, qui, apprenant de Logistilla comment conduire l'hippogriffe, faisant sur l'animal une croisière de plaisance, découvre par hasard Angelica attachée au rocher, la libère du monstre marin, et lui donne l'anneau magique. Enflammé par la belle, il se prépare à la violer, mais grâce à l'anneau elle devient invisible. Bien plus tard encore (chant XII), par un caprice très adroit de l'auteur, Roland qui a entendu un cri s'écarte de son chemin, croit voir Angelica, Comme on voit, il n'est pas question d'Angelica dans toute cette affaire. C'est Ruggiero, retrouvé par nous plus loin (au chant X)

, Pour « compacter » son drame en trois actes, en dépit des adroites digressions du roman, Grazio Braccioli a dû remanier beaucoup ! Voici le résumé de Reinhard Strohm 15

. Le-pauvre and . Charmant-médor, Alcine invite Roland à rester mais Astolphe, amoureux envoûté, l'avertit du danger. Bradamante apparaît, à la recherche de Roger. Roland se souvient de la prophétie de Malagigi selon laquelle, s'il reprend à Alcine les cendres de Merlin, il sera heureux dans ses amours. Angélique, errant sur le rivage, entend un rescapé d'un naufrage ; elle vient à son aide, c'est Médor. Alcine le soigne avec des sortilèges, Alcine promet son aide à Angélique qui

, Alcine le fait boire à la fontaine d'amour, et il s'éprend d'elle. Bradamante, qui s'en aperçoit, intervient sans succès

, Astolphe cherche à avertir Roland, mais elle parvient à le renvoyer, entraîne Roland dans une caverne sans issue, dont il parvient pourtant à se sortir. Alcine, costumée en chasseresse, est à la recherche de Roger, qui est en train de se réconcilier avec Bradamante. Dans un paysage magnifique, Angélique et Médor célèbrent leur mariage, avec un choeur de chasseurs et Alcine, qu'ils plaignent d'avoir perdu Roger, Bradamante surprend une conversation entre Alcine et Astolphe et, en utilisant l'anneau qui la rend invisible, voit comment Alcine transforme Astolphe en myrte. Inversant le charme, elle délivre Astolphe

, Alcine ouvre le temple. Bradamante fait semblant d'être le guerrier Ardalice, cherchant de l'aide contre Roger. Mais Roland survient : atteint de folie, Astolphe

A. Angélique-passe-en-chantant, R. Furieux, and R. , Toujours déguisée en Ardalice, Bradamante apprend d'Alcine comment venir à bout du guerrier invulnérable qui garde les cendres de Merlin. Roger, Médor et Angélique discutent la fidélité et l'honneur, et Angélique espère emmener Médor dans son royaume. Roland, non sans courage, attaque Aronte, en croyant que la statue de Merlin est Angélique ; il déplace la statue, le temple disparaît avec tout le palais d'Alcine, et l'île est changée en désert. Roland s'endort. Alcine s'enfuit en essayant de tuer Roland, mais elle en est empêchée par Bradamante et Roger. Angélique et Médor sont arrêtés, et est doublée de celle de Bradamante, avec son Ruggiero courtisé par la sorcière Alcina -sorcière d'accord, mais bien charmante dans son joli paradis. Quand Haendel reprend l'histoire, il fait le ménage : plus d'Isabellla et Zerbino, qui voulait l'imiter, devient plus menaçant

. Au-fond, par exemple, à travers l'histoire du théâtre ? Oui et non. Non ce n'est pas différent, si l'on comprend qu'une histoire particulière fascinante attire continuellement l'attention, à la fois parce qu'elle demeure fascinante en soi (avec les limites qu'on sent à cet en-soi) et parce que les auteurs postérieurs veulent même sans le savoir se mesurer à ce qu'ont dit là-dessus leurs aînés. Certaines histoires semblent ainsi, est-ce si différent des innombrables versions successives 27 des Antigone

. Pourtant and . La-séduction-supposée-À-l'histoire-d'antigone, OEdipe, a subi bien des éclipses, et n'a pas du tout les mêmes implications en Inde ou au Mexique. La fascination est aussi une mode, et la mode vit aussi de ses disparitions. L'histoire d'Angelica et Medoro, ultra-connue pendant trois siècles en Europe occidentale -et pas seulement chez les savants : on en chantait des strophes avant même que l'Arioste ait

. Donc-oui, . Cette-exploitation-de-l'histoire-en-apparence-si-simple-d'angelica, and . Medoro, horrible harassement que l'abominable Orlando fait subir à la tendre beauté presque pas coupable, etc., reste très différente de la reprise fascinée d'un « mythe ». L'amour inattendu de la fille de l'empereur de Chine pour le piéton Médor, qui est brave mais pas un très grand prince, est une trouvaille de l'Arioste, qui avait ses idées à lui sur les très grands princes. Quand Ludovico Ariosto écrit son roman, il ne prétend pas manipuler des mythes inouïs et immortels, il raconte ses histoires avec une veine constante d'ironie aimable

. En-intervenant-en-douce, L. De-son-roman, and . Arioste, Ce qui rend crédible ce fait complémentaire : quand ces acteurs parlent, nous pouvons les entendre. Ses personnages ne sont pas les arguments de mythes puissants qui les dépassent, et auxquels ils prêtent leur nom. Ils ne sont ni OEdipe ni sa maman Jocaste, ni Antigone ou son frère. D'ailleurs, les histoires de famille sont très secondaires dans l'Orlando furioso

, Arioste, ne sont donc pas issus d'une fascination pour les mythes. Ils sont d'abord, me semble-t-il au croisement du plaisir et de la nécessité : c'est une histoire charmeuse, et on en a besoin. Mais il y a autre chose, qui explique peut-être que cette histoire soit à la fois centrale, La manipulation fébrile des intrigues, les innombrables « sauces » auxquelles on va mettre certains épisodes du roman de l

C. Fait-que-cette, le triangle Medoro-Angelica-Orlando n'est pas une histoire bovaryste d'insatisfaction bourgeoise et d'aspiration vers l'enivrement des bals

. Angelica-n'est-pas-une-«-femme-médiocre-»-qui-rêve, Elle a tout pour elle : la beauté, qui les rend tous fous, la lignée, qui rendrait jaloux trente pachas de Perse. Elle ne doit rien à personne -et la vérité est là : elle est le personnage le plus étonnant du roman

. Tout-le-monde-le-savait, Mais les fantaisies d'Angelica, son évitement du prince Orlando enflammé d'ardeur, sa passion pour le gentil Médor, permettent d'agréger des personnages et intrigues adventices. Même un Zoroastre ! On peut certainement rendre grâce à l'Arioste d'avoir ouvert cette possibilité, même si bien sûr on peut douter qu'il ait approuvé les transformations proprement magiques que ses imitateurs auront fait de son oeuvre, vol.28

R. Bioardo, texte source pour les calculs d'occurrences

. Ariosto, , 1711.

. Orlando and . De-braccioli,

A. L. Bellina and B. Brizi, Maria Grazia Pensa, 1982, I Libretti vivaldiani

A. Cioranescu, L'Arioste en France des origines à la fin du XVIIIe siècle, Editions des Presses modernes, vol.2, 1939.

J. Gallois, Haendel, Editions du Seuil (coll. Solfèges), 1980.

. Gorris-camos, , 2003.

N. Guidobaldi, La Réception de l'Orlando furioso dans l'édition musicale française après 1550, in R. Gorris-Camos (dir, pp.27-37, 2003.

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P. Kaminski, Mille et un opéras, Fayard, 2003.

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M. Paoli and M. Preti, 2012, L'Arioste et les arts, Louvre éditions

R. Strohm, The Operas of Antonio Vivaldi, Olschki, vol.2, 2008.

R. Ziosi, Le Roland furieux à travers les livrets d'opéra, Michel Paoli et Monica Preti (dir.), L'Arioste et les arts, Louvre éditions, pp.296-312, 2012.