. Ben-vas-y?"-je, Vas-y, fais ce que tu veux". [?] Bon, ça va être dur pour les petits. Mais je suis pas leur maman, il faut que leur mère retrouve sa place. Puis, je pars pas au Canada, c'est juste à 4 heures là. » Lorsque j'évoque ses parents âgés à qui elle rend souvent visite, elle se montre moins inquiète : « Y aura mes frères et soeurs. Et puis des fois, ils partaient six mois en Algérie, ils me demandaient pas. Et puis moi, je pense que je suis l'aînée : j'ai assez donné, hein ? Voilà, je pense que j'ai assez donné pour tout le monde. Je veux pas le faire à l'envers pour mes enfants. » Au fil de l'entretien, Mina fait de ce qui pouvait apparaître comme un sacrifice une aubaine trouvée pour échapper à son sort de fille, mère et grand-mère surchargée de tâches domestiques : « Quand elles sont parties, je me suis dit : cool, on va être tous les deux, chacun sa petite vie. Ça a duré deux ans. Deux ans et ma fille est revenue à la maison, je me suis retrouvée dans le bain avec les petits, comme quand j'étais jeune? Ça fait trois ans, mais je me l'étais donné. Je me suis donné trois ans, que le petit rentre à l'école et il faudra qu'elle prenne son appart'. Et moi, j'ai envie de souffler. Non, là-bas, je vais aller travailler mais je vais me re-po-ser, En juillet 2015, Mina s'apprête à partir. Elle a pris la décision avec Michel : « Je dis à mon mari : "Ben je vais y aller

P. Mina, «. Michel, and . Réussir, Tu te retrouves avec un gros truc à payer, comment tu fais ? », il s'agissait surtout de leur donner un sens de la mesure et de l'épargne. Mina ne cherche pas à se valoriser en stigmatisant les « cas sociaux » et leurs abus supposés, a fortiori les immigrés dont elle est issue. Ses critiques ne portent pas sur des groupes fantasmés mais plutôt sur des figures proches comme son beau-frère (fainéant, sans ambition, malhonnête, envieux?), la mère de Michel (peu aimante, préférant ostensiblement sa fille à son fils), le rapprochement de groupes qui leur seraient supérieurs

S. Mina and . Réussi, la famille de son mari où l'affection circule peu et avec laquelle ils ont fini par rompre lorsque le père est mort en 2012. Les difficultés financières imprévues de 2015 pourraient sembler contrarier cette réussite mais Mina en fait l'occasion d'un nouveau combat dont elle pense sortir à nouveau victorieuse. Elle se présente tout au long de l'entretien, en lien avec ces épreuves, à la fois comme une « acharnée » et comme quelqu'un qui a « eu de la chance ». Travailler a toujours été pour elle un moyen de réussir, sans qu'elle perçoive le travail lui-même comme une contrainte dont il faudrait s'affranchir. Lorsqu'elle donne du sens à ces combats, en disant « depuis que je suis toute petite, je supporte pas qu'on m'impose quelque chose », elle fait une exception pour le monde du travail dans lequel elle s'engage à fond : « La seule personne qui peut m'imposer quelque chose, c'est par rapport à tout ce contre quoi elle a dû se battre et à quoi elle a pu échapper : un « mariage arrangé », des emplois pénibles dans l'industrie et dans la restauration