, Au départ, nous avons différencié le « mode parole » du « mode récit », parce que c'est dans le « mode parole

, ) : le verbe est en tête et « connecté » à ce qui précède par la coordination wa-(il a alors l'allure d'un verbe au futur, quoiqu'il soit un passé), ou bien il n, En effet, quand nous examinons les situations de récit, hors des paroles, nous nous trouvons devant deux possibilités

. Toutefois, . Dans-la-bible-en, and . Particulier, il est fréquent que quelqu'un cite les paroles de quelqu'un d'autre (par exemple, Dieu fait des discours à Moïse, qui répète ces discours au peuple, et il en reprendra certains dans le Deutéronome, en se citant lui-même). L'autre raison est qu'il n'est pas rare que de longs discours se transforment aisément en véritables récits : c'est quelqu'un qui parle, oui, mais c'est un récit qu'il nous fait. La première raison pose le problème de ce qu'on appelle en grammaire le « style indirect » ; la seconde met en évidence la fragilité de la frontière entre « parole rapportée » et « discours suivi, le partage des deux « modes » n'est pas si simple, pour deux raisons. L'une

, Le discours indirect, la citation, et le statut de la parole On appelle 'discours indirect' une série d'énoncés annoncés comme oraux, mais qui ne le sont plus

. C'est-la-différence-entre-;-«-demain and . Et, Joseph vient de me dire que, demain, il sera en vacances ». Dans la parole rapportée par autrui, la personne qui disait « je » est devenue une 3e personne. En outre, remarquons que mon exemple ici cite Joseph peu après qu'il a parlé. Si j'attendais quelques jours, je devrais dire quelque chose comme « Joseph m'a(avait) dit que, le lendemain, il serait en vacances », où le mode conditionnel dans la subordonnée ne note aucune réserve, mais simplement le « futur dans le passé, ce dernier cas, tous les éléments qui étaient évidents pour Joseph quand il a parlé

, épisode de la Tour de Babel, par exemple, on nous raconte que les hommes, qui jusqu'alors parlaient tous la même langue, migrent vers l'Ouest. Puis ils trouvent un endroit convenable pour leur projet. Mais, au lieu de nous dire « les hommes décidèrent alors de bâtir une ville, Le discours indirect n'est pas dans les habitudes bibliques, vol.11, pp.3-4

, Ils se dirent l'un à l'autre « Allons, briquetons des briques et flambons-les à la flambée ! » La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier

, Puis ils dirent : « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour (?)

, a?èr ?ivvah ètekèm la-'a?ôt, 'a?èrèt ha-debarîm que il ordonna à vous de faire, les dix paroles 16 wa-yiktebém 'al ?enéy lu?ôt abanîm. et-écrivit sur deux tables en pierre

, Le début est très abrupt et Rachi expliquait à propos de « jour » que c'était la suite de l'injonction divine du verset qui précède, où Dieu (par la voix de Moïse) recommande de ne pas oublier ce qui s'est passé, ni ceci, ni cela

P. La-partie, puis un verbe au futur a?mi'ém 'je leur ferai entendre' dont dépendent les propositions suivantes qui sont à des niveaux différents. Deux propositions (n° 5 et 7) indiquent le contenu des futures paroles de Dieu, tandis qu'un énoncé intermédiaire (n°6) concerne 'les jours' qui se comportent comme l'antécédent d'une proposition relative. Mais cette partie du discours de Dieu à Moïse (lui confiant ce qu'il allait dire au peuple) fait partie d'un mémorandum de l'événement, et c'est ce que nous retrouvons dans les segments n°8 à 16, Cette fois nous trouvons les verbes connectés du récit au passé. A l'intérieur du suivi narratif qu'assurent les verbes connectés, nous trouvons (n°10, pp.12-13

, Ceci confirme ce que nous devions conclure de la section précédente (6.2.) : la parole, ce n'est pas tellement ce qui est « prononcé par quelqu'un » que ce qui « fait un échange », car quelqu'un qui parle -comme nous le voyons bien dans le Deutéronome, où Moïse parle tout le temps -peut parfaitement faire un discours, un récit, réciter une épopée? à l'intérieur de laquelle nous entendrons tantôt le récitant-narrateur qui raconte ce qui se passe

, Pour conclure cette expédition biblique, bien sûr très courte (beaucoup d'autres passages ou épisodes pourraient être mis en vedette), nous pouvons faire les constats suivants

, Il existe une différence formelle entre d'une part le « mode récit » dont l'architecture est un suivi en « verbes connectés

, 2a/ Ce dernier n'est pas tellement caractérisé par le fait que quelqu'un parle, car parfois cette parole devient un long discours qui se glisse dans l'uniforme du récit, mais plutôt par le fait de la conversation : l'émergence du « je

. /-c', est ce qui explique d'un côté que, dans des passages où quelqu'un « parle », nous puissions voir s'installer l'architecture du récit suivi décrite ci-dessus

, dans ces discours de quelqu'un qui est tout à fait susceptible d'envisager des événements à venir, il ait fallu mettre au point un second « mode du récit

. Le and . Distinguer, au plan grammatical, le « mode récit » avec ses « verbes connectés » spéciaux à l'allure inverse de ce qu'on attendrait, et le « mode parlé » qu'il faut donc plutôt voir comme un « mode dialogal

. Ce-«-mode-récit-»-ou, ), la forme grammaticale particulière du « verbe connecté » repose sur un emploi spécial d'une forme ancienne qui, en hébreu, n'a survécu historiquement que là. On a d'autres exemples de cette « forme connectée », mais assez rares, Si Bergsträsser a raison

, Le corpus biblique semble avoir été le seul à utiliser « en grand » cette technique narrative particulière et, lorsqu'on en examine chaque détail, il est prudent de se souvenir que le corpus biblique est assez divers, et que la technique en question a pu être manipulée de façons diverses

, Quoi qu'il en soit, il est certain que le style post-biblique, notamment à partir de la Mishna à l'époque alexandrine, délaisseront ce qui pouvait apparaître à la fois comme un trait archaïque, spécifique du « texte sacré

, Chose impossible auparavant, du moins dans le corpus biblique, on y trouve souvent des verbes au passé commençant une phrase ! Ainsi : amartî anî ba-libbî 'je me suis dit en mon coeur' (3, 18) ou encore : yada'tî kî éyn ?ôb bam 'j'ai compris qu'il n'y a rien de mieux pour eux (les hommes, que d'être heureux)' (3, 12) etc. Notez qu'aucun mot de liaison ne précède ces verbes déclaratifs à la 1re personne, A vrai dire l'Ecclésiaste déjà 11 , un des derniers textes à avoir été accepté dans le corpus biblique, et non sans beaucoup d'hésitations dont on trouve l'écho dans le Talmud

, Cet ouvrage, la révision par T. Muraoka de la Grammaire de l'hébreu biblique de Paul Joüon, renvoie dans les notes à de nombreux autres travaux, Sur ces questions, qui ont été fréquemment et longuement débattues, on veut voir P. Joüon & T. Muraoka, vol.117, pp.83-94, 1986.

, C'est ce que j'ai décrit dans un article 'Grammaticalisation du cadre narratif. L'exemple de la prose biblique

U. , est celui de 2Rois 21-25, où l'on trouve des verbes au passé après coordination, mais sans que le temps soit « inversé, Linguistic Dating of Biblical Texts, vol.2, pp.150-155, 2016.

. Vincennes, 12 décembre 2019 version 2c, une note ajoutée