. Robert-de-courson, . Summa, . Paris, and . Bnf, 14 524, fol. 106vb-107ra (cité dans, Masters, Princes and Merchants. The Social Views of Peter the Chanter and his Circle, vol.2, p.112, 1970.

É. Langton, . Quaestiones, . Paris, and . Bnf, 14 556, fol. 242rb (cité dans BALDWIN, vol.2, p.112

. John-peckham, I. G. Quodlibet, F. Etzkorn, and G. Delorme, , pp.167-169, 1989.

, Le Speculum iuris de Guillaume Durand en donne cette définition : « L'irrégularité est [...] un empêchement canonique provenant d'un fait ou d'un défaut qui entraîne l'interdiction d'être promu aux ordres ecclésiastiques et de servir dans ces ordres

, Liber Extra, lib. 5, tit. 9, pp.791-792

. Cf, . John-peckham, and I. Quodlibet, , vol.9, p.168

. Ibid,

, servata tamen humanitate debita, ut adhibeatur homini locus naturalis, non aqua quae est locus piscium vel locus bufonum. In talibus enim, quae humanae sunt contraria naturae, p.169

. Cf, Constitutiones generales Parisienses annorum 1292 et 1295, cap. 7, vol.7, p.325

, « Statuta generalia ordinis edita in capitulo generali an, Habeantur autem boni carceres, fortes et multiplices, vol.17, 1354.

. Thomas-d'aquin, X. Quodlibet, and R. Gauthier, , vol.9, pp.137-138, 1996.

, Penser la dispense : éclairages théologiques sur le pouvoir pontifical (XIII e -XIV e siècles) », Tijdschrift voor Rechtsgeschiedenis, vol.78, pp.63-88, 2010.

S. Guillaume-d'auxerre and . Aurea, III, tr. 30, cap. 3, q. 1, éd. J. RIBAILLIER, t. 18b, p.978

. Alexandre-de-hales, L. Summa-theologica, and Q. Iii, , pp.516-517, 1948.

. Thomas-d'aquin, I. Quodlibets, and R. Gauthier, 16 (carême 1270) et X, 9 (1258), vol.1, pp.137-138, 1996.

. Id, I. Summa-theologiae, and . Iiae, , vol.101, pp.1271-1272

. Gilles-de-rome and I. I. Quodlibet, , vol.25

. Ex, , vol.20, p.12

«. Vovere and . Voluntatis, PL, vol.101

S. Thomas-d'aquin and . Theologiae, , p.372

H. De-gand and V. I. Quodlibet, , vol.19, p.184, 1987.

. Pierre-d'auvergne and I. I. Quodlibet, , vol.14, pp.21-22, 1297.

. Ibid, 21vb : Religiosus non tenetur sequire voluntatem superioris contra ea quae sunt de iure nature

, sed deffensio rei publice est de iure nature, Homo enim naturaliter est animal sociabile

, Non minus tenetur religiosus ad deffensionem rei publice [?] quam ad subveniendum parentum, quia in subventione et defensione rei publice includitur subventia et deffensio parentum per se ; sed religiosus tenetur exire etiam contra mandatum superioris ad parentum subventionem ubi est necessitas, quia hoc cadit sub praecepto exo

. Gilles-de-rome and I. I. Quodlibet, 25, éd. cit. n. 59, fol. 24vb : istud [?] ius divinum quod est exsolvere votum et adimplere, absolvit nos ab illo iure divino quod tenemur subvenire parentibus

. Gerard-d'abbeville and X. Quodlibet, , vol.1

V. Rome, 1015, fol. 119ra : Honora patrem tuum et matrem tuam, tu sis longevus super terram ; glossa : primum mandatum in secunda tabula est

H. De-gand and V. I. Quodlibet, , vol.19, p.183

. Godefroid-de-fontaines and V. Quodlibets, 13 et IX, 14, éd, J. HOFFMANS, pp.133-260, 1924.

, Centrés sur la question du voeu, ils s'inscrivent néanmoins dans un débat sur les états de perfection qui dépasse largement la question de l'enfermement. La question de savoir si un condamné à mort devait fuir sa prison si l'occasion s'en présentait, déterminée par Henri de Gand en 1286

, De cet examen découle la distinction essentielle entre le droit de propriété que le prisonnier détenait sur son corps et le simple droit d'usage que le juge exerçait en l'arrêtant, en l'enfermant, puis en le faisant mettre à mort : Il faut savoir que l'on peut avoir deux types de pouvoir ou de droit sur une chose : l'un relève de la propriété et s'exerce sur la substance de la chose ; l'autre relève de l'usage et s'exerce par une action sur la chose. Le premier pouvoir ou droit, le juge séculier ne l'a pas plus sur le corps du condamné qu'il ne l'a sur son âme, Droit et devoir d'évasion du condamné à mort Cette question quodlibétique unique 72 , signalée par Brian Tierney dans un article classique sur l'idée de droits naturels subjectifs 73 , se résout principalement par l'examen des droits corrélatifs du juge et du condamné sur le corps du condamné

, La fuite représentait par conséquent pour le prisonnier une nécessité supérieure à celle qui

. Le-juge-n'est-pas-contraint-de-détenir-ou-de-tuer-le, par une juste crainte de la mort, à s'employer à conserver sa vie et sa perfection dans le corps, parce que s'il n'y pourvoyait pas alors qu'il pouvait en trouver le lieu et le moment, il serait coupable de son propre suicide

, inhérent à la nature même de l'homme. Ce droit était explicitement fondé sur une définition de la personne humaine par l'unité de l'âme et du corps 76 , unité garantie par Dieu, après qui l'âme a la propriété de la substance du corps (Potestatem autem quoad proprietatem in substantia corporis sola anima habet sub Deo) 77 . Le condamné ne pouvait toutefois exercer ce droit simultanément conçu comme un devoir que si le juge négligeait d'exercer son propre droit. Le condamné devait en effet préserver sa vie « sans commettre d'injustice envers autrui » ni « offenser le droit » ; or en rompant ses liens ou en détruisant sa prison, La potestas attribuée au prisonnier d'utiliser son corps pour préserver sa vie se définissait ainsi comme un droit minimal

H. De-gand and I. X. Quodlibet, éd. R. MACKEN, Louvain-Leyde, vol.26, pp.307-310, 1983.

B. Tierney, repris dans The Idea of Natural Rights. Studies on Natural Rights, Natural Law and Church Law, vol.67, pp.78-89, 1992.

H. De-gand and I. X. Quodlibet, Sciendum est quod supra rem aliquam dupliciter haberi potest potestas sive ius : una quoad proprietatem in substantia rei, alia quoad usum in actione aliqua exercenda circa rem. Primam potestatem aut ius nullatenus habet iudex saecularis super corpus damnati plus quam super animam illius, sed secundam tantum, quae consistit in tribus, vol.26, p.309

. Ibid, Iudex non tanta necessitate compellitur eum detinere aut occidere, quanta necessitate propter iustum metum mortis compellitur damnatus quod sibi provideat, ne vitam et perfectionem suam in corpore amittat, quia, si in hoc non provideret si posset invenire locum et tempus [?], sui ipsius homicida esset, pp.308-309

, Pour une vue synthétique sur la question : J. BASCHET, « Âme et corps dans l'Occident médiéval : une dualité dynamique, entre pluralité et dualisme », Archives de sciences sociales des religions, vol.112, pp.5-30, 2000.

H. De-gand and I. X. Quodlibet, , vol.26, p.309

, Or il le préserverait en faisant tort et préjudice au juge si, son corps se trouvant enchaîné ou [enfermé] dans une forte prison, il rompait ses chaînes ou [détruisait] sa prison pour en sortir : pour cela, en effet, il faudrait que [le juge] le punisse plus durement, s'il arrivait qu'il le prenne, parce qu'il a, de droit, le pouvoir de l'enchaîner et de l'enfermer en prison

, Mais Henri de Gand luimême appuie la démonstration des différents types de pouvoirs exercés sur le corps du condamné sur la première distinction du Décret de Gratien 80 , qui détaille quatre catégories de droits susceptibles de s'exercer sur une même chose : fas, licitum, ius, necessitas. Le théologien définit fas comme « l'équité naturelle par laquelle quiconque peut user du bien d'autrui sans lui causer aucun tort ni dommage » ; licitum, comme ce qui est « permis par la loi » et autorise à user du bien d'autrui en lui infligeant quelque dommage ; ius, comme « l'équité » qui donne « le droit de revendiquer quelque chose » ; necessitas, comme l'occasion ou « l'opportunité d'user du bien d'autrui », qu'illustre la glose ordinaire du Décret : « la nécessité de la faim excuse le vol 81 ». C'est une nécessité de cette sorte qui contraint le prisonnier à s'évader. La question posée constitue toutefois un cas limite : c'est la condamnation à mort, non l'enfermement en tant que tel, qui induit la nécessité de fuir, les conditions de détention déterminant seulement la liceité de la fuite du condamné. On en trouve certains échos inattendus 82 à la fin du XIV e siècle dans l'Arbre des batailles d'Honoré Bouvet 83 . La quatrième partie de cet ouvrage en langue vulgaire, mais de facture strictement scolastique, comporte une série de chapitres relatifs à l'emprisonnement en temps de guerre. Quelques questions portent sur la licéité de la fuite d'un chevalier emprisonné dans divers cas 84 . Il en ressort que le chevalier n'était délié de son serment de « tenir prison » que si ses conditions de détention mettaient sa vie en danger 85 ; d'autre part, il ne devait pas respecter son engagement de regagner la prison qu'il avait quittée pour quérir sa rançon s'il n'avait aucun espoir, ce faisant, d'échapper à la mort, car l'homme n'est « pas seigneur de ses membres, Ces développements d'Henri de Gand invitent à souligner l'importance du thème de la propriété de soi, ainsi que la singularité d'une conception qui identifie le pouvoir exercé sur les hommes à une forme de droit exercé sur les choses. L'argument de l'opponens en témoigne, qui assimile le corps du condamné à une chose (Corpus damnati mortis est maius quid quam alia res temporalis 79 ) qu'il eût été illicite de soustraire au pouvoir du juge, vol.86

. Ibid, Quod custodiret in praeiudicium et iniuriam iudicis, si, cum existeret corpus in vinculis aut in firmata custodia, ut abiret, vincula dirumperet aut carcerem : propter hoc enim durius puniendus esset, si contingeret ipsum capi, quia de iure potestatem habet eum vinculandi et claudendi in carcerem, Tenetur [damnatus] ius suum in hoc custodire absque iniuria alterius, pp.309-310

, Si tamen iudex damnatum dimittat in carcere sine vinculis et negligit firmare carcerem in quo est damnatus, et sic omittit exercere circa ipsum ius quod habuit, absque omni iniuria iudicis, qui nullum ius habet in substantiam corporis

, Decretum Gratiani, 1, 1, § 1 (Fr. 1)

H. De-gand and I. X. Quodlibet, , vol.26, pp.307-308

, Avant la paraphrase d'Henri de Gand par Jacques Alamain dans son commentaire sur les Octo quaestiones d'Ockham, vol.73, pp.87-88

. Bénédictin, docteur en décret en 1386, qualifié de conseiller du roi en 1392, cf. PH. CONTAMINE, « « Penser la guerre et la paix à la fin du XIV e siècle : Honoré Bouvet (v. 1345-v. 1410) », Quaestiones medii aevi novae, pp.3-19, 1999.

H. Bouvet, .. E. Nys, and B. , , vol.55, pp.151-154, 1883.

, Ces conditions sont détaillées (ibid, pp.152-154

, Honoré Bouvet examine ensuite une série de cas qui donnent un arrière-plan non dénué d'intérêt à la question de la fuite du chevalier en danger de mort : était-il licite d'emprisonner un étudiant anglais et sa famille, un homme d'armes anglais devenu fou, un vieillard de Bordeaux, un enfant ou un aveugle anglais 87 ? Le contexte de la guerre franco-anglaise ne justifiait pas, selon Honoré Bouvet, que les privilégiés (les étudiants), les irresponsables (le soldat devenu fou, en une étonnante anticipation de la scène de la forêt du Mans) 88 , les inoffensifs (vieux, enfants, aveugles, sourds, muets) fussent emprisonnés. On notera les termes dans lesquels Honoré Bouvet exprime son hostilité à l'incarcération des fous : « En cestui cas tout bon chrestien à ce que mal ne se fasse ne que mal ne lui viengne, vol.89

. Au-total, Cette construction s'opère dans une optique proprement anthropologique, où c'est la définition de l'homme comme composé d'âme et de corps, propriétaire de soi, attaché à ses semblables par des liens naturels (ou au contraire comme « mort au monde » et délié de toute obligation naturelle) qui détermine la valeur de l'enfermement institué par le voeu ou par la sanction judiciaire. Sans surprise, les scolastiques s'intéressent moins aux portes et aux chaînes qu'à la question de savoir si ces portes sont irrévocablement closes sur le monde extérieur et si ces chaînes se substituent définitivement aux liens naturels. Ce qui frappe, c'est finalement moins la défense mendiante du voeu que les termes dans lesquels les séculiers ont soutenu la primauté des obligations naturelles : contre l'argument de la « mort au monde » unanimement invoqué par les frères, l'enfermement conçu par les théologiens séculiers ne rompt pas les liens naturels, sociaux et politiques

, Philippe Contamine date l'Arbre des batailles de 1389, p.12

. Honore and . Bouvet, , vol.84, p.198