Le syndicalisme japonais à la croisée des chemins - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Travail et Emploi Année : 1990

Le syndicalisme japonais à la croisée des chemins

Résumé

Au Japon, le niveau privilégié d'organisation et d'actions syndicales est l'entreprise. Si les fédérations locales ou de branches et le niveau confédéral tracent les grandes lignes, l'autonomie financière et de négociation de la structure de base reste forte. Cette spécificité est une constante de l'histoire contemporaine du syndicalisme Japonais. C'est sous cette forme qu'il s'est d'ailleurs spontanément constitué après la guerre et qu'il a tenté de répondre de façon radicale et violente à une situation économique et sociale désastreuse. Rapidement, les vagues de licenciement qui succèdent aux grands conflits sociaux de cette période font perdre sa crédibilité à ce mode d'action. Le syndicalisme de « coopération » s’impose avec la naissance d'une confédération concurrente. La négociation devient le processus normal de régulation des conflits et le syndicat a une place reconnue dans l'entreprise. Le syndicalisme « contestataire » se réfugie en grande partie dans le secteur public et l'administration. Au cours des années soixante, le Japon trouve sa place dans l'économie mondiale. Dans un contexte de régulation keynésienne de la croissance, le syndicalisme concentre alors avec succès son action sur la négociation des salaires. « L'offensive de printemps » au cours de laquelle les salaires sont négociés dans les grandes entreprises, devient une institution. Ses résultats sont diffusés dans l'ensemble du salariat, y compris celui des PME, moins organisé. La crise économique qui débute en 1974 bouleverse ces mécanismes. Les gains salariaux obtenus sont anéantis par le rythme de l'inflation. C'est aux décisions macro-économiques qu'il faut maintenant prendre part pour faire face à la restructuration de l'économie japonaise. Beaucoup de conflits sociaux sont ainsi désamorcés par une concertation nationale tripartite à laquelle les quatre grandes confédérations syndicales prennent part'. L'économie retrouve sa compétitivité mais cette politique a ses effets pervers. Les inégalités se creusent, notamment entre un secteur public déréglementé et soumis à une politique d'austérité et le secteur privé. Aussi, la principale confédération est-elle victime de ses dissensions internes entre syndicats privés et publics. Son affaiblissement entraîne une progressive recomposition des fédérations qui débouchera, après de nombreux soubresauts, sur la création en novembre dernier d'une confédération largement dominante, Rengo Unifiée. Aujourd'hui confrontée, à l'instar de ce qui se produit dans d'autres pays occidentaux, à la diminution du taux de syndicalisation, la nouvelle confédération doit également faire face à des problèmes de société d'une ampleur considérable. Le vieillissement de la population, la pénurie de logement, une durée du travail trop longue, une agriculture et un réseau de distribution des produits de consommation courante protégés et coûteux, autant de défis auxquels elle doit opposer une grande capacité de proposition. Pour ce faire, elle doit en particulier veiller à sa cohésion interne, renforcer les fédérations locales et de branches, rééquilibrer l'usage des ressources financières au profit de la confédération et surtout reconsidérer son rapport à la politique.
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Dates et versions

halshs-02950534 , version 1 (28-09-2020)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-02950534 , version 1

Citer

Hiroatsu Nohara. Le syndicalisme japonais à la croisée des chemins. Travail et Emploi, 1990, 43, pp.65-77. ⟨halshs-02950534⟩

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