, chasse-neige), mais on fait la différence avec les dérivés où en principe l'un des composants n'est ni un nom ni un verbe mais un élément qui ne pourrait pas exister tout seul. C'est pourquoi dans notre description, les mots composés en français, les deux parties sont le plus souvent des noms ou des verbes (presse-purée

, Dans sous-chef, le préfixe sous n'est pas un nom ni un verbe, mais est un mot indépendant, quoique, c'est vrai, il ne soit pas utilsable tout seul. Son sens est assez clair : même si ce n'est pas un objet, on peut assez facilement trouver une description gestuelle ou faire un dessin pour illustrer ce qu'il signifie. Sa signification met en jeu d'autres éléments, puisque « sous » tout seul n'a aucun sens, mais il apporte quelque chose d'essentiel dans la description qu'on veut faire, Les « degrés de sens » de ces éléments dépendants sont variables

, Il y a rive et il y a rivage, qui ne sont pas exactement la même chose puisque le premier se dit plutôt d'un cours d'eau et le second de la mer, mais on ne peut pas dire que le second s'explique à partir du premier grâce à la signification qu'aurait le suffixe. Puisque j'ai du mal à assigner une fonction nette à ce suffixe, je peux me demander s'il a même « un sens ». On peut probablement -disons cela de façon programmatique -imaginer une sorte de continuum. Nous pourrions partir de ce que l'usage attribue de signification aux noms, là où l'on pourrait faire l'un de ces dessins où l'on dessine « la chose » et en face « le nom » ou, dans la tradition saussurienne simple : le signifié et le signifiant, (quoique ce signifiant écrit soit à son tour une sorte de symbole du signifiant prononcé, En revanche dans rivage, je vois bien qu'il y a un suffixe -age comme dans partage, bouturage, garage, mais le suffixe n'a pas une signification vraiment nette, et on dirait que son rôle consiste surtout à donner l'occasion de faire un mot différent

, On peut imaginer une cartographie plus complexe, à condition de trouver des repères pour s'orienter. Mais quoi qu'on trouve pour se représenter cette variété, nous voyons bien que le lieu où l'on peut facilement mettre en regard une chose et un mot n'occuperait qu'un des coins de cette carte, peut-être un rebord, peutêtre une province, mais pas l'ensemble. Alors, la question de « l'arbitraire du sgne » prend un nouveau sens. Le signe demeure en effet « arbitraire ». Il l'est même plus que jamais puisque la corrélation d'un mot et d'une chose

, Une perspective sur l'arbitraire du signe

. On, On ne peut pas sans étonnement, en français par exemple, dire Une rose est rouge, parce que le fait de dire d'elle qu'elle est rouge implique qu'elle soit définie ; on peut dire sans surprise que cette rose est rouge ou que l'autre rose est rouge ou même que toute rose est rouge (ce serait faux mais compréhensible). A chaque fois, la rose ou les roses dont il est question sont définies du simple fait qu'on dit d'elles quelque chose, en question est lié à la fonction de sujet ou de thème, deux fonctions comparables (mais pas identiques) qui ont en commun d'être syntaxiquement déterminées

, De cette situation grammaticale qui lie d'une façon particulière, dans un énoncé, le sujet à son prédicat (ce dont on parle avec ce qu'on en dit), il résulte que se constituent des classes particulières de faits linguistiques qu'on appelle des noms

, De ce fait, il est beaucoup plus difficile de se représenter un verbe sous forme d'image ou d'en donner une représentation fixe : il y faut souvent une histoire, au moins un embryon de scénario qui puisse montrer quel sentiment, état, ou action est en cause. Cela est lié au fait que lorsqu'on a un prédicat, un sujet existe par ailleurs, et le prédicat vient « en dire quelque chose ». Ce quelque chose qu'on en dit est beaucoup moins « une chose » que le sujet dont on parle. Mais ce jugement à son tour, c'est ce qu'il importe de comprendre, est relatif. Le sujet lui-même n'est défini que par ce qu'on va « en dire ». La classe des noms a un rapport différent à la « définition » de celui qu'a la classe des verbes, mais ce ne sont pas les noms en eux-mêmes qui seraient plus définis : c'est la position qu'ils ont de façon privilégiée dans un énoncé. C'est pourquoi on a dit plus haut que le sujet est « syntaxiquement déterminé » : sa définitude (ou état relatif de définition) est liée à la syntaxe de la phrase, En fonction de prédicat, on peut avoir aussi des noms

, Comme les grammairiens de l'Antiquité le savaient déjà, il n'y a pas que des noms et des verbes dans un énoncé ; surtout lorsqu'on cherche des énoncés qui ne sont pas faits sur mesure pour les manuels ! Si l'on aborde les énoncés en pur logicien, on va avoir tendance à n'y voir que des sujets et des prédicats, et donc à valoriser les noms et les verbes. Si l'on aborde les énoncés en linguiste, on sait que ce n'est pas si simple. Et c'est pourquoi, malgré l'influence de la Logique, les grammairiens de l'Antiquité admettaient de plus ou moins bonne grâce que, outre les noms (surtout liés aux sujets)

, Mais pour ce qui nous concerne ici, ces particules jouent un rôle clé. En effet, nous constatons que, dans nos représentations du « lien entre le mot et la chose », le type longtemps tenu pour majeur donnait la belle part aux noms parce que les noms sont en effet, par leur position préférentielle dans les énoncés, associés à une fonction où ils sont définis ; et cela une fois identifié nous voyons aussi que complémentairement les verbes, associés à la contrepartie prédicative, proposent une théorie du signe où le sens n'est plus typiquement associé, disons-le ainsi, à une « image » mais à une « histoire ». Nous serions tentés d'en tirer une théorie binaire de la signification, opposant « image » et « histoire ». Les particules nous montrent que ce n'est pas suffisant, Ce tiers-état dans la grammaire, on les a souvent appelés 'les particules'. Certains grands grammairiens, anciens et modernes, leur ont fait un sort meilleur que de dire : « Après les noms et les verbes, c'est ce qui reste, 2017.