétiens qu'après deux à trois générations 100, pp.1281-1283
, Il s'agit alors de remédier définitivement aux « maux et inconvénients » 102 nés de la coexistence entre juifs et chrétiens, que l'Inquisition avait contribué à révéler et que les mesures de ségrégation et d'expulsion partielle n'avaient pas suffi à endiguer. Le principal problème identifié par l'ordonnance de 1492 tient à ces « mauvais chrétiens qui judaïsent et apostasient la sainte foi catholique » 103 parce qu'ils demeurent soumis à la « tentation diabolique » 104 exercée par les juifs. L'argument venait déjà au premier rang de ceux que Charles d'Anjou avait invoqués dans l'édit d'expulsion de 1289 : les juifs faisaient perfidement dévier les chrétiens de la voie de la vérité 105 . Cet argument de la subversion de la chrétienté par les juifs prend un relief particulier dans le contexte général de la fin du Moyen Âge, marqué par des campagnes de conversion en Angleterre, et par la formation du groupe des nouveaux chrétiens en Espagne depuis les conversions massives de la fin du XIV e siècle. Si les textes doctrinaux ne mentionnent généralement pas ces données, c'est en fonction de cet arrière-plan que les positions qu'ils défendent prennent sens. Il convient donc de considérer brièvement les cas d'apostasie qui pourraient être reliés aux expulsions et dont les sources ont conservé la trace. Roger Kohn propose ainsi de voir, dans les accusations générales portées contre les juifs par l'ordonnance d'expulsion de 1394 106 , une allusion à une affaire précise : celle de la disparition d'un converti, Denis Machaut 107 , vraisemblablement venu au christianisme à la suite de l'ordonnance royale du 4 avril 1393 qui annulait la confiscation des biens des juifs qui se convertiraient 108 . Sept juifs parisiens avaient été accusés de l'avoir incité à revenir au judaïsme et d'avoir acheté son départ. Une question du célèbre recueil d'arrêts de Jean Lecoq, L'expulsion des juifs y apparaît comme l'aboutissement de la logique de répression de l'apostasie des conversos. Maurice Kriegel a précisément décrit le processus qui conduit à la décision d'expulsion prise en 1492 : la politique traditionnelle de protection et de conservation des communautés juives se maintient jusqu'à ce que la logique inquisitoriale s'impose 101
« Thirteen London Jews and Conversion to Christianity : Problems of Apostasy in the 1280s, Bulletin of the Institute of Historical Research, vol.45, pp.214-229, 1972. ,
, Utrum parvuli iudeorum et infidelium sint invitis parentibus baptizandi, p.60
« La prise d'une décision : l'expulsion des juifs d'Espagne en 1492, Revue Historique, pp.49-90, 1978. ,
, Édit d'expulsion du 31 mars 1492, éd. B. Leroy, Les Édits d'expulsion des juifs, p.31, 1998.
, L'Expulsion des Juifs de France. 1394, pp.114-115, 2004.
, Les juifs en France du Nord dans la seconde moitié du XIV e siècle. Un état de la question, pp.13-29, 1988.
Ordonnances des rois de France de la troisième race, p.106 ,
, Questiones Johannis Galli, p.422, 1944.
, Dont relevaient toutes les affaires concernant les juifs dans le ressort et la vicomté et prévôté de Paris depuis 1388
Certaines relations diffèrent sensiblement du récit de Jean Lecoq : Michel Pintoin indique ainsi que quatre juifs avaient été retenus après l'expulsion et « avaient été cités à comparaître devant le prévôt de Paris, comme accusés d'avoir, en haine de Jésus-Christ et de sa sainte religion, enlevé secrètement pendant la nuit un des leurs, qui s'était converti au christianisme, et de l'avoir méchamment mis à mort, p.121, 1995. ,
341 : « Adverte notanter contra Judeos arrestum latum, sententiam prepositi Parisiensis corrigens » (éd. cit, pp.418-422 ,
, Ordonnance du 17 septembre 1394, éd. cit, pp.114-115
De la question des "nouveaux chrétiens" à l'expulsion des juifs : la double modernité des procès d'exclusion dans l'Espagne du XV e siècle, Le Nouveau monde, mondes nouveaux. L'expérience américaine, p.477, 1996. ,
, A History of the Jews in Christian Spain, vol.2, pp.283-292, 1966.
La Forteresse de la foi. La vision du monde d'Alonso de Espina, moine espagnol, 1466), 1998. ,
, Il suit du reste explicitement la doctrine de Scot sur les baptêmes forcés (Fortalitium fidei contra Judeos, Sarracenos
Elles témoignaient au contraire de la « conscience nouvelle » du fait que la monarchie manipulait les juifs à ses propres fins politiques et financières 125 . Ce qui importe en l'occurrence, outre le fait divers qu'Alonso de Espina relate en détail, c'est « l'autre cause » 126 qu'il assigne à l'expulsion des juifs d'Angleterre. Celle-ci se fonde également sur un récit à valeur exemplaire : Dieu ayant révélé que les « péchés très cruels que commettaient les juifs » 127 étaient la cause de la guerre, de la famine et de la peste qui frappaient continuellement le royaume, le roi avait cru apaiser la colère divine en convertissant tous les juifs. Les maux avaient cependant empiré. Les clercs consultés expliquèrent que les juifs « étaient pires sous le nom de chrétiens qu'auparavant 128 », car peu de temps après leur feinte conversion, ils avaient usurpé, par ruse, toutes les positions de pouvoir dans le royaume, au point que les « vrais chrétiens » semblaient être devenus leurs captifs. Le roi « purgea » alors le royaume de ces « serpents » : il fit installer deux tentes près de la mer, l'une sur la rive, où il fit mettre « la Torah des juifs » ; l'autre à quelque distance, où il fit mettre « la croix du Christ ». Siégeant entre les deux tentes, il dit aux juifs : « Je vous ai fait devenir chrétiens et vous l'avez accepté volontairement ; or après votre conversion, les maux se sont multipliés dans mon royaume, et c'est peut-être parce que vous êtes venus au christianisme malgré vous. Je veux à présent vous laisser libres » 129 . Il les invita alors à choisir entre la Torah et la croix. Tous les convertis affluèrent vers la Torah avec leurs femmes et leurs enfants et, entrant dans la tente, furent égorgés les uns après les autres, puis jetés à la mer. Alonso de Espina conclut : « Et ainsi fut purgé le susdit royaume, qui cessa d'être frappé continuellement ; aucun juif n'y habite plus ni n'y a habité jusqu'à ce jour ; que les Espagnols voient si de semblables coups les frappent et augmentent continuellement parmi eux » 130 . On notera qu'Alonso de Espina fait de l'expulsion des juifs d'Angleterre un récit où tous sont convertis, puis tous exterminés, ce qui correspond moins à la réalité historique anglaise qu'à ses propres aspirations pour l'Espagne. Il en ressort toutefois deux idées essentielles : la conversion ne pouvait être que fictive, expulsa de son royaume les juifs qui avaient refusé le baptême 121 . La toile de fond des expulsions d'Angleterre et de France est formée de récits de crimes qui occasionnent des miracles (miracle marial en Angleterre, miracle eucharistique des Billettes à Paris 122 ) ,
De iudeorum expulsionibus, ubi quatuor principales expulsiones notantur »), éd. cit., fol, vol.9 ,
, , p.90
, , pp.88-90
arguait du miracle des Billettes pour montrer que le danger même que représentaient les juifs contribuait à conforter la foi des chrétiens, leurs méfaits occasionnant des miracles (cf. Jacques de Thérines, Quodlibet I, 14, éd. cit, vol.3, p.158 ,
, The Church, and the Jews, pp.223-236
, Fortalitium fidei, éd. cit., fol. 90r
,
quod peiores erant sub nomine christiano quam primo » (éd. cit., fol. 90r) ,
,
, « videant hyspani si similis plaga viget et continuo inter eos crescat » (ibidem)